Un bot conversationnel alimenté par des informations vérifiées par une agence de presse ? À rebours de Meta qui a abandonné son programme de « fact checking » (vérification des faits) aux États-Unis, Mistral, la start-up française d’intelligence artificielle (IA), a conclu un accord avec l’Agence France Presse (AFP), selon un communiqué de l’AFP de ce jeudi 16 janvier. Des milliers d’articles en six langues alimenteront quotidiennement son chatbot IA, « Le Chat », un concurrent de ChatGPT (OpenAI) et de Gemini (Google), d’Anthropic et de xAI (dirigé par Elon Musk) dans les semaines qui viennent, après une phase de test.
L’annonce a été présentée par Mistral comme « un rempart européen contre les attaques de ses rivaux de la Silicon Valley contre le fact-checking », rapporte le Financial Times, ce jeudi. Jusqu’à présent, les agents conversationnels piochaient dans les contenus disponibles sur le Web pour répondre aux questions des utilisateurs. Désormais, le chatbot de Mistral se basera sur des informations vérifiées par l’AFP, contenues dans ses 2 300 dépêches quotidiennes, ainsi que ses archives.
Les dépêches de l’AFP ne serviront pas à entraîner les modèles de Mistral
Une position aux antipodes de celles de Meta et de X, qui ont tous deux choisi de confier la modération de leurs réseaux sociaux (à savoir X, Instagram, Facebook et Threads) à leurs utilisateurs plutôt qu’à des « fact checkeurs » (des vérificateurs de faits), au nom de « la liberté d’expression ».
« Ce type d’accord, dans le contexte actuel, montre qu’un acteur de l’IA a parié sur le journalisme professionnel indépendant et basé sur les faits », estime Fabrice Fries, le directeur de l’AFP, dans les colonnes du journal économique britannique. Pour Arthur Mensch à la tête de Mistral, la start-up française propose un modèle de partenariat « plus ouvert », qui permet un partage de la valeur plus équitable que celui adopté par ses concurrents américains. « S’appuyer sur une agence de presse reconnue mondialement comme l’AFP permettra au Chat d’apporter des réponses fiables et factuelles, à jour, et vérifiées par des professionnels de l’information », poursuit le dirigeant, cité dans le communiqué de l’AFP.
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Jusqu’à présent, les entreprises de l’IA étaient plutôt accusées par la presse et les créateurs de piocher dans leurs contenus sans autorisation et sans paiement de droits d’utilisation, entraînant plusieurs contentieux sur le terrain du droit d’auteur.
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Si l’on ne connait pas les détails du contrat, les dépêches de l’AFP ne serviront pas à entraîner les modèles de langage de Mistral, souligne le Financial Times. La veille, c’est Google qui a annoncé un accord similaire avec une autre agence de presse, Associated Press, pour nourrir son Gemini AI. OpenAI, qui a développé ChatGPT, a conclu d’autres accords avec des médias comme Le Monde, News Corp, le groupe allemand Axel Springer (éditeur du Bild) et le Financial Times. En juin dernier, Mistral a levé 600 millions d’euros, pour atteindre une valeur estimée à 6 milliards d’euros.
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