Officiellement, les antennes 5G de Huawei ne seront pas bannies du territoire français. Mais dans la pratique, il va devenir très difficile pour les opérateurs d’y avoir recours. Une grosse épine dans le pied pour les clients de l’équipementier chinois Bouygues Telecom et SFR.
L’absence de réponse vaut pour refus
Les décisions concernant les demandes d’autorisation d’antennes 5G des opérateurs seront envoyées la semaine prochaine par l’ANSSI, mettant fin ainsi à de très longs mois de suspense. Son directeur général Guillaume Poupard confie, dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien Les Echos, que seul Huawei sera visé par des interdictions.
« C’est un équilibre complexe, il faut prendre en compte les questions de sécurité, comprendre les contraintes des opérateurs télécoms et parfois, il faut être capable de leur dire non », explique-t-il.
L’absence de réponse vaudra pour refus, conformément au décret d’autorisation préalable paru en décembre dernier. Nous ne saurons donc que dans quelques jours l’ampleur du bannissement du géant chinois des télécoms dans notre pays.
Des autorisations de trois à huit ans seulement
Ce n’est pas tout. Lorsqu’une antenne Huawei sera accordée, ce sera uniquement pour une durée limitée :
« Ceux qui utilisent déjà des solutions Huawei se verront délivrer des autorisations d’exploitation limitée entre trois et huit ans. »
Or, il faut huit ans pour amortir des équipements télécoms. Cette contrainte devrait donc dissuader les opérateurs d’investir dans des antennes 5G Huawei lorsque le laps de temps est trop court.
Bouygues et SFR prêts à demander des compensations
En France, seuls Bouygues Telecom et SFR sont clients de Huawei. La moitié de leur parc d’antennes de communication est concerné. Les décisions de l’ANSSI vont ainsi lourdement les impacter. S’ils ne peuvent installer des antennes Huawei 5G, ils devront aussi remplacer tout le matériel 2G, 3G et 4G du fournisseur chinois. Les solutions des équipementiers ne sont en effet pas interopérables : impossible de faire fonctionner du Huawei avec des antennes 5G Nokia ou Ericsson.
Non seulement Bouygues Telecom et SFR vont devoir payer pour ce changement, mais cette opération va également retarder le déploiement de la 5G sur leur réseau mobile. Un désavantage indéniable vis-à-vis de Free et Orange qui n’utilisent que du Nokia ou du Ericsson. C’est la raison pour laquelle Bouygues Telecom s’est déclaré prêt ces dernières semaines à attaquer l’Etat pour distorsion de concurrence. SFR, de son côté, attend au minimum une indemnisation dans le cas où il devrait démanteler une partie de son réseau.
La réponse de Huawei
Dans le JDD du jour, Huawei s’est offert trois pages de publicité. Pas de smartphone ou de 5G à promouvoir mais son image. Le groupe se présente comme un défenseur de l’économie française. pic.twitter.com/EoUnPKoyRv
— Nicolas Lellouche (@LelloucheNico) July 5, 2020
Anticipant probablement les déclarations de l’ANSSI, Huawei s’est offert plusieurs pages dans le Journal du Dimanche hier. Il y vante ses investissements en France et sa contribution à notre économie et aux emplois.
L’équipementier chinois avait notamment annoncé au mois de mars dernier qu’il avait choisi notre pays pour implanter sa première usine d’antennes radio hors de Chine. Il espérait ainsi rassurer ses interlocuteurs français et faire preuve de transparence sur ses solutions 5G. Voilà qui n’aura pas suffi à convaincre.
Source : Les Echos
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