Maux de tête, troubles de la concentration, vertiges, sifflements dans les oreilles : « un pourcentage non négligeable de la population se plaint de symptômes qu’elle relie à l’exposition aux champs électromagnétiques », souligne Gérard Lasfargues, de l’agence de sécurité sanitaire Anses. Mais « d’un point de vue scientifique on n’a pas mis en évidence les mécanismes physiologiques de ce syndrome », indique à l’AFP ce médecin, qui est directeur général adjoint scientifique de l’agence.
Un colloque sur les ondes électromagnétiques et la santé, organisé par l’Anses, témoigne pourtant de la vitalité de la recherche dans le domaine : étude sur les rayonnements émis par les portables sur la « mémorisation et l’attention des rats, sur l’effet du Wi-Fi sur de jeunes rongeurs, ou sur le lien éventuel entre tumeurs cérébrales chez l’enfant/adolescent et l’usage de portable (étude internationale en cours Mobi-Kids).
Dysfonctionnement du système sensitif
Neurologue de l’Inserm (Toulouse), Jean-Pierre Marc-Vergnes explore pour sa part l’hypothèse d’une relation entre le syndrome d’hypersensibilité aux ondes et un « dysfonctionnement du système sensitif » des malades. « Je veux voir si ces gens ont un hyperfonctionnement de leur système sensitif, si c’est spécifique à eux, et les comparer à ceux qui se plaignent d’une hypersensibilité aux odeurs chimiques », explique-t-il. Ses travaux, financés par l’Anses, débuteront en janvier 2013. « Il faut continuer à faire des études pour notamment mieux caractériser les expositions et voir si certains paramètres, aujourd’hui non analysés, seraient en relation avec les symptômes dont se plaignent les électro-hypersensibles », explique Gérard Lasfargues.
L’Anses a fait de ce thème une « priorité » avec, en particulier, la mise en place en 2011 d’un Comité de dialogue « Radiofréquence et santé » réunissant associations de malades et opérateurs télécoms, explique le directeur de l’Agence, Marc Mortureux. Plusieurs méta-analyses – rapprochement d’études sur des sujets proches – ont montré que les électrosensibles ne sont pas plus capables que le reste de la population de savoir s’ils sont exposés ou non, aux ondes des antennes-relais par exemple.
Beaucoup de charlatans
En revanche, des méta-analyses plus récentes « ont montré des liens plus robustes entre le fait de percevoir qu’on est exposé et la perception des symptôme de maux de tête, vertiges et acouphènes, associés à l’électrosensibilité, selon M. Lasfargues. Nous ne sommes pas là pour nier ou non la réalité de ce syndrome. Il y a des gens en souffrance, avec des conséquences importantes sur leur vie sociale et professionnelle (…). Ce qui nous importe c’est que les recherches soient pertinentes et que les préoccupations des malades soient prises en compte dans les recherches. »
C’est d’autant plus important que « beaucoup de charlatanisme se développe pour la prise en charge de ces patients », ajoute-t-il. En outre les études scientifiques sont régulièrement rejetées par des malades qui jugent que leur maladie n’est pas correctement étudiée. Le Dr Marc-Vergnes observe : « Pendant 40 ans j’ai vu en consultation de neurologie des personnes tout à fait comparables à ces patients [électro-hypersensibles, NDLR] qu’on ne savait pas étiqueter ».
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