L’objectif : trouver les perles qui seront rapidement valorisées à plusieurs dizaines de fois la mise initiale. Les start-up y trouvent bien évidemment leur compte, bien qu’elles ne soient pas dupes de la motivation première de leurs anges gardiens.Depuis le début de l’année, une demi-douzaine de projets de ce genre ont ainsi vu le jour. L’agence interactive B2L a, par exemple, annoncé Défi start-up (spécialiste du capital d’amorçage, créée en 1998 par Jean-Luc Rivoire et Antoine Decitre), lancée au même moment et un rien plus avancée puisqu’elle assure héberger déjà six start-up dans des locaux de 5 000 mètres carrés en plein Sentier parisien. Défi start-up travaille sur le projet avec la participation du fonds de capital-risque Mars capital et du business angel Jean-Marie Hullot.Ajoutons l’incubateur de la Republic Alley, initié par Laurent Edel, un ancien de l’Atelier de veille technologique de Paribas, qui lève actuellement des fonds et libère plusieurs milliers de mètres carrés dans la rue du Faubourg du Temple à cet effet.
Ou encore Kangaroo Village, initié par Philippe Hayat, également sur les rangs avec une équipe de six personnes à temps plein ?” tous d’anciens chefs d’entreprise ?” et deux hôtels particuliers situés dans le VIIIe près de l’église Saint-Augustin. Sans parler de tous les projets encore dans les cartons et qui prendront corps au printemps.Traiter davantage de projets de start-up en même tempsL’incubateur, c’est en effet la dernière mode du Net français. Pourquoi ? Parce que ces business angels et autres spécialistes du fonds d’amorçage ?” cet argent insufflé dans la start-up à ses toutes premières semaines d’existence ?” ont tous le même souhait : trouver un moyen de traiter davantage de projets de start-up en même temps.L’incubateur est en quelque sorte le passage à la vitesse supérieure du rôle de business angels. ” J’ai investi dans quinze start-up en huit mois, explique Patrick Robin, business angel notoire, qui participe à l’incubateur de Défi start-up, et par ailleurs, est le président d’Imaginet (propriété de Colt Telecom). Je préfère qu’on m’appelle start-up lover. Le terme business angel n’a pas de sens. Je n’ai jamais rencontré d’anges dans le business. Ce mot est complètement galvaudé. Aujourd’hui, quiconque a son plan d’épargne en actions et un ticket dans une start-up se déclare business angel. Le métier de business angel est en train de se transformer en celui d’opérateur d’incubateur. L’incubateur est une manière de structurer l’activité du business angel. “
C’est en tout cas tout bénéfice pour les porteurs d’idées et autres créateurs de start-up. Les incubateurs leur promettent en effet une véritable “rampe de lancement “, comme l’explique Jean-Luc Rivoire.Des équipes de ” pouponneurs “Ainsi, B2L assure pouvoir sortir un projet en trois mois pour une société B-to-C (business to consumer) et six mois pour un projet de B-to-B (business to business). Défi Start-up accompagnera ses poulains jusqu’au deuxième tour de table, en à peu près douze mois.
La première tâche de l’incubateur : choisir un immeuble où entasser les jeunes sociétés Internet sur lesquelles on a misé. Ensuite, accélérer la croissance de ses jeunes poulains en mettant en place des structures d’accompagnement et de conseil.Les incubateurs ont ainsi prévu de recruter des équipes de ” pouponneurs ” chargés de porter à bout de bras les start-up. Direction financière, ressources humaines, conseil juridique sont autant de moyens partagés par tous les pensionnaires. Chacun de ceux-ci a également droit à un chef de projet dédié qui le seconde auprès des investisseurs et des premiers prospects, lors du lancement du site Web…“Ces chefs de projet ont signé un contrat de travail avec l’incubateur avec des clauses qui les empêchent de rejoindre trop vite l’équipe de leur start-up “, précise toutefois Jean-Luc Rivoire, de Défi start-up.
Autre avantage pour les pensionnaires : vivre entre soi, au sein d’une chaude ambiance de travail, crée des liens. Qui peuvent prendre la forme de partenariats commerciaux, du genre “Je t’achète des bannières de pub et, en échange, tu m’affilies.”Le traitement de faveur de l’incubateur n’est pas sans contrepartie. Cela passe évidemment en premier lieu par une prise de participation dans le capital de la start-up. 1QB, par exemple, précise qu’elle ne prendra pas plus de 10 % du capital de ses protégées. Chez Défi start-up, il s’agira d’une participation significative (“plus de 5 % du capital”). Car les incubateurs agissent, bien sûr, comme des financiers. “Nous investissons en amorçage et nous nous rémunérons en prenant une part de leur capital. Nous avons donc le même profil de risque que les sociétés que nous hébergeons : si elles ont une valeur, nous aussi “, résume Jean-Luc Rivoire.
Deuxième condition souvent implicite : le passage obligé par des sociétés de services dépendantes des incubateurs ou proches d’elles. Ainsi, les start-up d’1QB travailleront avec… B2L. Celles de Fi System, société de service spécialisée dans les technologies Web qui a créé en novembre son incubateur, Webstartup, doivent également s’appuyer sur l’expertise de Fi System .Une formule qui laisse certains sceptiquesEt les start-up, qu’en pensent-elles ? Certaines sont sceptiques, à l’instar de Grégoire Cusin Berche, de dokidok.com : “Le phénomène des incubateurs me laisse un peu sceptique. Ce qui fait la qualité d’un projet, c’est l’équipe, pas les soins qu’on peut lui prodiguer dans une pareille structure.” Reste que la formule plaît et que les premiers incubateurs reçoivent beaucoup de candidatures. “Nous ne garderons que 10 % des deux cents à deux cent cinquante dossiers qu’on nous envoie tous les mois “, précise Jean-Luc Rivoire.Et déjà, la concurrence est forte entre ces usines à start-up. En effet, le succès pour tous ces business angels d’un nouveau genre sera de trouver les perles rares grâce auxquelles ils pourront décupler leur mise de départ. Il faut donc trouver les meilleurs dossiers possibles. Chez B2L, on parie sur le réseau des sociétés de conseil et sur les relations des créateurs avec le microcosme Internet (B2L co-organise les Networking Tuesdays). Quant à Défi start-up, elle bénéficie d’un bon relais auprès des écoles dingénieurs et de commerce. Utile pour repérer les créateurs de start-up en herbe !
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