Les résultats trimestriels négatifs d’Eurofins Scientific ont été fraîchement salués par les marchés, malgré la manne que représente le secteur de l’analyse alimentaire. Son directeur financier, Hugues Vaussy, ancien contrôleur de gestion du groupe Lagardère, fait le point sur le parcours de l’entreprise, introduite sur le Nouveau Marché en 1997.Que répondez-vous aux marchés qui vous reprochent de sacrifier la rentabilité à la croissance après 2 ans de pertes ?Il existe une distorsion entre l’entreprise, qui établit un modèle d’affaires sur le long terme, et les investisseurs, qui jugent la performance à court terme. Dès la fin 1999, nous avons mis en place un plan de développement dont l’objectif était de tripler notre taille à l’horizon 2003. Les opportunités d’acquisitions se sont présentées plus rapidement que prévu : nous avons acheté le laboratoire allemand Dr Specht & Partner en 2000, le Néerlandais Analytico en 2001… Nous allons ainsi réaliser nos objectifs avec un an d’avance, et atteindre 150 millions de CA dès la fin de l’année. Il est vrai que ces acquisitions ont atteint nos résultats. Mais sans notre passage aux normes IAS [International Accountings Standards, ndlr], nos résultats seraient positifs. Elles nous imposent d’amortir les goodwill [survaleurs] sur 20 ans. Ceci s’est traduit par des charges de 2,6 millions d’euros sur l’exercice 2001. Next Economy nous donnait encore 3 ans pour les mettre en place, mais en tant que groupe international coté au Nouveau Marché et sur le Neuer Markt, nous avons préféré sauter le pas plus tôt. Ceci fait, nous allons nous concentrer sur nos résultats. Nous devrions atteindre l’équilibre financier dès la fin de l’année.Allez-vous stopper net vos acquisitions ?Il n’y aura pas d’opération majeure dans les prochains mois. Nous ne nous interdisons pas de saisir une occasion, mais nous serons plus vigilants sur le retour sur investissement des cibles. À plus long terme, nous poursuivrons notre concentration. Il faut atteindre une taille critique pour avoir une dimension internationale. Eurofins ne représente que 2 % du marché de l’analyse alimentaire, estimé à 1,5 milliard d’euros.Pour investir, il vous faut des fonds…Nos fonds propres se montent à 52 millions d’euros au premier trimestre 2002, et notre dette nette ne pèse que 34 millions d’euros. Nous pouvons investir indépendamment de notre cours de Bourse. En tout cas, nous ne ferons pas appel aux marchés avec une augmentation de capital.Vous vous êtes introduits en 2000 sur le Neuer Markt, alors que le Nasdaq est l’Eldorado des biotechs. Pourquoi ?Nous sommes plus présents en Europe qu’aux États-Unis. Nous ne réalisons que 19 % de notre chiffre d’affaires en Amérique du Nord. Lors de notre introduction au Neuer Markt, il comptait une vingtaine de biotechs, ce qui représentait un noyau susceptible d’intéresser les analystes. Enfin, nous n’avions pas une masse critique suffisante pour être coté parmi les 200 valeurs biotechs cotées au Nasdaq. Nous n’écartons pas l’hypothèse de nous développer prochainement outre-Atlantique, voire de nous y installer. Et pourquoi pas denvisager une cotation sur le Nasdaq ?
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