Malgré l’arrivée de produits intéressants du côté du son ou de la TV, l’innovation n’a pas été le thème central de cet IFA 2016. Mais heureusement, quelques entreprises aiment se lancer des défis. Lenovo en fait partie.
Il y a moins d’un an, le Chinois a lancé une tablette avec projecteur intégré et un smartphone modulaire. Avec le Yoga Book, c’est un produit totalement hybride, à mi-chemin entre l’ordinateur et la tablette.
A la différence des autres appareils de cette catégorie, il est impossible de détacher la partie dédiée au clavier. Techniquement, on pourrait donc parler d’ultra-portable. En réalité, il s’agit d’un ordinateur/tablette/tablette graphique.
Taper sur un mur
Tout d’abord, il faut calmer les ardeurs techniques autour du Yoga Book. Sur le papier, il n’est pas très fringant. Une diagonale de 10,1 pouces IPS (1920 x 1200), un processeur Atom x5, 4 Go de RAM pour 64 Go de stockage. A ce compte, il faudra se limiter à un usage basique.
En revanche, sa batterie de 8500 mAh lui offrirait une autonomie de 15 heures pour la version Android (499 €), et 13 heures pour la version Windows 10 Pro (599 €). Car si un seul nom les regroupe, ce sont bien deux produits qui ont été présentés. Nous avons eu la main sur ces deux appareils, parfaitement identiques par ailleurs.
A première vue, chacun d’entre assure l’effet waouh. L’épaisseur du Yoga Book ne dépasse pas le centimètres, pour un poids de 680 grammes, quand un MacBook Air de 11 pouces dépasse le kilogramme. Les finitions sont parfaites, avec une charnière un poil bling bling.
La surprise se poursuit en ouvrant l’appareil. En-dessous de l’écran, on ne retrouve qu’une large plaque vide. En appuyant sur un voyant lumineux, le clavier apparaît. Au moment de taper la première recherche Google, le contact est rugueux, avec cette impression de taper contre un mur. Sans retour de force physique, les repères se perdent.
Un clavier intelligent
Durant les premières secondes, on semble presque réapprendre à taper sur un clavier – ou plutôt sans clavier. Lenovo assure que les utilisateurs tapent au moins aussi vite sur la Yoga Book que sur un autre ordinateur. On a du mal à y croire, mais on ne demande qu’à être convaincus. Au bout de quelques minutes, il est vrai que les fautes de frappe se font moins nombreuses. Mais la tablette est encore loin de proposer une expérience comparable. Passer du mode minuscules au mode majuscules est un effort. En cas d’erreur, impossible de sentir que l’on n’est pas sur la bonne lettre.
Toujours selon le fabricant, le clavier virtuel serait intelligent. Il s’adapterait aux fautes de frappe répétées. Si le doigt bouscule un peu trop fréquemment le Y lorsque l’on veut écrire un T, la Yoga Book réajustera le tir au moment voulu. Difficile de juger de l’efficacité de cette fonction en quelques minutes.
Si ce clavier n’est pas physique, ce n’est pas pour la joie de jouer avec nos nerfs. Eteint, il laisse place à un très confortable espace libre et plat, voué à se transformer en tablette graphique. Pour l’occasion, Lenovo a sollicité Wacom, une valeur sûre dans le domaine. En plus de nous donner envie de dessiner, la Yoga Book nous permet de prendre des notes à la volée, même au travers d’une feuille de papier. Cette partie peut pivoter à 180 degrés, comme un bon vieux carnet à spirales. Les spirales – et quelques centaines d’euros – en moins.
Encore timide face à la prise de notes
N’étant pas professionnels du dessin, il nous est difficile de juger cette tablette graphique. Le temps de latence ne semble pas exagéré et la précision est bonne. Néanmoins, nous n’avons pas retrouvé la réactivité et le naturel d’un Galaxy Note 7. Le logiciel de dessin de Lenovo est loin d’être aussi complet que celui de Samsung. Evidemment, les deux appareils ne boxent pas dans la même catégorie, et le stylet de la Yoga Book n’est pas actif, contrairement au S Pen. Mais après cette première mise en bouche, on ne se sent pas prêt à prendre des notes en écoutant un cours magistral de droit fiscal.
Si Lenovo utilise Android Marshmallow, l’expérience n’est pas celle d’un smartphone. La partie multitâche est renforcée – avec une gestion plus libre des différentes applications ouvertes – et une barre des tâches apparaît en bas de l’écran, comme sous Windows. Au quotidien, ces deux éléments devraient nous faciliter la tâche.
Séduisante, cette Yoga Book est un ovni que l’on regarde avec attention. Techniquement limitée, elle propose une expérience radicalement différente, avec les risques que cela implique. On peut déjà affirmer qu’il n’y a pas de miracle : ce type de claviers est difficile à appréhender.
Pour convaincre, la tablette devra être capable de nous faire retrouver notre aisance de frappe. La précision de la prise de notes est également essentielle, dans la mesure où elle est responsable du sacrifice du clavier physique. Pour le moment, ces deux étapes sont loin d’être franchies. Et si ce n’est pas le cas, on ne pourra que remercier Lenovo d’avoir osé essayer.
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