Passer au contenu

Hébergement : les serveurs compacts 1 U plébiscités

Compacts, les serveurs en rack au format 1U sont désormais au catalogue de tous les constructeurs. Le succès commercial semble déjà assuré chez les hébergeurs, mais les motivations d’achat restent très exigeantes.

Dans les centres d’hébergement, l’époque où les sites web fonctionnaient sur des PC de bureau paraît définitivement révolue. Depuis un an, ces ordinateurs encombrants et pas toujours conçus pour assurer une activité continue ont laissé place à des modèles industriels au format compact (ou rack), empilés dans des armoires appelées baies. Les dimensions d’un serveur en rack sont standardisées ; la hauteur s’exprime en “U” (1 U correspond à 1,75′, soit 4,45 cm). Les baies les plus courantes, quant à elles, mesurent 42 U de hauteur pour 19′ de large.Le profit d’un hébergeur est devenu proportionnel au nombre de serveurs empilés dans une baie. Pour l’accroître, 2 solutions : augmenter la hauteur des baies, jusqu’à 52 U comme chez AboveNet, et diminuer l’épaisseur d’un serveur en rack, ce que viennent de réaliser de nombreux fabricants avec leurs nouveaux modèles 1 U (voir tableau). S’il a fallu 2001 pour assister à l’arrivée de tels serveurs sur le marché, c’est que les constructeurs d’ordinateurs ont dû surmonter de nombreuses contraintes technologiques, liées notamment à l’échauffement des composants et à la présence de processeurs Pentium dans des châssis aussi compacts.

2 configurations, 2 emplois

Parmi les récentes annonces, on distingue clairement 2 types de configurations. Économiques, les premières font état de processeur Intel Celeron ou AMD K6 et de disques durs sur interface ATA (IDE) ; des composants que l’on retrouve dans des PC d’entrée de gamme, tels ceux vendus en grande surface à chaque rentrée scolaire. Les autres embarquent des composants plus performants, comme des disques durs sur interface SCSI et des cartes mères mono ou biprocesseurs Pentium III. Ces différences techniques orientent logiquement les premières configurations vers les tâches frontales d’une infrastructure internet (équilibrage de charge ou coupe-feu), tandis que les secondes se destinent davantage à l’hébergement de sites web. Toutefois, chaque hébergeur restant maître de son infrastructure, il n’est pas rare que certains cassent les prix en hébergeant des sites sur des serveurs économiques, tel Promotion Web. Son responsable technique, Michel Caestens, justifie ce choix : “Nous utilisons des PC industriels très optimisés, à base de Celeron 500 et de disques ATA à 7 200 tr/mn, ce qui suffit pleinement pour l’hébergement. De toute façon, l’internaute ne verra pas de différences entre cette machine et une autre plus optimisée, du fait des délais générés par les passerelles qui sont sur sa route.”Un raisonnement que ne partage pas Pierre Gohon, responsable technique chez Free : “Nous employons des disques SCSI parce que nous n’avons pas le choix. Avec des disques ATA, la machine passe son temps à jouer avec le disque dur et le processeur est tué par la gestion des accès au disque”Quant aux systèmes d’exploitation préchargés, les avis sont partagés. Bernard Berry, directeur technique de France Télécom Hébergement, apprécie particulièrement la rapidité d’installation que cela procure. “Nous nous sommes rendus compte que nous pouvions gagner des affaires sur les délais de mise en ?”uvre, comme de mettre en ligne un client en 48 H.” Pour sa part, Elsa Charraux, responsable des achats chez Fluxus, estime que les “OS préinstallés ne représentent pas un grand avantage car nous réinstallons toute la partie logicielle en fonction de nos besoins”.

Les grands constructeurs plébiscités

Outre la qualité des produits, les services proposés par les constructeurs de serveurs en rack restent des critères majeurs d’équipement. Elsa Charraux joue ici la carte de la prudence. “Tout matériel, aussi bon soit-il, finit toujours par tomber en panne. De préférence un vendredi soir. Nous ne pouvons pas travailler avec des fournisseurs qui assurent du service 5 j/7 entre 9 h et 17 h. Nous avons besoin de gens capables de répondre en 24 x 7.”Même son de cloche chez le fournisseur d’accès World Online : “Il existe de très bons constructeurs de PC industriels, mais beaucoup pèchent par leur support “, estime Didier Soucheyre, responsable technique. Beaucoup, mais pas tous. Liliane Rossi, directrice de la division industrielle chez InfoDip (intégrateur de PC industriels), s’est organisée en conséquence : “Nous travaillons avec un partenaire en maintenance, Franconex, qui fait de la garantie sur site avec intervention dans les 24 H. Mais, ajoute-t-elle prudemment, la solution pour éviter tout incident technique consiste à prendre le matériel le plus sécurisé possible : redondance électrique et des serveurs, disques en Raid 5. Ce qui, estime-t-elle, ne doit pas être plus onéreux qu’un matériel standard associé à un contrat spécifique de maintenance, avec intervention en très peu de temps.”

De gros besoins d’installation

Enfin, la certification des plates-formes constitue le troisième et dernier critère d’équipement. Un fabricant incapable de s’engager contractuellement sur une garantie de bonne fin, c’est-à-dire dans l’impossibilité de livrer la même configuration pour honorer une grosse commande, ou qui ne dispose pas d’un gros stock de pièces détachées, ne sera pas retenu par un gros hébergeur dont les déploiements courent parfois sur plus d’une année.

Le déploiement des serveurs en rack 1 U

Quant à l’installation physique des serveurs en rack 1 U dans une baie de 42 U, il serait utopique de vouloir en placer 40 ou 42. Même si la salle d’hébergement dispose d’une climatisation suffisante pour limiter la dissipation de la chaleur de ces machines, le câblage risque de poser problème. Un remplissage maximal imposerait en effet 42 câbles d’alimentation électriques et 42 câbles réseaux (84 si les interfaces sont doublées), allant de paire avec des alimentations électriques et des routeurs tout aussi bien dimensionnés. Tous les hébergeurs ne sont pas prêts à s’y investir. D’ailleurs, à ce niveau de densité, certains envisagent une autre forme d’hébergement, tel Patrice Demeocq, directeur technique d’IXEurope, qui réfléchit sérieusement à l’acquisition d’un grand système pour mutualiser les petits serveurs. “Grâce à ce type d’équipement, nous nous dirigeons vers un nouveau modèle économique où le client paiera pour ce dont il a besoin. On ne peut pas quantifier le nombre de petits serveurs qui seront remplacés, nous tablons plutôt sur la capacité d’un grand système à s’adapter à nos besoins et à ceux de nos clients. Je ne pense pas que lavenir aille vers une miniaturisation à outrance.”

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Lionel Sarrès