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Imbroglio autour de l’attribution des licences UMTS en Europe

Les opérateurs manifestent de plus en plus leur opposition aux procédés retenus par les gouvernements pour l’attribution des licences, tandis que les soupçons de collusion entre opérateurs se précisent.

Le torchon brûle entre opérateurs et gouvernements européens. L’autorité de régulation néerlandaise, Mededingingsautoriteit a diligenté, cette semaine, une enquête à l’encontre des opérateurs Telfort et VersaTel au motif que le premier aurait élaboré un accord secret avec le second durant les enchères publiques closes en juillet dernier. Au final, l’organisme pourrait annuler la procédure d’attribution des enchères de la troisième génération (3G) dans son pays. Révélé par le Financial Times, l’information touche de plein fouet BT, numéro deux européen, par ailleurs actionnaire de Telfort, finalement retenu aux Pays-Bas.Cette décision pourrait constituer un précédent au niveau européen. Antitrust, le comité de surveillance italien, aurait également sollicité, en début de semaine, la Commission de Bruxelles dans le cadre d’un examen global du dossier ?” concernant tant les procédures que les pratiques des opérateurs.Faute de négociation avec les gouvernements, divers opérateurs ont par ailleurs décidé de s’en remettre à la justice pour régler leurs différends avec les autorités concernant le ticket d’entrée dans l’acquisition des licences UMTS, dans le but avoué de récupérer une partie de leur mise.

Déception de part et d’autre

L’euphorie qui avait entouré les enchères britanniques au printemps a donc laissé place à la réserve. Eblouis par les sommes atteintes en avril dernier au Royaume-Uni ?” 38,8 milliards d’euros soit 7,76 milliards d’euros par licence ?”, certains gouvernements ont en effet été déçus par l’issue des procédures. C’est le cas de l’Italie, où les enchères ont été closes après avoir atteint entre 2,417 et 2,448 milliards d’euros par licence alors que le ministre du Trésor, Vincenzo Visco, escomptait 4,65 milliards d’euros par bloc.De même, les enchères autrichiennes ont dégagé, vendredi 3 novembre, un montant total de 706 millions d’euros, soit simplement 100 millions d’euros au-dessus du minimum requis. Beaucoup moins donc que ce qu’escomptait le gouvernement autrichien au printemps dernier.L’absence de concertation à l’échelle des Quinze a nuit aux processus d’attribution des licences 3G. Les enjeux locaux ont très souvent prévalu, car les sommes levées sont liées à des dossiers sensibles tels que le financement des retraites ou la réduction des impôts.Les opérateurs, qui ont dû débourser près de 100 milliards d’euros depuis le début de l’année (selon l’Idate), provoquant une dépréciation de l’ensemble des sociétés de télécommunication sur les marchés, ne sont pas plus satisfaits. Pour les européens, Vodafone, France Télécom-Orange, BT, Deutsche Telekom et le hongkongais Hutchison Whampoa, la facture frôle les 40 milliards d’euros. Autant dire qu’elle grèvera pour longtemps les comptes de ces opérateurs.La France et la Suède sont pour l’heure les seuls à avoir allégé la facture en renonçant au système des enchères au profit du ” concours de beauté ” : les candidats, sélectionnés sur dossier, s’acquittent d’un montant fixé au préalable ?” en l’occurrence, 4,95 milliards d’euros en France. Un montant encore trop élevé au yeux de certains opérateurs qui, comme Hutchison Whampoa, songent à retirer leur candidature.

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Gérald Bouchez