Le procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue, a inculpé le géant des télécoms de vol de secrets industriels et de contournement des sanctions contre la Corée du Nord, accusations qui s’ajoutent aux poursuites pour violation des sanctions américaines contre l’Iran engagées début 2019.
Selon les services du procureur Richard Donoghue, Huawei et plusieurs de ses filiales se sont livrés au vol de secrets industriels entre 2000 et 2020. L’équipementier est notamment accusé d’avoir tenté de recruter des salariés d’entreprises américaines de télécommunications, obtenant d’eux, au passage, des informations technologiques.
Un badge « Weihua » pour se camoufler
Ces données lui ont permis de mettre au point des produits similaires à ceux de ses concurrents, commercialisés à des prix de vente moindres, selon l’acte d’accusation révélé jeudi. Parmi les exemples cités dans ce nouveau document : lors d’un salon professionnel à Chicago, en 2004, un employé de Huawei a été découvert, en pleine nuit, en train de prendre des photos du serveur informatique d’un concurrent, qu’il avait démonté.
L’équipementier chinois a alors soutenu que l’individu, qui portait un badge sur lequel était inscrit « Weihua », était un employé subalterne qui s’était rendu au salon de sa propre initiative, bien que son CV mentionne qu’il était ingénieur senior en recherche et développement. En 2013, Huawei a même lancé, selon l’accusation, un programme interne offrant des primes aux employés qui obtiendraient des secrets industriels de concurrents.
La fille du fondateur toujours incriminée
Dans le document d’inculpation versé jeudi au dossier, le procureur affirme également que Huawei a pris part à « de nombreux projets de télécommunication » en Corée du Nord. Un dirigeant avait pourtant affirmé en 2012, sous serment, devant une commission parlementaire américaine, que Huawei n’avait pas d’activités dans ce pays.
Le nouvel acte d’accusation comprend 16 chefs d’inculpation au total, dont 3 nouveaux. Huawei avait plaidé non coupable des 13 premiers chefs, en mars. Cinq sociétés au total sont inculpées, toutes filiales de Huawei, de même que Meng Wanzhou et d’autres dirigeants du groupe, « qui n’ont pas encore été interpellés » et dont les noms ont été caviardés dans l’acte d’accusation.
Inculpée dès le départ, la directrice financière de Huawei et fille du fondateur du groupe, Meng Wanzhou, actuellement en résidence surveillée dans la région de Vancouver, reste citée dans le nouvel acte, sans être accusée de malversations supplémentaires. Plus d’un an après son interpellation, en décembre 2018, la justice canadienne n’a toujours pas statué sur son extradition réclamée par les États-Unis.
Le géant des télécoms a qualifié ces nouvelles accusations d’« infondées et injustes », accusant les procureurs américains de vouloir « nuire irrévocablement à la réputation et aux activités de Huawei, pour des raisons liées à la concurrence plutôt qu’au respect du droit ». « Ce n’est que le réemballage d’accusations portées au civil il y a près de vingt ans, qui n’ont jamais permis de justifier aucune pénalité substantielle contre Huawei », a ajouté le groupe dans un communiqué.
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