L’histoire d’iMediation illustre une stratégie de développement éclair qui a mal fini. Son succès reposait sur une introduction en Bourse à court terme. Le plan de marche prévoyait une levée de fonds massive, avec laquelle la start up aurait procédé aux achats techno- logiques nécessaires pour concrétiser ses ambitions. iMediation se rêvait éditeur d’une plate-forme complète de commerce électronique collaboratif ?” de la prise de commandes à la gestion des marques en ligne. “Avec plus de moyens, nous aurions pu jouer le rôle de consolidateur”, indique son PDG, Didier Benchimol. Ce rôle sera finalement dévolu à son repreneur, l’éditeur Haht Commerce.
La société aurait pu valoir 600 millions d’euros
Les premiers pas d’iMediation ne laissaient absolument pas présager une fin aussi brutale. Jusqu’au milieu de l’année 2000, la jeune pousse honore à la lettre son modèle économique. Son chiffre d’affaires augmente, et les investisseurs lui témoignent leur confian- ce. En deux ans, la start up lève près de 100 millions d’euros, qu’elle investit dans le recrutement et l’ouverture de représentations aux quatre coins du monde. Elle semble tenir la recette du succès : une vision, des fonds et une équipe de direction expérimentée. Mais elle ne parvient pas à lever toutes les interrogations sur la qualité de ses logiciels. Et pour cause : son plan de marche table sur une introduction en Bourse pour débloquer les fonds nécessaires à la constitution de son éventail technologique.A quelques mois près, l’éditeur aurait pu réussir son pari. Son introduction en Bourse était prévue à la fin de l’année 2000, en pleine euphorie des marchés financiers. Mais un problème de ” timing “, comme disent pudiquement ses dirigeants, annihile tous leurs plans. La banque d’affaires Morgan Stanley, en charge du dossier, choisit de repousser l’introduction de quelques mois. “Une décision d’ordre uniquement émotionnel”, déplore l’un des cadres de l’éditeur. Or, en début 2001, la bulle internet explose. La fenêtre d’opportunité se referme. Ne restent plus alors que des regrets. “La société aurait pu valoir entre 500 et 600 millions d’euros après son introduction en Bourse”, spécule Sven Lung, l’un des deux cofondateurs. Dès lors, le sort de l’éditeur semble scellé. N’ayant plus d’argent pour racheter les technologies manquantes, le modèle de développement savamment établi ne tient plus. “A partir du moment où l’introduction n’était plus possible, poursuit Sven Lung, ce n’était plus une affaire de dirigeants, mais d’actionnaires.”La suite lui donne raison. Contrairement à d’autres éditeurs, iMediation ne se contente pas de mettre en place les classiques mesures d’économie adoptées par l’ensemble des éditeurs : fermeture des représentations étrangères, plans sociaux, remaniement des équipes de direction, etc. Son PDG se met également en quête d’un repreneur. L’acquisition de l’éditeur ArcadiaOne en novembre 2001 fait brièvement diversion, mais l’histoire est déjà écrite. iMediation n’était pas taillé pour survivre en temps de crise.
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