Il y a un an, Pierre Bouriez, le PDG de Houra.fr, s’enorgueillissait de la livraison d’un frigo sur l’Île de Bréhat. Un acheminement dépassant largement le millier de francs, à la charge du cybermarché. “Mais nous avons vite cessé de livrer les îles dépourvues de pont”, précise-t-il. En revanche, la dernière “modification des zones de livraisons” est drastique : début novembre, Houra a renoncé à desservir 64 départements.
Faible taux de connexion
“Nous tirons les conséquences malheureuses d’une France à deux vitesses”, soupire Pierre Bouriez, qui ne jure plus que par “la femme active urbaine qui court après le temps”. La faute, notamment, au faible taux de pénétration du haut débit en France (à peine 6 % des internautes y ont accès), déplore le patron de Houra.fr, à l’unisson des cybermarchands. Car “sur les deux tiers de nos clients, c’est-à-dire ceux qui se connectent depuis leur domicile, la pénétration de l’internet rapide est de 25 %”.Pour entériner la fracture numérique, Houra renonce aux départements qui n’enregistraient qu’une dizaine de commandes par semaine. Pierre Bouriez assure que “5 % des clients et 4 % des commandes sont concernés, et l’impact sur le chiffre d’affaires sera limité”. C’est l’effet sur les comptes d’exploitation qui est attendu : une livraison dans la Creuse de 10,2 euros (67 francs) pouvait coûter dix fois plus. Pour les opérations éloignées de son entrepôt de Seine-et-Marne, Houra avait recours aux services de Calberson. “Mais la messagerie express n’est pas adaptée au commerce en ligne”, confie Pierre Bouriez, sans mettre en cause le prestataire qui continuera à assurer quelques livraisons. Lancé en janvier 2000, le supermarché du groupe Cora était le seul à avoir une couverture nationale. De plus, son assortiment de 50 000 articles était dix fois plus large que celui de ses concurrents, et ne comprenait pas les produits frais. Au cours de l’année 2001, Houra a commencé à amender son modèle : comme les zones proposant les produits frais inscrivaient des taux de croissance de 40 % supérieurs aux autres, l’extension géographique de ce rayon est devenue prioritaire, quitte à mettre à plat le modèle logistique.Si le lancement était à refaire, Pierre Bouriez assure qu’il reconduirait le modèle initial. Et il refuse l’idée d’une normalisation de Houra. Avec 31 départements desservis, le cybermarché se distingue toujours des concurrents, focalisés sur la région parisienne, à lexclusion des villes de province ayant servi de zones tests initiales. Auchan a fait une inauguration de taille, le 17 octobre 2001, à Madrid.
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