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” Informaticien : bricoleur, artisan ou industriel ? “

Une enquête menée en 2000 au niveau mondial a donné des résultats stupéfiants : 95 % des informaticiens font… du sur-mesure, et 5 % seulement construisent…

Une enquête menée en 2000 au niveau mondial a donné des résultats stupéfiants : 95 % des informaticiens font… du sur-mesure, et 5 % seulement construisent des produits destinés à la vente ! Ces 95 % regroupent tous ceux qui travaillent à l’installation d’un logiciel qui sera utilisé dans une seule entreprise. Vos cinquante informaticiens internes, épaulés par vingt salariés d’une SSII, qui mettent trois ans pour installer un PGI font partie de ce groupe. Traduit dans le secteur automobile, cela signifierait que 5 % des salariés travaillent chez PSA ou chez Mercedes et que 95 % sont dans les ateliers de montage des clients ou chez les garagistes. Parlerait-on, dans ce cas, d’une “industrie” automobile ?Ce constat inquiétant amène à classer les informaticiens en trois familles : les bricoleurs, les artisans et les industriels. Cela ne met pas en cause la qualité des informaticiens : ce sont de vrais professionnels, compétents. Le drame vient du fait qu’on leur demande de réaliser des tâches indignes de leur potentiel, avec des outils ridicules. C’est ce professionnalisme qui leur permet, malgré tout, de construire des systèmes d’information raisonnablement performants. Souvent, à la fin d’une journée de travail sans challenges, consacrée à l’énième adaptation d’un progiciel comptable, ils vont s’éclater intellectuellement en apportant leur pierre à un projet open source, écrivant des programmes d’une qualité et d’une élégance reconnues à leur juste valeur par leurs pairs, partageant leur passion pour “la belle ouvrage”. Une majorité d’informaticiens bricolent, équipés d’outils inadaptés, courant d’une urgence à l’autre pour corriger un bogue ?” bien sûr, sans outil de test ?” ou pour chercher l’origine d’un plantage ?” sans l’aide d’un analyseur de performances.Quelques “happy few” exercent le noble métier d’artisan informaticien, disposant du temps, des outils et des ressources nécessaires pour construire des systèmes d’information de haute qualité, véritables chefs-d’?”uvre parfaitement adaptés aux attentes de leurs clients… fortunés.Restent les rares informaticiens industriels qui construisent des systèmes d’information robustes et fiables en s’appuyant sur des composants prêts à l’emploi. Leur démarche s’apparente à celle du concepteur d’un PC qui construit une carte mère spécifique, à laquelle il ajoute un disque dur IBM, un lecteur de DVD Panasonic et des centaines de pièces moins nobles mais indispensables. Faire rapidement basculer la majorité des informaticiens de la classe des bricoleurs vers celle des industriels est possible. Les outils professionnels existent : la plate-forme de développement open source Eclipse, d’origine VisualEdge, d’IBM, en est une bonne illustration. Les composants logiciels actuels, progiciels web, bureautique portail, décisionnel ou groupware couvrent déjà 70 % des besoins des entreprises.Et de nouveaux, tels les Webservices, vont enrichir ce catalogue de composants industriels prêts à l’emploi. Un gros frein subsiste, d’ordre culturel : ennoblir ce métier d’informaticien industriel, fournissant dans les délais et les budgets annoncés des SI de qualité. Quand, à la question “Quel est votre métier ? “, la réponse sera “Je suis un industriel du logiciel, et jen suis fier “, nous aurons gagné !(*) [email protected]

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Louis Naugès