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Henri Dura, président directeur général de Neopost France : ” Des machines de plus en plus connectées “

Le leader français du traitement du courrier est passé aux nouvelles technologies en douceur.

Neopost est le premier fournisseur européen d’équipement de salles de courrier papier et de solutions logistiques. La société cotée au Premier Marché affiche une capitalisation de 1,3 milliard d’euros et un titre en hausse de 35 % depuis le début de l’année.Vous venez de boucler le rachat de la société suisse Ascom Hasler. Quel est votre positionnement aujourd’hui ?Le rachat d’Ascom Hasler [division systèmes d’affranchissement d’Ascom, ndlr] fait de nous le deuxième acteur mondial derrière Pitney Bowes, avec 25 % de parts de marché. Une fois l’accord finalisé en Europe, nous gagnerons 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, 40 % de ce dernier est réalisé aux États-Unis, et 35 % en France. Mais nous sommes aussi présents dans environ 50 pays.Quel a été l’impact des NTIC dans le traitement du courrier ?Il faut savoir que 50 % du courrier passe par des machines à affranchissement en France. Aujourd’hui, la salle courrier est un véritable centre logistique de l’information. On est passé de la technomécanique à une véritable architecture client-serveur. Certes, il y a toujours du papier, mais les machines sont de plus en plus connectées et sont devenues des imprimantes totalement numérisées et sécurisées. En outre, si elles restent un moyen d’affranchissement, elles automatisent aussi les remontées d’information et les paiements vers La Poste. Et la baisse des coûts de ces solutions et les logiciels de compression toujours plus puissants permettent de multiplier les fonctionnalités. On peut entièrement digitaliser le flux physique. Les machines sont devenues des outils de gestion.Quelles sont les nouvelles fonctions que vous avez pu développer ?Traditionnellement, on sépare le flux de courrier en deux : le courrier marketing et le courrier de gestion. Mais il y a de plus en plus de plis qui mélangent les deux. Les logiciels permettent de cibler les encarts publicitaires selon le destinataire. Un code est ainsi appliqué à une facture pour appeler l’encart adéquat lors de la mise sous pli. En outre, pour les grands facturiers, l’affranchissement d’une facture représente 50 % du coût de fabrication du document. Des solutions comme le tri des envois et la fusion des documents adressés à la même personne sont donc autant de sources d’économie. Les machines sont dotées d’un outil de gestion des dépenses d’affranchissement qui centralise les transactions par produit postal et par section budgétaire. Une information de plus en plus précise qui fait aussi le bonheur de La Poste pour la gestion de la relation client.Comment s’organisent vos relations avec La Poste ? Quels problèmes peuvent se poser avec l’ouverture du marché postal ?La Poste nous a aidé à développer le parc de machines connectées, d’abord avec des incitations sous forme de primes, puis en obligeant ses clients à s’équiper à partir d’un montant minimum de facturation pour accélérer le retour d’information. L’ouverture à la concurrence engendre deux scénarios. Sur le marché du colis, chaque opérateur a imposé sa machine, et on assiste à une concentration de logiciels sur une même machine. Espérons que pour les plis, on évite de démarrer à plusieurs machines en intégrant des software sur celles déjà installées.Quel avenir se dessine pour le marché du traitement automatisé du courrier ?Le parc français est constitué de 260 000 machines, et devrait en compter 340 000 d’ici à trois ans, qui seront de plus en plus connectées. Et la mise en place à partir de la rentrée de machines pour les très petits flux devrait accentuer le phénomène. La concurrence du courrier électronique n’affectera que très peu cette tendance. Mais nous entendons toutefois nous positionner sur le marché du courrier digitalisé avec des solutions de gestion de courrier électronique, car, tôt ou tard, les entreprises proposeront le choix entre la version papier ou la version électronique à leur client.À quand la vente de timbres sur la toile ?Le procédé existe déjà outre-Atlantique. L’USPS [la poste américaine] a mis en place une norme spécifique qui permet d’utiliser des timbres cryptés. Elle s’applique d’ailleurs à toutes les machines. On peut imprimer des planches de timbres, en télécharger une quantité prédéterminée, et les imprimer un à un sur les enveloppes. En France, le développement de ce système ne dépend que de La Poste. Il faut que le prix accordé soit intéressant pour le prestataire et pour le client final.

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Célia Penavaire