L’affaire Enron l’a mis en évidence. Provisions exceptionnelles, engagements hors bilan, survaleurs… Les artifices pour “nettoyer” les comptes sont légion. Pour offrir plus de comparabilité et de transparence au marché, le Parlement européen a confirmé, en mars dernier, son intention de rendre obligatoire (au 1er janvier 2005) la publication aux normes IAS (International Accounting Standards) des comptes des sociétés cotées. Cette mise en conformité va bien au-delà d’un simple changement de méthode comptable. Elle introduit notamment la notion de valorisation des immobilisations. “Aujourd’hui, la comptabilité française évalue au nominal, explique Pierre-Alain Lecointe, directeur général de l’éditeur Coda France. Une société achetée 1 million d’euros s’apprécie toujours 1 million d’euros un an plus tard. Avec les IAS, cet actif sera réévalué annuellement.” Si l’échéance de 2005 paraît lointaine, les quelque sept mille groupes européens concernés devront déjà avoir publié deux années fiscales pro forma, soit une double comptabilité pour 2003 et 2004. D’après Coda, seules 2 à 3 % des entreprises françaises auraient, pour l’heure, initié un réel projet. Compte tenu de cette prise de conscience tardive, les experts tablent sur une mise en production au 1er janvier 2004, avec retraitement de l’exercice 2003.Toutefois, même avec ce délai supplémentaire, il est urgent de démarrer dès cet été. A l’image de l’an 2000 et de l’euro, le chantier concernera non seulement les directions générale et financière, mais aussi la DSI. Offrant une information financière enrichie et, pour une part, extra-comptable, le passage aux IAS devrait générer un flux supplémentaire de données de 20 à 30 %, selon Pierre-Alain Lecointe.
Le web et le décisionnel en première ligne
Face à cette montée en charge, l’entreprise doit se poser la question de savoir si son progiciel comptable actuel supportera le passage. Qu’il fasse l’objet d’une refonte ou d’un remplacement, ce dernier devra offrir des fonctions de consolidation, de simulation et de reporting. Ce qui place le web et le décisionnel en première ligne.“Incontournable pour tenir les délais, internet permettra notamment de délocaliser le passage des écritures de retraitement au niveau de chaque filiale”, estime Gilles Charonnat, directeur commercial et maketing de l’éditeur AS.Quant au décisionnel, il s’inscrit dans la démarche des normes IAS d’offrir une plus grande visibilité. Pour Gilles Charonnat, “les tableaux de bord de pilotage doivent transformer les données comptables en informations utiles à la prise de décisions ?” mesure de performance, analyse du risque, etc.” Au-delà des outils d’analyse Olap, Pierre-Alain Lecointe préconise la mise en place dun entrepôt décisionnel (datamart) dédié, reprenant les soldes agrégés issus de la base de données comptable.Comme on peut le voir, les IAS préparent aux directions informatiques de nouvelles nuits blanches. Petite consolation : le DSI trouvera dans le directeur financier un allié de circonstance. Au-delà de la contrainte réglementaire, le passage à une comptabilité “tout web” devrait rencontrer un écho favorable.
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