Le gouvernement Trump plante un clou de plus dans le cercueil des smartphones Huawei : dès cette semaine, Washington a édicté une règle empêchant toutes les entreprises de vendre des semi-conducteurs au chinois dès lors qu’ils emploieraient des technologies américaines.
Le hic pour Huawei, c’est que si certaines entreprises étrangères sont puissantes dans leur domaine – Samsung et SK Hynix pour la production de DRAM, TSMC et Samsung pour la finesse de gravure des puces, etc. – l’Oncle Sam est le king absolu des semi-conducteurs. De manière visible, avec des champions sans équivalent ailleurs – Intel, AMD, Qualcomm, Apple, Nvidia, etc. – mais aussi, de manière invisible, dans la conception et fabrication des puces. De Cadence Design Systems à Applied Materials, nombreux sont les champions américains inconnus du grand public qui sont au cœur de la production des puces.
Et pour le plus grand malheur de Huawei, ces champions sont dans toutes les « fabs » principales du monde, celles-là mêmes dont Huawei aurait bien besoin pour produire ses puces. La décision du gouvernement américain devrait ainsi « l’empêcher de se procurer des semi-conducteurs » selon un analyste de la banque Credit Suisse. Et un autre analyste de Gavekal Research d’ajouter qu’il s’agit là d’une « sentence de mort » non seulement pour ses smartphones, mais aussi pour ses équipements télécom. Un drame pour le numéro un mondial du secteur qui est, on le sait, dépendant des technologies américaines.
Riposte économique et accélération technologique
Aussi menacé soit-il, Huawei n’est pas encore mort. D’une part, parce que le champion technologique de l’Empire du Milieu est soutenu par son gouvernement et que ce dernier devrait monter encore d’un cran dans sa riposte. Il s’agit ici d’un combat entre deux états qui rendent coup pour coup – hausse des barrières douanières, blacklistages, etc. Où les USA ont, eux aussi, beaucoup à perdre.
Ensuite, non seulement Huawei est un mastodonte qui pourrait bénéficier d’aides gouvernementales pour se maintenir à flot, mais c’est surtout une entreprise d’intelligence qui est sous le feu depuis un moment déjà. Comprendre que la direction a déjà mis en place de nombreux plans B, que ce soit dans le développement logiciel ou dans le hardware. Côté logiciel, outre le renforcement de HMS et d’App Gallery, Huawei travaille d’arrache-pied à un « fork » d’Android. Quant au hardware, le plus gros chantier, les ingénieurs de Huawei sont en plein développement de puces RISC V (loin de pouvoir rivaliser avec ARM pour l’heure) mais aussi en phase d’acquisition d’outils industriels.
Huawei va cependant devoir partir de très (très) loin, puisque l’unité de production sans technologies américaines qui pourrait être opérationnelle d’ici la fin de l’année ne graverait qu’en 45 nm. A comparer aux 5 nm des TSMC et autre Samsung, cela paraît risible, mais la Chine pourrait rattraper une grande partie de son retard en quelques années… Notamment grâce à SMIC, qui ambitionne de graver en 14 nm d’ici 24 mois. En tentant de stopper net l’avance de Huawei dans la 5G, le gouvernement Trump a peut-être donné le dernier coup qui forcerait les Chinois à devenir 100% indépendant des Américains sur le plan technologique. Avec Huawei en grand champion.
Source : Ars Technica
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