Alors que Ian Clarke n’est encore qu’un étudiant à l’université d’Edimbourg, il imagine un réseau sans aucun contrôle centralisé où sécurité et anonymat seraient garantis. Freenet voit le jour dix-huit mois plus tard. Elaboré avec la technologie du poste à poste (peer to peer), il reste pour le moment utilisé par des initiés. Ses supporters y voient l’un des derniers bastions de la liberté d’expression, alors que ses détracteurs dénoncent un outil idéal pour des activités illégales en tout genre.
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A qui se destine Freenet ? A des internautes ayant de bonnes connaissances en informatique ?Ian Clarke : Plus maintenant. Au début du projet, nous nous préoccupions avant tout du développement des fonctionnalités de base, pas de l’ergonomie. Mais nous en sommes à la quatrième version. L’interface est à présent au c?”ur de notre travail. A terme, il doit être possible d’utiliser simplement Freenet à partir de son navigateur, en cliquant sur un bouton ou un lien. On pourra ainsi surfer sur des pages Web, avec une différence de taille : l’internaute ne saura pas qui a créé cette page. Qu’est-ce qui a changé depuis le début ?On a rendu les n?”uds de notre réseau plus intelligents. D’un n?”ud Freenet à l’autre, les connexions sont sécurisées pour qu’il soit impossible d’observer ce qu’il s’y passe. Dans le même temps, on a ajouté un dispositif de protection par cryptographie, avec une clé publique pour chaque n?”ud Freenet.Freenet veut-il devenir un nouveau Napster ?Justement non. Quand Freenet a commencé à devenir populaire, on nous a beaucoup comparé à Napster. Nous nous sommes même demandé si nous n’allions pas développer des fonctions propres à ce genre d’outil, comme la recherche aléatoire de fichiers. Mais on s’est aperçu que les utilisateurs de Freenet s’en servent comme une alternative au World Wide Web, pas pour rechercher des chansons. Nous adhérons totalement à cette démarche, Freenet a été créé pour favoriser la liberté d’expression.Vu les ambitions de Freenet, avez-vous déjà pris contact avec des organisations de défense des droits d’auteur ?Non, et je ne tiens pas à le faire. Tous ces systèmes de contrôle des droits d’auteur et du copyright sur Internet ne servent qu’à contrôler l’information disponible. Et ne fonctionnent pas. C’est ce que j’appelle la sécurité par l’obscurité, quand vous créez un dispositif et que vous faites croire à tout le monde qu’il est inviolable. Alors qu’il n’aura fallu que deux semaines pour se jouer de SDMI [NDLR : système de protection des ?”uvres numériques mis au point par un consortium de l’industrie du disque].Freenet a parfois une réputation de repère de malfrats. Maintenant que certains réclament un renforcement du contrôle d’Internet, vous sentez-vous menacés ?Bien sûr, s’ils votent une loi limitant l’utilisation de la cryptographie, Freenet sera menacé. Mais uniquement en théorie, je ne vois pas comment ils vont pouvoir l’appliquer, ils ne vont pas contrôler tous les PC aux Etats-Unis. De toute façon, les gens intelligents vont réaliser que Freenet n’est qu’un outil, utilisable pour de mauvaises et, la plupart du temps selon moi, de bonnes choses.
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