Cinquante : c’est le nombre de puces de la famille Core de 12e génération qu’Intel présente aujourd’hui – puces pour PC grand public et pour les machines professionnelles (vPRO). Annoncée l’an dernier et vantée comme « le plus grand saut de performance de l’architecture x86 depuis dix ans », cette 12e gen est une grande première dans le monde des processeurs de PC. Car pour la première fois dans l’univers x86 – représenté par Intel et AMD – toute une gamme de puces est animée par deux types de cœurs CPU différents : les Performance Cores (notés P) et les Efficiency Cores (notés E).
Si cela vous rappelle quelque chose, c’est normal, il s’agit peu ou prou de l’organisation de type big.LITTLE qui anime les puces ARM que l’on retrouve dans les smartphones et tablettes. Des petits cœurs à basse consommation et forts en parallélisation pour s’occuper des tâches de fond ou décharger les gros cœurs en cas de « coup de bourre », et de gros cœurs qui doivent justement déployer rapidement toute leur puissance pour les applications les plus intensives.
Et pour gérer tout ça, un chef d’orchestre appelé « Thred Director » qui analyse les besoins en temps réel et distribue les tâches. Prometteuse notamment dans le domaine mobile, cette architecture est cependant complexe sur le papier et nous attendons de voir ce qu’elle donnera en pratique – et surtout ce qu’elle donnera face à AMD qui critique cet usage de « petits » cœurs pour se concentrer uniquement sur de « gros cœurs ».
Mais avant d’avoir les premiers PC, fixes comme mobiles, dans nos mains, petit tout de l’incroyable gamme lancée d’un seul bloc pas Intel.
Gamme pour PC fixes : atout gaming et création
Après avoir lancé six références plutôt très haut de gamme en octobre dernier, Intel sors l’artillerie lourde pour cette fournée CES et déploie 22 puces différentes allant du petit Celeron G6900T au Core i9-12900. Qui dit architecture complètement nouvelle, dit nouveau socket – l’emplacement où l’on enfiche le processeur. Comme pour les six précédentes références, le socket LGA 1700 impose, par rebond, de nouveaux formats de dissipateurs.
Dans les versions « boîte » des processeurs, les consommateurs trouveront des ventirads d’Intel (dissipateur thermique + ventilateur) appelés « Laminar », dont la version Core i9 sera plus performante et… équipée de LED RGB (misère).
La gamme est composée de deux « sous-gammes » : les puces entre 46W et 65W de croisière (ces dernières montant quand même à 202W en mode charge), et les puces à suffixe « T », moins performantes, toutes calées sur 35W. Pour ajouter au chaos, notez que seules les puces les plus performantes (Core i9 et i7) reçoivent les cœurs à basse consommation (E-Core) ce qui est assez contre-intuitif : d’aucuns auraient pensé que tout le monde profite des E-Core et que la différence se fasse surtout sur le nombre des cœurs puissants…
Sur les 22 références de puces pour PC tour, il est important de noter que seules 4 d’entre elles -celles qui sont affublées du suffixe « -F »- sont dépourvues de partie graphique (présente, mais désactivée en usine). En pleine pénurie de cartes graphiques, voilà une très bonne chose. N’attendez cependant pas les mêmes performances que pour les puces mobiles.
Car bien que le GPU intégré soit bien basé sur la puce graphique Xe-LP, les puces mobiles intègrent jusqu’à 96 EU (les unités d’exécution). Mais les processeurs pour PC de bureau sont limités, au mieux, à 32 EU (UHD Graphics 770). Pas de quoi jouer confortablement en 1080p, mais déjà suffisant pour utiliser un système d’exploitation et profiter d’une accélération multimédia confortable.
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On a pris l’habitude de lire les spécifications des processeurs en multipliant simplement le nombre de cœurs par deux pour obtenir celui des threads. Il y a du changement avec cette génération. Pas sur l’entrée de gamme, mais à partir des Core i7, ça se complique. Car il faut savoir que seuls les cœurs à haute performante (P-Cores, donc) sont capables de gérer deux tâches à la fois (on parle de multithreading).
Il n’y a donc pas un rapport automatique entre le nombre de cœurs et le nombre de threads. C’est pourquoi Intel communique sur le nombre de cœurs physiques total (P + E), puis sur le nombre de threads. Ainsi, le Core i7 12700 affiche 12 cœurs, mais « seulement » 20 threads (tâches). Car la puce est composée de 8 P-Cores (donc 16 tâches) et de 4 E-Cores (4 tâches).
Côté performances annoncées, si les mesures des constructeur sont toujours à prendre avec des pincettes (et jamais satisfaisantes en termes de comparaisons choisies), il faut tout de même noter que le Core i5 12600 est particulièrement mis en avant par Intel. Qui le compare plusieurs fois à un AMD Ryzen 7 5700G, ce qui peut sembler étrange puisqu’il appartient, théoriquement, à une gamme supérieure (AMD aligne ses 3-5-7-9 sur Intel). Or, dans les comparaisons d’Intel, entre ces deux puces équipées de partie graphique, le Core i5 12600 met clairement la misère à la puce d’AMD, notamment en création (Lightroom, Premiere, etc.). Une fois encore, il faut raison garder et attendre les tests, mais Intel semble très content de sa fournée de puces.
H,P et U : les trois gammes de Core mobiles de 12e gen
Contrairement à la plateforme desktop, aucune référence de Core 12e gen n’avait été lancé fin 2021 : cette fournée 2022 représente donc les 28 premiers SoC mobiles disponibles. Ici, moins de pièges pour compter les cœurs puisque, mobilité oblige, les E-Cores à basse consommation sont toujours de la partie – sur les 28 références, seules 5 sont équipées de seulement 4 E-Cores, le reste fonctionnant de série avec 8 de ces cœurs dits « efficaces ».
Alors qu’Intel sépare parfois le lancement de ses puces hautes performances (H) de ses puces plus mobiles (P) et ultramobiles (U), ici ce sont les trois familles qui sont présentées d’un coup.
Pour les gamers et les créatifs, on a donc droit à la gamme H, des puces qui vont du Core i5 et au Core i9 (pas de petit joueur type Core i3 dans cette famille !). Des puces qui sont toutes calibrées à 45W, mais qui peuvent tirer à la prise, en cas de rendu vidéo ou de gaming intense, jusqu’à 115W (gare à la dissipation thermique). La fréquence maximale des P-Core, si chère au gamers, va de 4,4 GHz à (Core i5-12450H) à 5 GHz (Core i9-12900HK), ce qui permet à Intel de revendiquer la couronne des performances gaming (et création) sur mobile par rapport à la génération AMD Ryzen précédente.
Pour les PC portables plus compacts et plus traditionnels, comme les Dell XPS 13, toute la génération est taillée à 28W, mais là encore, un (ou plusieurs ?) P-Core peut monter jusqu’à 4,8 GHz. Couplé à la carte graphique Xe, allant ici de 64 à 96 EU, on imagine clairement pouvoir jouer, sur un PC portable de 13-14 pouces pesant aux alentours de 1,3 kilogramme, à tous les jeux à plus de 30 fps en 720-1080p avec un niveau détails moyen à bas. Inimaginable il y a trois ans !
Pour les plates-formes les plus fines et/ou endurantes, la gamme des puces mobile « U » s’affiche à seulement 15W, voire 9W. Détail intéressant qu’il faudra tester : les deux références haut de gamme en 15W disposent de P-Cores pouvant être poussés à 4,7/4,8 GHz et embarquent aussi une puce Xe à 96 EU. Si la montée en fréquence sera logiquement moins tenue dans le temps, on pourrait cependant pouvoir commencer à jouer ou faire de l’encodage 4K sur des machines en dessous d’un kilogramme… si les constructeurs ne brident pas trop les puces et si les châssis le permettent !
Apple n’est plus tabou
Côté comparaison de performances, pour la première fois, Intel inclus les puces Apple M1 dans certaines confrontations (uniquement avec les puces mobiles H). Mais il y a un « mais » : tous les PC comparés avec les Mac sont équipés de RTX3080 de chez Nvidia.
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Si la comparaison est intéressante à prix constant – la montée en puissance des puces Apple (et incidemment, les ordinateurs) coûte cher – les M1X et M1 Pro devraient largement conserver l’avantage des performances par watt. Ainsi que la palme de la puissance pure sur batterie. Il reste à voir le rapport qualité prix des machines – et connaître, donc, le tarif OEM de ces nouveaux processeurs.
Contrairement à Apple, Intel ne vend pas des machines, mais bien des processeurs que les constructeurs ont la charge d’intégrer dans leurs PC. Pour organiser tout ce beau monde et faire en sorte que ses promesses ne soient pas bafouées par des constructeurs prêts à rogner sur les composants, Intel prolonge son programme EVO.
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Un certificat de qualité qui garantit que toute machine portant un tel badge répond aux normes et a été testé par Intel – garanties de durée de vie de la batterie, réveil instantané, Wi-Fi 6, recharge rapide, etc.
Deux nouveautés notables dans cette certification. Primo, même les puces H – qui sont désormais alignées sur les autres en termes de finesse de gravure (Intel 7 soit du 10 nm SuperFin) – font partie du programme.
Ensuite, la certification EVO de 12e génération apporte le Wi-Fi 6E, des outils logiciels de gestion du réseau (priorité au travail et à la vidéoconférence), une webcam au minimum en Full HD, la suppression logicielle intégrée des bruits de fond pour la visio, etc. Souvent parent pauvre des annonces produit au profit des performances pures, du nombre de cœurs, de la consommation énergétique, etc. dans la presse spécialisée – et nous sommes ici tout aussi fautifs que les autres ! – ces améliorations plus discrètes sont pourtant celles qui, au quotidien, peuvent faire la différence entre un bon et un excellent PC portable.
Difficile de se faire une idée de la compétitivité de ces puces de 12e génération sans avoir pu toucher de machine ainsi équipée et sans avoir eu vent des annonces de chez AMD. Mais une chose est sûre : le fait qu’Intel ait réussi à aligner la conception (nature des cœurs) et la production (Intel 7) de toutes ses puces montre que son architecture de « briques » primordiales est capable de sacrément monter en puissance – les puces vont de 9W à 125W (donc de 29W à 241W en mode turbo) ! Vivement la confrontation avec AMD… et Apple.
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