IBM et l’holocauste, c’est le titre à sensation du livre écrit par Edwin Black, ancien grand reporter au Washington Post, sur les rapports entre la “plus puissante multinationale américaine” et l’Allemagne nazie. Edwin Black décrit dans le détail de quelle façon les machines Hollerith (du nom de l’inventeur des machines à cartes perforées au tournant du XXe siècle) fournies par IBM à l’Allemagne à partir de 1933, ont permis aux nazis d’améliorer leurs techniques de recensement, et notamment des juifs, mais également d’organiser de façon méticuleuse la déportation.Les réserves émises par des historiens spécialistes de la déportation sur la thèse d’Edwin Black, selon laquelle, sans IBM, l’identification et la déportation des juifs n’aurait pu être aussi efficace, laissent penser que l’ouvrage fera couler plus d’encre qu’autre chose.Cependant, la sortie du livre d’Edwin Black est doublée d’un dépôt de plainte contre IBM de la part d’anciens déportés. Selon l’avocat de ces derniers, IBM aurait gagné 10 millions de dollars de 1940 en vendant ses machines au IIIIe Reich. Le livre, pour sa part, met l’accent sur les efforts d’IBM et de son président charismatique du moment, Thomas J. Watson, pour répondre aux demandes précises de leur client.Pour l’instant, IBM a choisi de ne pas répondre directement à cette mise en cause et compte tout d’abord étudier précisément le contenu du livre. Big Blue a néanmoins dénoncé dans un communiqué les exactions allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, et a rappelé que sa filiale allemande était alors sous le contrôle du régime nazi.C’est d’ailleurs la raison pour laquelle IBM a déjà versé, en juillet 2000, environ 3 millions de dollars à un fonds de 5 milliards de dollars destiné à une indemnisation globale des victimes du nazisme. En échange d’une participation à ce fonds, toutes les entreprises ayant travaillé à un titre ou à un autre avec l’Allemagne hitlérienne étaient alors assurées de ne plus être traînées au tribunal pour participation à l’holocauste. La nouvelle plainte déposée contre IBM par d’anciens déportés risque donc de remettre en cause le principe de cet accord global, et de retarder l’indemnisation à l’ensemble des victimes du nazisme.Du côté des marchés financiers, les analystes interrogés n’ont pas souhaité faire de commentaires, arguant que leur compétence se limitait aux données financières. A la clôture de Wall Street, hier, le titre IBM cotait 113,75 dollars, en baisse de 1 % contre – 0,40 % pour l’indice Dow Jones et – 2,49 % pour lindice du Nasdaq. Le volume de titres échangés est resté dans la moyenne. En somme, une journée comme une autre pour Big Blue.
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