« La bonne nouvelle, c’est que nous sommes encore en vie », a lâché crânement l’actuel président de Huawei Guo Ping, en inaugurant le Huawei Global Analyst Summit ce matin depuis Shenzhen. Reconnaissant que l’année 2019 avait été très compliquée et que les difficultés continueraient dans les mois à venir, le dirigeant avait prévu de disserter sur le thème « Collaborer pour une industrie des technologies de l’information et de la communication harmonieuse ». L’occasion de revenir surtout sur les mesures de rétorsion commerciale des Etats-Unis à l’égard de sa société et ses conséquences pour le marché mondial.
Comment l'industrie des TIC peut-elle bénéficier de la coopération ? Découvrez-le durant le discours d'ouverture de @GuoPing_Huawei, Président en rotation de #Huawei, au #HAS2020 le 18 mai à 10h. Plus d'informations : https://t.co/7lsMvdhvx0 pic.twitter.com/manfyKDjgM
— Huawei France (@HuaweiFr) May 16, 2020
Huawei en a profité pour répondre officiellement à la prolongation de son bannissement une année de plus sur le sol américain, qui l’empêche à la fois de vendre ses solutions 5G, mais aussi de recourir aux services d’Android pour ses nouveaux smartphones. Une décision qualifiée d’ « arbitraire et de pernicieuse », qui aurait un « impact sur l’expansion, la maintenance et les opérations des réseaux » de 170 pays où les solutions télécom de Huawei seraient utilisées par 3 milliards de personnes.
Pour Huawei, les Etats-Unis empêchent les opérateurs d’assurer la continuité de leur réseau en les obligeant à changer d’équipementier. Et cela créerait justement des problèmes de sécurité pour les communications, à l’opposé de ce qu’ils recherchent officiellement en l’écartant.
“Il n’y a pas d’alternative américaine à Huawei”
Le géant chinois des télécoms a appelé à maintenir la coopération et l’entente entre acteurs du marché et entre pays. « Davantage de scission ne bénéficie à personne », a souligné Guo Ping. Il a pris pour exemple les normes des différentes générations de téléphonie mobile. Il a souligné que faute d’entente et d’harmonisation, les Américains avaient précipité la chute de leurs propres équipementiers télécom, incapables de répondre aux demandes hétérogènes de leurs opérateurs. « Il n’y a aujourd’hui pas d’alternative américaine à Huawei », a martelé Guo Ping. A l’inverse, en Europe, les normes ont été très vite unifiées et les gros opérateurs auraient contribué à maintenir des équipementiers compétitifs.
En jetant le doute sur la fiabilité de Huawei, les Américains auraient sapé la collaboration et la confiance sur le marché des semi-conducteurs. Tous les gouvernements expriment désormais des inquiétudes sur le traitement local des données et cela pourrait aboutir à une défiance générale envers les technologies.
Les pays vont diversifier leurs fournisseurs
Dans l’immédiat, cela va surtout conduire les pays à diversifier leurs fournisseurs. Les chaînes d’approvisionnement américaines devraient donc être touchées au premier chef. « En fin de compte, cela nuira aux intérêt américains », a résumé le patron de Huawei. Pour soutenir ses propos, une déclaration du président Emmanuel Macron était projetée sur grand écran. Elle est tirée de son interview dans The Economist, où il expliquait que le pouvoir politique devait désormais intervenir sur les choix des fournisseurs des opérateurs pour assurer la sécurité des communications.
Guo Ping a affirmé que cette crise avait rendu Huawei plus résistant. Et il a repris, une fois de plus, la fameuse métaphore de l’avion criblé de balles (voir image plus haut), chère au fondateur de l’entreprise Ren Zhengfei. Un avion dont les impacts sont en train d’être réparés. « Nous sommes confiants dans notre aptitude à maintenir cet avion dans les airs », a conclu Guo Ping.
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