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Icann: les candidats français déçus s’expliquent

Onze internautes français se sont présentés au premier tour de l’élection de l’Icann. Aucun n’a passé le barrage, mais une forte motivation les anime encore.

Difficile de brosser le portrait type du candidat français pour le comité at large de l’Icann. Agé de 30 à 55 ans, il est aussi bien gérant d’un hôtel dans la Loire qu’étudiant en médecine ou employé de La
Poste (voir encadré). Leur sentiment et leur perception de cette élection sont également assez différents. Qu’ils regrettent la faible participation française ou qu’ils pensent que la nationalité n’a pas d’importance, dans un sujet comme la gouvernance de l’Internet, il se dégage une envie de faire bouger les choses, et que la voix de tout à chacun soit entendue au milieu de ce nouvel ONU de l’Internet, l’Icann.01net. : Comment expliquez-vous la ” défaite ” des Français lors du premier tour ?Jean-François Morfin : Les Français n’ont certainement pas été défaits. Les candidats retenus sont soutenus par nombre de Français et ont bénéficié de nos suggestions. Je note que les candidats français n’ont simplement pas été relayés par la presse et se sont contentés de leurs propres supporteurs.Francis Fadeuilhe : Il est clair qu’en Allemagne, l’élection a été annoncée et soutenue par la presse, alors qu’en France, pour devenir membre et donc électeur, il fallait comme moi être favorisé par le hasard. Mais je trouve ridicule cette idée de défaite. Il ne s’agissait pas d’une compétition, et peu importe les nationalités.Hugues Marcard : Nous ne sommes pas des adeptes de la démocratie directe, aussi cette élection n’a pas été comprise par la majorité des électeurs et des candidats potentiels.Michel Baujard : C’est d’abord la défaite d’une vision administrée du monde ! Ce n’est pas la victoire des Allemands, mais celle des Européens libres. Je trouve plutôt intéressant que ce soit le Chaos Computer Club qui remporte haut la main cette élection au premier tour. Peu importe qu’il soit allemand, hollandais, français ou autre. Nous devrions réfléchir à cette efficacité-là, plutôt qu’à nos ” clochemerlesques ” chapelles, fermées en août !Quel est votre sentiment sur ces élections ?Bernard Benhamou : On notera qu’il se confirme dans cette élection une nette différence, d’inscrits et de votants, entre pays dits ” latins ” et pays dits ” saxons “… Ainsi, les voix de la totalité des candidats français ont représenté environ le cinquième des inscrits pour la France. Là où les deux premiers candidats allemands ont recueilli à eux seuls la même proportion..Alain Raynaud : Le système est absurde : la représentation est ridicule (même au niveau européen). Que représente 0,001 % de la population ?Francis Fadeuilhe : Je trouve que, pour l’instant, ça se passe plutôt bien, puisqu’il y a des candidats en nombre suffisant dans toutes les régions du monde. Je suis surtout curieux de voir comment la suite va se passer : l’essentiel n’est pas l’élection, mais le fonctionnement de l’Icann, et en particulier le rôle de ses membres. On peut y voir l’ébauche de la mise en place d’une gouvernance mondiale et démocratique de l’Internet, et je suis convaincu que tout est à inventer.Michel Baujard : Cela a constitué une fantastique découverte du monde virtuel réel. Je suis enfin sorti de nos frontières françaises bien sombres, avec le pauvre projet de loi sur la société de l’information et le petit projet de Forum des droits de l’Internet de l’ex-député Christian Paul. Mais il convient de relativiser : l’Icann n’est pas une démocratie, mais une organisation qui cherche à tendre vers un processus électoral. C’est un effort très louable et il n’y a pas lieu de s’en plaindre.Que pensez-vous des autres candidats ? Je pense en particulier à Andy Mueller-Maguhn, membre du Chaos Computer Club ? Guylhem Aznar : C’est un plus. J’ai appelé mes électeurs à reporter leur voix sur lui. Andy symbolise la liberté par rapport aux deux candidats français dispensés de primaires car membres de multinationales.Alain Raynaud : C’est un candidat raisonnable, il a un CV intéressant. Ce que je reproche, c’est qu’il n’y ait pas eu de campagne. Ce candidat a gagné parce qu’il disposait du plus gros réseau de soutien. Mais aucun débat n’a eu lieu. Quelles sont ses idées ? Je n’en sais rien. Même si, au moins, ce système ouvre un peu plus la liste des candidats : un hacker venu du peuple, c’est peut-être mieux que des énarques prénominés… Je pense que l’Icann va bientôt s’en mordre les doigts.Hugues Marcard : Je crois que la question des hackers allemands est un faux problème dans la mesure où le terme recouvre une réalité différente des deux côtés de l’Atlantique. Il y a un monde entre le pirate et l’aventurier même s’il est facile de faire un amalgame pour effrayer les foules.Que pensez-vous du candidat français Olivier Muron, encore en lice ?Hugues Marcard : J’espère qu’il saura faire entendre nos murmures dans le brouhaha d’une institution en crise d’adolescence.Michel Baujard : J’attends la campagne du second tour et la nationalité des impétrants n’entre pas en compte. Nous sommes européens, oui ou non ?Guylhem Aznar : Un danger. J’ai appelé à lui faire barrage, et je militerai contre lui pour empêcher son élection par tous les moyens possibles.

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Karine Solovieff