L’application Instagram est désormais disponible sur Android, pour la version 2.2 et supérieure, et a déjà été mise à jour. A la différence de la version iOS, sur Android, il n’est pas possible pour l’instant de voir les effets appliqués en temps réel et la fonction TiltShift est également absente. Mais Instagram n’est pas n’importe quelle application, c’est un vrai phénomène. Son principe a déjà séduit près de 30 millions d’utilisateurs. Il faut dire que derrière la simplicité apparente de son offre se cache un double attrait.
Celui de prendre des photos à tout moment avec son smartphone avant de leur appliquer un filtre artistique, à connotation nostalgico-argentique, parmi la grosse quinzaine disponible (Lo-Fi, Earlybird, X-pro II, Hefe, etc.).
Ces filtres jouent pour beaucoup dans le succès de l’application, il suffit de voir les commentaires des utilisateurs à chaque mise à jour qui les modifie ou en fait disparaître un. Il suffit aussi de savoir que certains photoreporters professionnels travaillent désormais exclusivement avec leur iPhone et Instagram, y compris pour des commandes pour de grands quotidiens américains, ce qui n’est pas sans poser quelques questions déontologiques d’ailleurs (une photo filtrée, esthétisée et mise en scène est-elle toujours un témoignage objectif ?).
Communauté photographique
Mais le deuxième effet, l’effet 2.0, qui a fait le succès d’Instagram, est sa dimension communautaire. Chaque photo que vous prenez est postée en ligne sur Facebook et sur Twitter, si vous le souhaitez. Dès lors, pour peu que vous utilisiez les bons tags et ayez un bon carnet de contacts, vous allez rapidement être suivis par de nombreuses personnes qui aimeront vos photos et les feront ainsi connaître à ceux qui les suivent. Effet boule de neige sociale garanti.
L’arrivée sur Android va ouvrir tout grand les portes de ce service et de cette application à un parc très conséquent de nouveaux utilisateurs, le nombre de smartphones sous Android activés étant plus de deux fois supérieurs à celui des iPhone, selon les dernières études en date. D’autant que, selon Instagram, 430 000 utilisateurs d’Android auraient signifié leur intérêt pour une version de l’application exécutable sur leur smartphone.
L’interface d’Instagram sous Android est quasi identique à celle sous iOS.
Modèle économique
Instagram est donc une sorte de success story, qui ne semble pas près de s’arrêter. La petite structure de 13 employés vient de boucler une nouvelle levée de fonds d’environ 40 millions de dollars, ce qui porterait sa valorisation totale à près de 500 millions de dollars.
Pour autant, une question se pose, celle du modèle économique d’Instagram. Jusqu’à présent, la société a trouvé des investisseurs sur la seule justification de sa croissance et de sa position de référent sur ce secteur – une position renforcée par son accord récent avec un autre service similaire mais partiellement payant Hipstamatic. Pour autant, la gratuité du service entraîne de nombreuses questions sur son modèle économique, sa pérennité ou la manière dont ses fondateurs vont « monétiser » leur travail. Les journalistes qui ne se sont risqués à les interroger de vive voix n’ont pas obtenu de réponse. Pas plus que nous qui avons tenté de leur poser la question par mails interposés.
On pourrait dès lors se dire qu’Instagram est encore en phase d’acquisition d’audience, ce qui est vrai, et que le modèle économique arrivera plus tard. Pour autant, cette situation de flou autour du modèle économique pourrait devenir préoccupante pour les financiers, certains investisseurs originels n’ayant pas souhaité poursuivre l’aventure, pour cette même raison, mais également pour les utilisateurs. Le cas de Twitter, autre géant gratuit, peut résonner comme un avertissement à nos oreilles.
Des pistes pour l’avenir ?
Dans la FAQ du site d’Instagram, à la question « Comment allez-vous faire de l’argent ? », on peut lire que la société pense continuer à fournir gratuitement le « cœur de leur produit », mais qu’il est envisageable de faire payer des filtres spéciaux. « Quoi qu’il en soit, (Instagram) pense essayer différents modèles au fil de leur croissance et de leur apprentissage de ce qui apporte une valeur spécial à la communauté. » Un début de réponse, mais tout cela reste assez flou malgré tout. On obtient une vision des possibles un peu plus précise. Dans ses conditions d’utilisation, Instagram déclare clairement ne prétendre à aucun droit de propriété sur les textes, fichiers, images, photos, vidéos, sons (…) qui sont postés ou passent via les services d’Instagram.
Service de photos filtrées, Instagram pourrait ajouter d’autres cordes à son arc. Pour autant, c’est la suite de ces conditions qui retient l’attention. Les utilisateurs garantissent en effet à Instagram « un droit limité, non exclusif, dégagé d’obligation de paiement et de royalties, pour le monde entier, d’utiliser, de modifier (…) de reproduire ou de traduire le “contenu” (…) sur n’importe type de formats et via n’importe quel canal médiatique. » Des banques d’images ? Des livres d’art ? Des recommandations publicitaires. Tout est dès lors envisageable.
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