Première publication le 13 décembre 2010
C’est ce qu’on appelle, au sens propre, avoir les yeux derrière la tête. Dans le cadre d’une performance artistique de type body art, et en collaboration avec le futur Musée d’art moderne du Qatar, le Mathaf, Wafaa Bilal, artiste et professeur assistant de l’université de New York, a choisi de se faire poser une caméra à l’arrière de la tête. Pendant un an, elle prendra une photo par minute, et les clichés seront diffusés sur un site Internet – qui est déjà ouvert mais n’affiche pour le moment qu’un décompte – et au Mathaf, qui sera inauguré le 30 décembre prochain.
L’opération « The 3rd I » (jeu de mot sur « troisième œil » et « moi ») doit démarrer le 15 décembre. L’implantation du dispositif ne s’est pas faite à l’hôpital, mais dans un studio spécialisé dans le piercing.
Comme le raconte le Wall Street Journal, le projet de Wafaa Bilal, Irakien de 44 ans ayant obtenu l’asile aux Etats-Unis, n’a pas été sans créer une polémique à l’université de New York, concernant le respect de la vie privée des étudiants et des professeurs. Le performer a accepté d’obturer l’objectif de la caméra lorsqu’il se trouve à la faculté. Le journal évoque aussi des frictions avec des connaissances, notamment avec sa petite amie.
Wafaa Bilal n’en est pas à sa première performance. En juin dernier, il s’est fait tatouer « en live » dans le dos un hommage aux victimes américaines et irakiennes (voir son blog). En 2005, comme nous le raconte Libération, il s’était enfermé pendant trente jours dans une galerie à Chicago, en invitant le public à lui cribler le corps de balles avec des pistolets de paintball, via Internet.
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