Quelques heures après avoir annoncé son rachat du Netflix du magazine, Apple est sorti de son silence pour dévoiler quelques informations sur sa stratégie média. Par la voix d’Eddy Cue, son vice-président aux services, invité du SXSW d’Austin, la société de Cupertino a expliqué comment Apple News doit devenir un portail d’informations fiables et pourquoi ses productions originales peinent à démarrer.
Texture va rejoindre Apple News
On s’en doutait et c’est désormais confirmé, l’abonnement Texture offrant un accès illimité à 200 magazines pour une dizaine de dollars par mois va rejoindre l’application Apple News. Pour la première fois depuis sa création, l’agrégateur de contenus d’Apple va proposer des articles payants.
Les éditeurs qui ont rencontré quelques problèmes lors des négociations avec Facebook sur la mise à disposition d’articles réservés aux abonnés apprécieront sans doute.
Grâce à cette ouverture, Apple devrait enrichir son portail d’informations et attirer un plus grand nombre de médias. Le géant américain peut ainsi espérer devenir un des principaux canaux de distribution de la presse numérique.
Pour l’instant seulement disponible aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, Apple News est une application iOS permettant d’accéder à des centaines de médias à un seul endroit. Le service apprend à connaître son utilisateur pour lui proposer des articles « de qualité » sur un sujet, tout en lui permettant d’approfondir avec des articles signés d’autres sources. « Nous lisons beaucoup de choses sur les fausses informations et c’est un problème » a affirmé Eddy Cue, pour qui lutter contre le phénomène doit être une des missions d’Apple.
Interrogé sur la partialité de Cupertino sur l’information, Eddy Cue a fait remarquer qu’il recevait beaucoup de mails accusant Apple News « d’être trop de gauche » et d’autres « d’être trop de droite ». Un équilibre qui semble convenir au monsieur services d’Apple.
Apple, sans Netflix mais avec ambition
Même si la rumeur est récurrente depuis plusieurs mois, Apple ne devrait pas racheter Netflix. Selon Eddy Cue, le géant américain a plus pour habitude d’acheter des petites entreprises, il est à la recherche du prochain gros succès et ne cherche pas vraiment à acheter des entités déjà puissantes et installées.
Une assertion qui soulève néanmoins quelques incohérences. On se rappelle des déclarations de Tim Cook sur les grosses acquisitions prévues par la marque en 2018 ou du rachat de Beats en 2014, qui était déjà une entreprise importante.
À défaut de vouloir racheter Netflix, Cue a rappelé les récents investissements d’Apple dans la production de contenu original, affirmant privilégier la qualité à la quantité. « Nous espérons raconter des histoires de qualité », disait-il. Le représentant du géant de Cupertino allait même plus loin, selon lui, sa société va investir lourdement dans le divertissement.
Pour rappel, Apple a récemment acheté les droits d’une série TV avec Jennifer Aniston ou a recruté le réalisateur oscarisé de La La Land, Damien Chazelle. Preuve que l’entreprise entend aller plus loin que les mini-séries à la Carpool Karaoke.
Pour justifier les démarrages compliqués de la marque dans le monde audiovisuel, Eddy Cue a déclaré : « On ne connaissait rien à la télévision », avant d’expliquer qu’il a fallu plus de deux ans pour monter la bonne équipe, désormais dirigée par deux anciens pontes de Sony Television.
Le boss des services d’Apple ajoute également un détail intéressant. Apple se préparerait à innover technologiquement au lancement de son service de contenus vidéos, en proposant une « surprise ». Une déclaration qui laisse imaginer que les contenus seront séparés d’Apple Music.
Apple Music a 38 millions d’abonnés
A ce sujet, Eddy Cue a communiqué le nombre mis à jour d’abonnés Apple Music, le portant de 36 à 38 millions. C’est bien, mais c’est loin des 71 millions d’abonnés payants de Spotify. Avec 500 millions de visiteurs quotidiens dans l’App Store, Eddy Cue se dit optimiste quant au futur d’Apple Music, affirmant qu’il reste des millions d’utilisateurs potentiels à séduire. L’homme fait remarquer que l’écart entre les personnes qui gagnent assez pour se payer un abonnement et ceux qui le font est suffisamment élevé pour supposer qu’Apple Music n’est qu’à ses débuts.
Extrêmement lié au sujet Apple Music, le HomePod. Le journaliste de CNN qui interviewait Eddy Cue supposait son lancement raté. Eddy Cue s’est dit très heureux du démarrage de l’enceinte intelligente d’Apple. « Nous ne construisons pas une centaine de produits. Nous mettons toute notre énergie derrière quelques trucs. ». Pour rappel, l’enceinte HomePod devrait être disponible au printemps en France.
Apple ne gagne pas d’argent sur la publicité
Trois piliers d’un empire médiatique émergeant. Celui de la musique est installé de longue date même s’il évolue, mais l’information et les divertissements vidéos en sont encore à leurs débuts. Sur ce dernier point, Google est très en avance avec YouTube, notamment.
Mais Apple à une carte intéressante à jouer, celle de son modèle économique. Interrogé sur les possibles futures législations en terme de confidentialité, Eddy Cue a eu beau jeu d’entonner l’habituel couplet de l’entreprise qui se distingue de la concurrence en précisant : « On ne gagne pas notre argent sur la publicité ». Une réalité claire qui a pour corollaire immédiat de ne pas transformer les données des utilisateurs en éléments stratégiques et monétisables.
Pour le vice-président d’Apple, d’autres entreprises ne respectent pas leurs clients et sont irresponsables dans la gestion des données privées. A ses yeux, Apple est plutôt exemplaire et s’est posé les questions de vie privée avant même que les utilisateurs ne commencent à s’en soucier. Il faudra désormais voir si cette politique honorable restera inchangé quand les services occuperont une part plus importante de l’activité et des revenus d’Apple.
Source :
9to5mac
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