L’IBM du XXIe siècle est né. HP et Compaq ont choisi le jour de la fête du travail américaine, férié, pour annoncer leur fusion. HP rachète ainsi Compaq pour un montant total de 25 milliards de dollars par échange d’actions. Les actionnaires du constructeur californien conserveront la majorité du ” nouveau HP ” avec 64 % des parts, contre 36 % pour Compaq. Carly Fiorina, la PDG de HP, restera aux commandes tandis que Michael Capellas, le PDG de Compaq, sera nommé président.Le nouvel ensemble talonnera IBM avec un chiffre d’affaires potentiel de 87,4 milliards de dollars contre 90 milliards pour Big Blue. De son côté, Dell avec ” seulement ” 33 milliards de dollars est largement distancé. Dans leur communiqué, les constructeurs ont également indiqué qu’ils espèrent réaliser près de 2,5 milliards de dollars d’économies grâce à la fusion, d’ici à la mi-2004, en faisant jouer les synergies au sein du groupe. Ils s’attendent à ce que le rapprochement se traduise, dès la première année entière suivant l’opération, par un accroissement du bénéfice par action pro forma de Hewlett-Packard.Le regroupement des deux géants américains de l’informatique devant leur permettre de mieux faire face à la concurrence dans un contexte de guerre des prix et de baisse des ventes.Toutefois, outre les incertitudes d’une fusion de cette taille (comme pour celle de Compaq/Digital), la conclusion de l’accord n’est pas prévue avant la moitié de l’année prochaine après le feu vert des autorités de surveillance de la concurrence américaine et européenne. Une bataille qui n’est pas gagnée d’avance notamment au vu des positions dominantes des deux constructeurs dans le secteur des PC, des serveurs, des agendas de poche et des imprimantes. Par exemple, la nouvelle entité HP-Compaq contrôle les deux tiers de la grande distribution informatique aux Etats-Unis. Lexmark qui était jusqu’à présent le principal fournisseur d’imprimantes pour Compaq pourrait aussi se retrouver dans une position délicate.Du point de vue des technologies, HP hérite des diverses gammes de serveurs de Compaq ?” Tandem (machines à tolérance de pannes) et Alpha (serveurs Unix haut de gamme), certes en déclin et en voie d’évolution vers les architecture Intel ?”, alors qu’il dispose de sa propre architecture de serveurs Risc/Unix, HP-PA.” Mais c’est sur ce segment de marché que la composante services devient plus importante, explique Andrew Neff, analyste chez Bear Sterns. C’est aussi grâce à Global Services qu’IBM arrive à masquer à ses clients la complexité de ces nombreuses architectures différentes (Wintel, RS/6000, AS/400 et mainframe). “ Cette acquisition permettra à HP d’atteindre la taille critique sans recourir à des acquisitions externes qui pourraient aussi s’avérer coûteuses.Pour l’analyste de Bear Sterns, qui avait prédit depuis le début de l’année la consolidation du marché informatique, cette fusion n’est qu’un début. “C’est désormais au tour de Dell de faire une acquisition. Le texan devrait racheter l’activité PC d’IBM (seulement les ventes directes), ainsi que Gateway. Tandis qu’IBM liera cette vente à un contrat à long terme avec sa division Global Services”, ajoute-t-il.
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