Les représentants des opérateurs européens ont expliqué que la rentabilité reposait sur la capacité à proposer de nouveaux services. Tous ont évoqué le succès du service i-mode du géant japonais NTT DoCoMo, qui comptait quelque 12,6 millions d’abonnés à la fin de septembre sur un total de 32 millions de clients mobiles.” Si le groupe n’y croyait pas, il ne postulerait pas “, a dit à Reuters François Jaclot, vice-président de Suez-Lyonnaise des eaux, dont le groupe s’est allié à Telefonica pour tenter de décrocher l’une des quatre licences que doit attribuer la France au premier semestre 2001.Le PDG de France Télécom, Michel Bon, a reconnu que les opérateurs avaient “un peu de mal à convaincre”, les marchés boursiers ayant sanctionné les valeurs de télécommunications après de coûteuses enchères dans des pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne.Comme Vodafone, Michel Bon a estimé que l’UMTS pouvait être rentabilisé dans un délai de “quatre à sept ans” après le lancement commercial, qui devrait intervenir en 2002 en France. Spécialiste du secteur chez le fonds d’investissement américain Fidelity, David Baverez n’a pas caché son scepticisme. “Les opérateurs vont investir 300 milliards d’euros dans les licences et les infrastructures. En 2005, les revenus s’élèveraient de 50 à 60 milliards. Si on veut être vraiment généreux, on peut imaginer 100 milliards. On aurait un résultat brut d’exploitation de 30 milliards, soit un retour sur investissement de 10 %. Ce n’est pas attractif.”
Le modèle i-mode en question
Il a également relativisé le succès d’i-mode en soulignant que l’accès à Internet via les micro- ordinateurs au Japon (22 millions d’utilisateurs contre 20 millions pour l’Internet mobile en septembre) était plus faible que la moyenne des pays occidentaux et, surtout, que le poids de NTT DoCoMo sur son marché était tel qu’il pouvait imposer ses choix et attirer les fournisseurs.Présent à Montpellier, Kimio Tani, vice-président de l’opérateur japonais en charge du plan et de la stratégie, a répondu que le succès de l’i-mode était surtout dû au fait qu’il s’agit d’un système ouvert. L’opérateur touche un abonnement pour un certain nombre de services de base et propose un accès à des sites (24 100 à la fin de septembre) ou à des fournisseurs d’applications (656 à la même date).Les revenus d’i-mode proviennent actuellement à 47 % des communications vocales, à 38 % de l’envoi de messages électroniques (e-mails) et à 15 % de la consultation d’informations spécifiques sur des sites partenaires. Surtout, i-mode propose un service en mode paquet permettant aux abonnés d’être connectés en permanence alors que les opérateurs européens ont lancé un service WAP (Wireless Application Protocol) en mode circuit, ce qui nécessite un temps de connexion de plusieurs dizaines de secondes.
Vivendi en cheville avec Canal + et Universal pour les contenus
Contrairement à NTT DoCoMo, Vivendi a opté pour une intégration verticale, développant lui-même les services proposés à ses clients mobiles même si des partenariats ponctuels ne sont pas exclus. Propriétaire d’Universal Music grâce à sa fusion avec Seagram, le groupe fonde ainsi de grands espoirs sur le téléchargement de musique via des terminaux mobiles.Avec Canal+, il prévoit d’offrir des bandes-annonces de films et des résumés de matches de football. Tout en refusant de dévoiler la stratégie marketing qu’il projette en cas d’obtention d’une licence, François Jaclot a estimé que ces services pourraient séduire des utilisateurs de mobiles de troisième génération mais qu’ils ne seraient certainement pas suffisants.
Le revenu moyen par utilisateur: nerf de la guerre de l’UMTS
Les représentants des opérateurs ont souligné que la vraie question de l’UMTS était liée au revenu moyen par utilisateur (Arpu, average revenue per user), l’i-mode ayant fortement accru ses recettes. Jean-Luc Archambauld, directeur de la réglementation et de la stratégie a noté qu’un euro d’Arpu en plus par mois améliorait le résultat net annuel de la filiale mobile SFR de 100 millions d’euros.Il a souligné que la large bande en téléphonie fixe ?” l’ADSL par exemple ?” avait permis à la filiale Monaco Telecom de constater une multiplication par quatre du temps passé par les abonnés sur Internet et une multiplication par 30 du nombre de téléchargements de fichiers. Les opérateurs mobiles espèrent répliquer ce genre de performances.Le PDG de T-Mobile (groupe Deutsche Telekom), Kai-Uwe Ricke, a estimé que l’Arpu était “le paramètre le plus important”. Il a expliqué que les données pourraient représenter 40 % de l’Arpu à terme, soulignant que 25 % des recettes proviendraient de tiers.
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