Huawei a révélé la semaine dernière avoir dépensé 21,04 milliards d’euros en achats de composants électroniques, soit une hausse de 73% par rapport à l’année précédente alors même que son business smartphones ralentissait. Pourquoi acheter plus quand on vend moins ? Pour faire des stocks, comme le révèle le Nikkei Asian Review.
Déjà sous le coup de sanctions américaines, dont les dernières le privent des capacités de production de TSMC, Huawei se prépare à une guerre totale du côté des composants. Connu du grand public pour ses smartphones, Huawei est aussi un champion des télécoms, des serveurs et du cloud. Et s’il développe ses propres puces pour les smartphones – mais va devoir se trouver de nouvelles usines – l’entreprise chinoise est très dépendante des États-Unis pour ses cœurs de métier professionnels.
Huawei est notamment dépendent de Xilinx, le leader mondial des FPGA, des processeurs entièrement programmables qu’il utilise aussi bien pour le prototypage que dans ses équipements télécoms. C’est d’ailleurs en grande partie pour Xilinx, dont les puces sont présentes dans les chasseurs F-35, que l’administration Trump a fait pression sur le Taïwanais TSMC pour qu’il lance la construction d’une usine de production de puces sur le territoire américain.
Et manque de chance pour Huawei, le principal concurrent de Xilinx est lui aussi américain… puisqu’il s’agit d’Intel. Le géant des puces a en effet racheté Altera en 2015, ce qui place 90% de la production mondiale de puces FPGA sous contrôle américain.
Des stocks de processeurs pour serveurs et de mémoire
Du côté des processeurs pour ordinateurs, serveurs et supercalculateurs, c’est encore pire pour Huawei : entre Intel et AMD, c’est 98% du marché des puces x86 qui est sous contrôle américain. Huawei a donc acheté des puces en masse auprès de ces deux acteurs, tant qu’il le peut encore. Le gouvernement américain n’ayant pas encore mis en place de barrières à l’achat.
Outre les processeurs, Huawei a aussi fait des stocks de mémoire. Largement dominé par les Coréens que sont Samsung et SK Hynix (75% de parts de marché à eux deux), le marché de la DRAM est donc dans le giron d’un état allié des États-Unis. C’est pourquoi Huawe aurait aussi cherché à recevoir des engagements de livraison de la part de ces deux entreprises.
Si cette stratégie du stock est utile à court terme pour la continuité du business, Huawei risque de souffrir à moyen terme si l’entreprise ne peut accéder aux dernières nouveautés technologiques. Sur le long terme en revanche, les États-Unis prennent le risque que Huawei – et la Chine – finissent par créer toute la chaîne de conception et production des semi-conducteurs que l’Empire du Milieu ne sait toujours pas produire.
Source : Nikkei Asian Review
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