Non nova sed nove, non pas des choses nouvelles, mais faites de façon nouvelle. Forte de la maxime latine qu’elle a faite sienne, l’imprimerie Cloître Imprimeurs (112 salariés), fondée en 1937 à Landerneau (Finistère) et installée depuis à Saint-Thonan près de Brest, n’a eu de cesse d’intégrer dans son développement les technologies de son temps. Ainsi, dès 1987, la publication assistée par ordinateur a-t-elle fait son entrée dans les ateliers. Plus récemment, le groupe s’est doté du procédé Computer To Plate (CTP, de l’ordinateur à la plaque), qui supprime l’étape de production des films et du montage des plaques. Enfin, l’arrivée d’Internet s’est concrétisée par le déploiement d’un intranet, suivi, en janvier 1999, d’un extranet. Cette entreprise familiale, hier artisanale, fait montre d’un dynamisme qui la place au premier rang des imprimeurs de la région Bretagne. Avec un chiffre d’affaires de 65 millions de francs (9,909 millions d’euros) en 1998, elle compte parmi les 200 sociétés les plus importantes du secteur dans l’Hexagone.
DISPOSER D’UNE OFFRE GLOBALE
“C’est en 1994, lors d’un salon professionnel qui se déroulait à San Francisco, que j’ai entendu parler pour la première fois d’Internet et de ses possibles applications, explique Jean-François Cloître, pdg de l’entreprise. À l’époque, on évoquait déjà largement le multimédia.” Peu de temps après, un atelier de réalisation multimédia est créé au sein de la société. Il édite un CD-Rom présentant les activités générales et les compétences de l’imprimerie. Sans lendemain au niveau commercial, l’expérience permet néanmoins d’acquérir de réels savoir-faire, et incite la direction à s’intéresser à de futurs développements en ligne. “En 1997, nous avons organisé une journée de formation de découverte et d’initiation à Internet. L’ensemble des salariés l’a suivie, y compris le personnel d’entretien”, souligne le pdg. Rapidement, un site vitrine public (www.cloitre-imp.fr) est mis en ligne. D’abord externalisé, l’hébergement est ensuite rapatrié dans les murs. Outre un développeur maison, l’équipe s’étoffe d’un ingénieur informaticien et d’un administrateur réseau, le but étant de fournir une prestation de service afin de mettre à disposition de certains clients une offre globale. Par exemple, un éditeur de livres (ce secteur représente 20 % de l’activité de la société) se verra proposer, gratuitement, en plus de l’impression et de la finition, la création d’un site personnel. Dans un marché fortement concurrentiel, cette démarche s’inscrit dans une volonté de fidélisation la clientèle. On imagine mal, en effet, un petit éditeur local se priver de diffuser sa production sur le Net.
UNE SYNERGIE ENTRE LE WEB ET LE MÉTIER DE BASE
Dans le même esprit, l’imprimeur breton a remporté l’an passé un appel d’offres conséquent, un catalogue d’outillage de 600 pages, en proposant la réalisation de bornes interactives implantées ensuite dans les centres de distribution du client. “Nous essayons toujours d’accompagner notre offre d’une application off ou on line, car cela nous permet, avant tout, de développer notre métier d’imprimeur”, précise Jean-François Cloître. Depuis, le service multimédia compte une cinquantaine de sites à son actif. Côté connexion, la fourniture d’accès est assurée par une liaison spécialisée Cegetel, qui loue une partie de son réseau à l’entreprise. Hier coûteuse, cette location n’atteint pas 50 000 francs cette année (7 622 euros). Parallèlement, Cloître Imprimeurs met en place une nouvelle informatisation de ses services, l’ancienne, une solution maison, n’acceptant pas les contraintes du passage à l’an 2000. C’est dorénavant sous Windows NT et Linux que s’effectueront les opérations. Cette adaptation a également pour objectif d’accueillir un intranet. “Ce dernier nous a permis de rationaliser un certain nombre de procédures et, par conséquent, d’être plus productifs”, souligne le pdg. Mais pour l’heure, l’équipe n’a d’yeux que pour le dernier-né de la famille : l’extranet. Accessible depuis le site public, il propose, en huit clics seulement, d’établir un devis sur mesure et en temps réel. Une petite révolution dans le monde de l’imprimerie car, jusqu’ici, seuls les devis portant sur des gammes standardisées étaient disponibles en ligne. Trois mois ont été nécessaires pour constituer la base de données où sont stockés les 48 000 prix et l’ensemble des combinaisons de produits réalisables par l’entreprise. Une fois son produit défini (plaquette, brochure, enveloppe, etc.), “le chercheur” choisit les différentes options dans un menu déroulant : format fini, nombre de pages, couleurs intérieures, grammage, exemplaires, etc. Pour obtenir un tarif, il lui suffit alors de s’identifier, en renseignant la zone ad hoc. Si l’internaute est déjà client, il n’a qu’à saisir le mot de passe qui lui a été attribué.
35 % DES DEVIS SE TRANSFORMENT EN COMMANDES FERMES
En quelques secondes, un devis personnalisé s’affiche à l’écran. Dans le quart d’heure suivant (la journée seulement ), un commercial Web se met en contact avec le “chercheur” pour affiner, si nécessaire, les critères du produit désiré et son prix. “Nous souhaitons être le plus proche possible de notre clientèle”, souligne l’imprimeur. Lorsque l’on sait que 35 % des devis se transforment en commande ferme, la méthode d’approche tombe sous le sens. Autre avantage de l’innovation, elle devrait faciliter la constitution d’un fichier de prospection, rapidement exploitable par mailing list. Ce qui réduira fortement les coûts de marketing direct. D’ici à la fin du premier semestre, histoire d’élargir son champ d’investigation commerciale, un site jumeau en anglais devrait aussi voir le jour. Bref, l’imprimerie Cloître n’en a pas terminé avec les nouvelles technologies. Mais fortune et avenir ne sourient-ils pas aux audacieux !
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