Tout le monde parle de la reprise, mais personne ne la voit. En tant que fournisseur de solutions e-business, quel est votre diagnostic ?Si vous m’aviez posé la question au début de l’année, je vous aurais répondu sans hésiter : “au deuxième semestre”. Maintenant, j’en suis moins sûr. Je table plutôt sur le dernier trimestre. Pour au moins deux raisons : d’abord, avec Noël, la saison des fêtes, l’activité reprend. C’est un phénomène saisonnier. Ensuite, et surtout, parce que la plupart des entreprises ont l’habitude de clôturer leur exercice fiscal au 31 décembre. Or, elles ne peuvent éternellement remettre au lendemain les prises de décision, notamment en ce qui concerne les investissements de type e-business. Mécaniquement, ça doit repartir.Ce n’est donc pas encore le casIl y a un ralentissement des projets e-business dans les entreprises. Les gens prennent leur temps. Le problème, c’est que tous ces concepts liés à la nouvelle économie ont été “survendus”. Du coup, les décideurs attendent… Mais je constate qu’ils n’annulent pas : ils diffèrent. Autre changement par rapport aux prédictions effectuées il y a 2 ans, ce ne sont pas les petits fournisseurs de soft qui vont gagner, ce sont les gros. Cela a déjà commencé.Cette situation est-elle linéaire, ou dépend-elle des marchés et des secteurs d’activité ?Il faut nuancer. Le pays le plus en pointe pour l’e-business, c’est incontestablement les États-Unis. L’Europe est derrière, mais elle rattrape. Quant à juger par secteurs d’activité, c’est assez compliqué : globalement, les entreprises industrielles ont bien compris la nécessité d’une démarche e-business pour optimiser leurs processus internes. Mais au niveau de la distribution et du commerce de détail, c’est-à-dire au contact du client, ça coince. Autrement dit, vous pouvez avoir le système électronique le plus sophistiqué du monde, s’il manque un seul maillon dans la chaîne, c’est tout le dispositif qui est remis en cause.D’où l’offensive vers les PME ?Exactement. Mais pour les convaincre, il faut leur proposer des offres très diversifiées, car le terme PME regroupe une grande diversité de configurations. L’idée de SAP est de simplifier l’approche technique et commerciale, en regardant au cas par cas. Mais, j’insiste, il n’y a pas de contradiction entre le fait d’être un groupe international, qui déploie une activité grands comptes, et la volonté d’attaquer les petites entreprises. Les grosses sociétés ont une myriade de succursales, de filiales et de distributeurs. Il faut relier tous ces systèmes entre eux. Il s’agit d’un seul et même mouvement.Quels logiciels vendez-vous le plus actuellement ? Et sur quelle plateforme ?Difficile à dire. Les clients veulent parfois la totalité de nos modules, ou seulement une partie… Je dirai que nous réalisons 70 % environ de notre activité avec des solutions e-business, et 30 % dans les PGI [progiciels de gestion intégrés, ndlr]. Côté plateformes, nos logiciels tournent d’abord sur HP-Compaq, et ensuite sur du matériel d’origine IBM. Ce groupe est un partenaire, bien plus qu’un rival. Dans 90 % des cas, nous ne sommes pas en concurrence avec lui.Pour la tarification de vos modules, avez-vous les mêmes problèmes que Microsoft ?Non. Notre proposition commerciale est très simple : les clients peuvent acheter les logiciels, ou les louer. La plupart du temps, ils les achètent. Ils ont droit, du même coup, à la maintenance et aux mises à jour. Sauf quand il s’agit de nouveaux produits. C’est tout.Pourquoi Andersen n’assure-t-il plus l’audit de vos comptes ?Nous voulions continuer avec eux, d’autant qu’ils avaient promis des changements. Mais comme ceux-ci tardaient à venir, nous avons préféré faire affaire avec KPMG. Je crois que c’est un bon choix : ils ont séparé l’audit du conseil avec beaucoup de netteté.Vous semblez assez peu intéressé par la croissance externe. Pourquoi ?Nous pouvons être amenés à racheter de petites sociétés, mais uniquement pour leur technologie. Les grosses ne nous intéressent pas a priori. Il faudrait vraiment qu’on en ait besoin.Pourriez-vous, par exemple, racheter Ariba ? Où en êtes-vous avec Commerce One ?Je ne vois pas pourquoi nous rachèterions Ariba ! Pour leurs produits ? Les nôtres sont meilleurs. Leurs parts de marché ? Nous n’avons pas pour habitude d’en acheter. Leurs employés ? SAP a tout ce qu’il lui faut en termes de ressources humaines ! Et cela reviendrait très cher… Quant à Commerce One, nous sommes très satisfaits du niveau actuel de notre participation au capital (20 %). Je ne vois pas de raison, dans l’immédiat, pour le faire évoluer. Mais je reconnais qu’ils souffrent plus que nous. C’est bien normal : comme je vous le disais tout à l’heure, ils sont plus petits.Vous sentez-vous Allemand, Européen ou International ?International. Vous savez, l’Allemagne aujourd’hui ne représente plus que 19 % de notre chiffre d’affaires ?” et cela même si nous continuons d’y effectuer l’essentiel de nos travaux de recherche. L’Europe, quant à elle, absorbe la moitié de notre activité, l’Asie 12 %, et les États-Unis tout le reste. C’est donc un marché très important pour nous.
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