Fondé en 1993, et figurant donc parmi les pionniers de l’exploitation commerciale de Linux, VA Linux a finalement choisi de changer de nom et de s’appeler VA Software. Certes, ce changement de nom est lié à un changement de stratégie ?” l’abandon des serveurs Linux et le recentrage sur l’exploitation de la plate-forme de développement SourceForge ?”, mais il est aussi significatif de l’embarras que peut représenter l’étiquette Linux.Il ne s’agit pas ici de parler des forces et des faiblesses de Linux en tant que tel ou du modèle open source. Les défenseurs de l’OS libre s’en chargent très bien eux-même. Très bien ? Cela reste à voir… car c’est peut-être là que le bât blesse : les zélateurs de Linux sont souvent aussi bons informaticiens que piètres communicateurs, sans diplomatie ni souci de l’image qu’ils renvoient.Ecrivez sur Linux et vous êtes sûr de déclencher une tempête de réactions partisanes, pour ne pas dire sectaires. Risquez la moindre approximation technique et vous serez renvoyé manu militari à l’étude approfondie de kernel 2.4.16. Prenez rendez-vous avec un spécialiste de Linux et vous avez de fortes chances de rencontrer un jeune entrepreneur en bras de chemise ou un bonhomme californien et barbu.Certes, il s’agit là de clichés, mais malheureusement pour Linux et son avenir commercial, ces clichés ont d’autant plus la vie dure qu’ils se vérifient souvent. Techniquement Linux a sans doute tout juste, mais en termes de marketing ?” dont une des définitions pourrait justement être la ” manipulation des clichés ” ?”, le résultat est nettement moins convaincant.Passé le cercle des spécialistes, Linux c’est surtout un pingouin marrant, une communauté un peu douteuse de passionnés sans contrat, de zélateurs vindicatifs et de pirates en réseau, un esprit libertaire bien peu en accord avec le monde de l’entreprise et un produit gratuit (ce qui est forcément louche). Dès lors, il ne faut pas s’étonner du succès mitigé de l’OS.L’histoire de l’informatique est jonchée de cadavres de produits extraordinaires qui ne se sont jamais vendus. On peut le déplorer, mais c’est un fait : l’industrie informatique s’est construite sur le marketing. Pour la simple raison que les personnes qui font les chèques sont rarement celles en mesure de comprendre les arguments techniques.On peut avoir de l’estime pour le panache qu’il y a à refuser tout compromis marketing, admirer l’élégance du principe du développement communautaire et la beauté du geste, mais tant que la communauté naura pas fait autant pour la crédibilité de son image que pour celle de sa technologie, Linux risquera de rester à Microsoft ce que M6 est à TF1 : un outsider jeune et sympa aux résultats limités.Prochaine chronique jeudi 10 janvier
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