Un coup ça monte, un coup ça descend et, moi, je m’énerve. La Bourse, c’est la vie et c’est pas drôle. “ Le monde s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente “, disait Blaise Cendrars. Aujourd’hui, il trouverait que la musique boursière a perdu le sens de la mesure. Face au symbole élastique de la modernité qu’est le Yo-Yo des cours, je me déclare hors jeu et m’embarque dans mon youyou pour ramer vers d’autres azimuts. “ I have a dream…“, je fais le rêve d’un monde où l’on pourrait compter sur du dur, du vrai, du fiable. Je songe à des entreprises où les salariés ne seraient pas que des coûts pesants dans la balance infamante de l’Ebitda. Honnis soient ces patrons qui mal y pensent, girouettes qui changent d’idée comme de chemise, honte à ces manageurs-gladiateurs, esclaves des actionnaires : d’une main, ils sabrent dans les dépenses des autres et, de l’autre, ils dépensent pour eux sans compter.Je veux des organisations où ce sont les hommes qui exploitent les idées et pas les business plan qui exploitent les hommes. On peut rêver. En attendant, on se contente de ce qu’on a, ces graphiques tourmentés comme les Pyrénées, ces stratégies à la petite semaine boursière, ces volte-face télécommandées par l’actionnaire des fonds de pensions américains, cette ménagère de Wichita (Kansas, épicentre des États-Unis) qui a remplacé la veuve de Carpentras dans les archétypes de la finance. Je jure que je n’irai jamais au Kansas. Pourquoi ne nous fait-elle pas davantage confiance, à nous les vrais aventuriers de la net économie, explorateurs du silicium, les Francisco Pizarro des Pérou techno, découvreurs de nouveaux Incas couverts d’or ? À cette époque, le patron des indiens s’appelait l’Unique Seigneur et vénérait le puma de Cuzco. Aujourd’hui, les patrons sont de multiples saigneurs et idolâtrent l’hyène de Wichita…
Bon, c’est pas tout ça, faut que j’aille gagner ma croûte, les marchés pas frais n’attendent que mes ordres : le Nasdaq composite décomposé, le Nikkei niqué, le CAC qui claque. À votre avis, je vends qui aujourdhui ?
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