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Hervé Rony (Snep) : ‘ Nous allons déposer des plaintes dans les prochaines semaines ‘

Après avoir un temps traîné les pieds, l’industrie du disque ouvre ses catalogues aux distributeurs en ligne. Mais elle entend aussi lutter contre les téléchargements illégaux. Hervé Rony, directeur général du Snep, évoque ces
sujets.

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes très heureux d’accueillir Hervé Rony. Bonjour à vous.allofmp3 : Quel est le rôle du Snep ? Le Snep réunit les majors et une trentaine d’indépendants. Son rôle est de promouvoir le métier de producteur et de défendre leurs droits.Saturne : A quand des CD à des prix raisonnables ? Je suis allé hier à la Fnac. J’ai acheté des CD à moins de 10 euros. C’est raisonnable. D’une manière générale, un CD qu’on garde une vie entière pour 16 euros est-ce déraisonnable par rapport à une paire de chaussures de
sport à 130 euros fabriquées à Taiwan ?Bernard : Comment justifier le prix de vente d’un CD audio à 20 euros et plus quand on sait qu’il est produit pour un coût unitaire de 2 à 3 euros ? Vous oubliez l’essentiel : les frais de commercialisation, les frais de promotion, les redevances artistes (10 à 20 %), celles des auteurs (9 %) et bien sûr la TVA à 19,6 %. En fait, le prix du disque est la
résultante d’éléments que le consommateur identifie mal et qui sont pourtant très importants.Garfielddthecat : Pourquoi payerait-on pour quelque chose qui est actuellement accessible gratuitement ? C’est en effet tout le problème ! Je dirais que vous avez sur le peer-to-peer des problèmes de virus, des risques judiciaires et peut-être aussi une réflexion à mener pour vous persuader que la production
musicale ne résistera pas longtemps à la gratuité. Je crois que le plus difficile à faire passer comme idée, c’est bien celle du lien entre gratuité d’accès et à terme l’effondrement du renouvellement de l’offre. Personne n’y croit et c’est pourtant
ce qui va arriver.Cassius : Moins de 10 euros le CD ? Aucune nouveauté à ce prix ! mcsaturne : Moins de 10 euros ? Un album, ou un CD 2 titres ? Des nouveautés, on en trouve à 13 euros, les CD à moins de 10 euros concernent des albums de moins de six mois. La moyenne du prix du CD est d’environ 15 euros.Mike S. : Pourquoi avoir fait un doigt d’honneur aux internautes ? mpboom : Comment ressentez-vous l’animosité suscitée par une certaine campagne de pub pas très glorieuse pour envoyer bouler tous les
‘ pirates ‘ de musique ?
Ce n’est pas un doigt d’honneur aux internautes. C’est un doigt d’honneur de celui qui échange des fichiers à l’égard de ceux qui devraient être rémunérés.Guest6 : Vous défendez la créativité musicale ! Mais les idées de l’Adami sont beaucoup plus axées sur ça. Qu’en pensez-vous ? Guest6 : Pourquoi refuser le débat avec l’Adami ? Je ne refuse aucun débat avec l’Adami. Nous devons seulement constater un désaccord radical sur la gestion des droits sur Internet. Chacun ses positions. J’ai la conviction profonde qu’une licence légale sur le
peer-to-peer est économiquement irréaliste.Twiwter02 : Bonsoir à tous. Voici ma question : la lutte contre le piratage n’est-elle pas vouée à l’échec ? Non je ne crois pas. Mais soyons précis : ce que nous voulons c’est d’abord obtenir une prise de conscience. Ensuite, nous pensons que l’arrivée d’offres légales, qui vont s’améliorer rapidement, devrait attirer un certain
nombre de consommateurs. C’est ce qui se passe aux Etats-Unis.Mike S. : Hervé, le peer-to-peer n’est-il pas le bouc émissaire des difficultés actuelles du marché du disque ? NON. L’échange gratuit, qui a été boosté par l’ADSL, est la cause principale des problèmes. Le CD est arrivé à maturité c’est vrai et est concurrencé par d’autres biens de consommation, mais dès lors que l’accès à la musique est
gratuit, le consommateur arbitre contre l’achat de CD. Si on vous donne du pain, vous allez chez le boulanger ?mpboom : L’arrivée d’iTunes MusicStore vous satisfait-elle ? L’arrivée d’iTunes est une bonne nouvelle comme celle de Virgin Mega et demain de la Fnac. Attention ceci étant à une chose près : il faudra que le consommateur puisse lire ce qu’il télécharge sur n’importe quel baladeur. Nous
devons, nous maisons de disques, être vigilants sur ce point.Guest6 : Le prix des téléchargements sur les plates-formes légales n’est-il pas exorbitant ? 1 euro le titre c’est pareil que 20 euros l’album ! dwarffy : Que pensez-vous de iTunes qui
‘ offre ‘ les titres pour plus d’1 euro?
1 euro c’est moins cher que 5 euros le CD single en magasin, non ? Le prix des téléchargements doit tenir compte des frais qui, s’ils ne concernent plus la fabrication, concernent toujours les frais de promotion et les
redevances artistes-auteurs. Encore une fois, c’est important de le comprendre.dan : Croyez-vous que la crise du disque est due au peer-to-peer ? Guest6 : Des études que vous ne connaissez point montre un moindre effet du p2p sur les vente de disques. L’avez-vous
envisagé ? Autres causes possibles : support CD en fin de vie, prix du CD trop élevé, produit commercial et pas de vrais artistes, nouveau mode de consommation (sonneries polyphoniques, dvd), etc.
Contrairement à ce que vous croyez, je lis ces études, merci. Mais une chose est claire pour moi : il n’y a aucune crise de la production. Notre pays est en pointe en Europe pour le nombre d’artistes signés et pour le nombre de
CD français vendus, la Star Ac’ ne représentant que 3 à 4 % max des ventes.mcsaturne : A quels prix seront vendus les titres par le biais des offres légales dont vous parlez ? C’est déjà disponible et le prix varie en gros de 0,80 à 1,40 euro TTC.Ratiatum : L’industrie du disque ne doit-elle pas faire comme toutes les industries : devenir une industrie de services (à inventer) et non de biens (les CD) ? Certes, mais il faut faire les deux pendant encore un certain temps. La dématérialisation est un fait au demeurant positif, mais ce n’est pas un substitut parfait à la vente physique en magasins. Beaucoup de consommateurs vont
continuer à n’aller qu’en boutiques, les plus âgés, d’autres feront les deux : du téléchargement et des achats en magasins.fafa : Je trouve votre discours particulièrement inquiétant. Les internautes sont des pirates, les prix des CD sont raisonnables. Alors comment expliquez-vous cette crise si tout va bien ? Il n’y a rien d’inquiétant. Tous les internautes ne sont pas des pirates et oui, désolé, il faut faire toujours des efforts sur les prix, mais pas au point de supprimer les marges des producteurs qui investissent dans de nouveaux
répertoires ou artistes.Kss : Quand vous dites que vous allez inciter les internautes à payer pour acheter des musiques, de quelle manière allez-vous procéder ? Les distributeurs détaillants vont promouvoir leurs offres. C’est leur boulot. Pour notre part, nous avons dit que nous devions envisager des poursuites judiciaires alors même que des offres légales deviennent accessibles.TuTuX : Avant les gens se copiaient la musique sur cassette et tout le monde trouvait ça très bien. Expliquez-moi donc pourquoi c’est si différent avec les MP3 ? La copie autrefois restait une démarche entre un nombre restreint d’individus. Avec le peer-to-peer, la soi-disant copie privée indolore que les gens réaliseraient en allant sur Kazaa est en réalité la
distribution illégale d’un titre à 150 millions de personnes dans le monde !! Vous trouvez que c’est pareil ???Guest6 : Les majors touchent plus de 8 euros sur les CD, est-ce normal ? Elles reversent de l’argent à leurs salariés, aux artistes et aux auteurs. Et elles ont leur propre marge, serait-ce un scandale ? Je crois que vous ne réalisez pas que des centaines de salariés modestes vivent de l’acte d’achat
légal que j’aimerais que tout le monde fasse, merci.SHUNER : Le manque à gagner par la perte de vente de CD enregistrés n’a-t-il pas été comblé par la vente de CD vierges et de graveurs ? Non, les sommes collectées à ce titre représentent environ 15 millions d’euros. Ce n’est rien comparé au CA du disque de 1,1 milliard d’euros.slasher_fun : Sachant que les artistes touchent environ 1 ct par morceau vendu sur Internet, comment comptez-vous séduire les gens avec l’argument ‘ le piratage ruine les
artistes ‘
 ?
D’abord la redevance dépend de chaque contrat d’artiste donc votre 1 ct me semble bien étrange. Ensuite je ne vois pas ce que vous voulez dire, puisque en moyenne, je le répète, les artistes touchent entre 10 et 20 %.
Demandez aujourd’hui aux auteurs de la Sacem s’ils reçoivent autant de droits qu’avant !Ratiatum : Quelle part de la chute des ventes de CD attribuez-vous au piratage, et quelle part à l’ensemble de la crise économique ? Difficile de répondre avec des chiffres précis. Disons que nous estimons que si le peer-to-peer n’était pas là, nous aurions probablement un marché stable ni en forte progression ni en baisse sensible.Spurs.Fan : N’avez-vous pas plus peur que la consommation passe directement des artistes vers les consommateurs, donc sans majors, plus que du peer-to-peer ? Non, peu importe les majors, il faut arrêter de se focaliser sans cesse sur elles. Il y aussi des centaines de labels indépendants qui souffrent. La relation artistes-consommateurs directe me semble irréaliste car l’artiste crée et a
besoin de s’appuyer sur des structures professionnelles, même si les relations sont parfois difficiles. Mais c’est la vie !thunder : Juste une question très simple : si vous baissiez vraiment le prix des CD, ne pensez-vous pas que vous en vendriez beaucoup plus ? Et donc que vous réaliseriez des marges substantielles ? Vous posez une excellent question. Dans le domaine des biens culturels (livres, cinéma) le consommateur achète par un réflexe affectif. Du coup même si vous baissez très fortement l’album de tel artiste, si vous n’aimez pas son
style, un prix bas ne vous séduira pas.Mika : Ne pensez-vous pas que les artistes fabriqués par les médias, en particulier la télé, soient responsables de la baisse du nombre des ventes ? Je ne crois pas. On a vu concomitamment les succès de la Star Ac’ et de Carla Bruni.Guest6 : Le Snep ne va donc pas s’arrêter à de la simple information. Il va passer à la répression comme aux Etats-Unis ? Journaliste_01net : Allez-vous entamer prochainement des poursuites contre les internautes qui
téléchargent illégalement sur les réseaux P2P ?
Oui, comme nous l’avons annoncé afin de ne prendre personne par surprise, nous allons déposer des plaintes dans les toutes prochaines semaines.NaWer : Comment nous convaincre de la qualité des musiques achetées en ligne ? Quels formats sont/vont être utilisés ? Les formats Windows Media sont largement utilisés. D’une manière générale, les formats retenus assurent une très bonne qualité sonore, supérieure à celle des fichiers piratés.Kss : Allez-vous poursuivre les internautes qui ont téléchargé un grand nombre de musique ou peu importe le nombre de téléchargement ? Peu importe le nombre !Ratiatum : Avez-vous besoin de la révision de la loi informatique et liberté (qui vous permettrait de collecter les adresses IP) pour entamer les procédures judiciaires en France ? C’est en cours en effet, mais je veux aussi dire que nous voulons agir dans les respect des libertés individuelles puisque nous n’avons pas accès à l’identité des internautes. C’est la police et la justice qui agissent sur ce point.Mike S. : Comment expliquez-vous que des artistes comme Miossec ou Jarre ne vous suivent pas ? Jarre ? Il n’y pas si longtemps il était porte-parole de notre fédération internationale. Pour Miossec et d’autres artistes en effet, certains pensent qu’il n’y a pas encore de vrai danger, mais je peux vous dire que cela change
très vite compte tenu de l’effondrement des ventes.NEMROD34(2) : Les internautes ont une habitude ‘ on essaie d’abord, ensuite on paie ‘ , êtes-vous prêts à ce genre de choses ? A la diversification de vos produits ? A
lancer de nouveaux talents (la production, ou je ne sais comment vous appelez ça, ne coûte quasiment rien) ?
Les sites légaux proposent des extraits.Ficarcy3 : Certains petits groupes disent qu’ils ne vivraient pas sans le téléchargement de leur musique qui leur permet de se faire connaître, qu’en pensez-vous ? Je ne doute pas que des artistes puissent être heureux de faire connaître leur musique. Ceci étant, la plupart ne peuvent en rester là. Pour se faire connaître, il faut passer par un circuit professionnel.SHUNER : Et où trouver les morceaux qui ne sont plus édités, car pas assez rentables ?Cela va venir, car c’est la chance que nous offre Internet avec la disparition de la limite physique des linéaires en magasins. A terme tout sera en effet numérisé et donc disponible.gornipe : iTunes vend le titre à 0,99 euro. Peut-on imaginer qu’à court terme ce prix puisse encore baisser dans les boutiques de musique en ligne ? Ecoutez, je ne suis pas, et le Snep à lui tout seul non plus, responsable de la politique des prix. Je le répète : un prix raisonnable doit intégrer les marges.Fred : Des sites étrangers proposent de payer les téléchargements au volume et non à l’unité. N’est-ce pas un bon moyen de favoriser le développement des plates-formes légales ? Pourquoi pas ?Merci beaucoup Hervé Rony, le mot de la fin ? Merci pour votre accueil. Une seule chose pour moi qui compte : que l’on pense un peu plus aux milliers de personnes passionnées de musique qui travaillent dans les labels.

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La rédaction