Tempête dans un verre d’eau ? Les observateurs se perdent en conjectures sur la rivalité naissante entre Firefox (le navigateur Web aux 80 millions d’utilisateurs) et IceWeasel (une fouine des glaces) ? Car si ce débat ne
risque pas d’émouvoir le grand public au-delà du raisonnable, il a son importance pour les puristes du logiciel libre.Ceux-ci reprochent en effet à la Fondation Mozilla, mère de Firefox, de ne pas respecter quelques-uns des fondamentaux du ‘ monde du libre ‘, en intégrant notamment des fonctionnalités propriétaires dans son
navigateur vedette. En pratique, deux projets IceWeasel, l’un porté par la communauté Debian de Linux l’autre par le GNUzilla Project, font face à Firefox.Pour Loïc Dachary, responsable de la branche française de la Free Software Foundation (FSF), le débat qui retient aujourd’hui l’attention relève avant tout du droit des marques. ‘ Jusqu’ici, Firefox était intégré
dans les distributions GNU Linux, mais la Fondation Mozilla ayant fait savoir qu’elle ne souhaitait plus que ce logiciel apparaisse sous le nom de Firefox, d’ici à la fin de l’année prochaine, Firefox (c’est-à-dire le nom en tant que tel) aura
disparu des distributions GNU Linux, mais le programme, lui, sera toujours disponible pour les utilisateurs [sous l’appellation IceWeasel, NDLR]. C’est un exemple très révélateur de la vie des marques ‘,
explique-t-il.‘ Dans le monde propriétaire, quand il y a conflit, cela se règle par un procès. Dans le monde du libre, on tolère l’utilisation d’une marque et il suffit juste de signifier que l’on a changé d’avis pour que tout
rentre dans l’ordre. J’imagine que la Fondation Mozilla veut pouvoir vendre sa marque Firefox, en prétendant que ce n’est pas la même chose que les programmes de certaines distributions Linux, mais en ce qui nous concerne, il ne s’agit que d’un
simple renommage ‘, ajoute Loïc Dachary.
Talkback, un logiciel propriétaire intégré à Firefox
Pour Tristan Nitot, président de la Fondation Mozilla Europe, IceWeasel est au contraire un ‘ fork ‘, c’est-à-dire la reprise du code source de Firefox, agrémenté de quelques changements.
‘ Il y a deux choses qui hérissent les puristes du logiciel libre, constate-t-il. La première, c’est la présence de Talkback, un petit programme propriétaire aujourd’hui assez désuet, et qui servait à
transmettre à la Fondation Mozilla les rapports d’incidents concernant Firefox. Qu’ils se rassurent, un équivalent est en train de voir le jour dans le monde du logiciel libre. Bien plus moderne que son illustre prédécesseur. Airbag, c’est son nom,
est actuellement développé par des gens de chez Google ‘.‘ Le second élément qui agace les puristes est la question de l’utilisation de la marque Firefox proprement dite. La notoriété est désormais telle que nous ne nous pouvons prendre le risque que des malins
récupèrent le code de Firefox, le modifient en y intégrant un virus, et le redistribuent comme si de rien n’était sous le nom Firefox, précise Tristan Nitot. Ce qui ne veut pas dire que la Fondation Mozilla n’est pas prête à
signer Firefox sur des distributions Linux, bien au contraire ‘. Pour Loïc Dachary, l’insertion de codes malicieux dans Firefox relève presque de l’hypothèse d’école. ‘ Forcément, il se trouvera toujours quelques crétins pour s’adonner à ce genre de pratiques,
souligne-t-il, mais a contrario de ce qui se passe avec les logiciels propriétaires (où tout est fermé et où par nature rien n’est accessible), dans le monde du logiciel libre, tout est ouvert, tout est disponible et cela se régule de
manière on ne peut plus naturelle. ‘* Correctif du 5 décembre : Firefox signifie panda roux et non renard de feu comme nous l’écrivions dans la première édition de cet article.
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