Si, ces dernières semaines, LDCOM pouvait laisser penser que ses ambitions dans les hauts débits étaient revues à la baisse, l’opérateur vient de montrer qu’il n’en était rien. Il a ainsi signé, au début du mois de décembre, la convention de dégroupage qui lui permet d’installer ses DSLam (fournis par Lucent Technologies et Alcatel) et de dégrouper des lignes d’abonnés.Petit retour en arrière. Les opérateurs intéressés par le dégroupage avaient jusqu’au 30 septembre 2001 pour signer la convention de dégroupage (fixant les tarifs et les conditions techniques) proposée par France Télécom et approuvée par l’ART (Autorité de régulation des télécommunications). Trois opérateurs, Cegetel, 9 Télécom et LDCOM, avaient refusé cette convention, la jugeant discriminatoire ?” Colt, Easynet, Siris, FirstMark Communications et Kaptech l’ayant acceptée. Seulement, LDCOM a estimé que, si ce refus lui interdisait de commander de nouvelles salles à France Télécom, elle ne l’empêchait en aucun cas d’installer ses DSLam dans les salles commandées avant le 30 septembre, sur la base d’un protocole d’accord dans le cadre des expérimentations.
Une signature sous contrainte
Une interprétation que réfutait, évidemment, France Télécom. Le tribunal de commerce de Nanterre a tranché lors d’un référé remporté par LDCOM, qui a pu, ainsi, installer ses équipements dans une quarantaine de salles. Mais alors, pourquoi avoir refusé de signer pendant un mois pour ensuite faire volte-face en acceptant la convention ?“Nous voulions à tout prix montrer aux autorités, notamment à l’Autorité de régulation que nous signions sous la contrainte. Nous avons désormais les bases juridiques pour contester cette convention, en même temps que nous la signons”, explique Frédéric Gastaldo, directeur général de LDCOM. Et de poursuivre : “Nous allons déposer une demande en arbitrage à l’ART concernant le prix des filtres.” Ces fameux filtres permettent, comme leur nom l’indique, de filtrer les flux de trafic et sont facturés par France Télécom aux opérateurs 150 ?, alors que leur coût n’est que de 10 à 20 ?.L’opérateur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et promet que “cette première demande en arbitrage n’est que le début d’une longue série. Les suivantes concerneront vraisemblablement le prix de location de la ligne (supérieur au prix de l’abonnement France Télécom) et les conditions techniques du dégroupage que nous souhaitons voir devenir proches des conditions de l’interconnexion “.
La BLR en piteux état
De plus, LDCOM prévoit de mener des contestations devant toute juridiction armée pour défendre sa position, tout en regrettant que l’ART n’ait pas utilisé de manière plus stricte le règlement européen qui lui donne suffisamment de pouvoir pour mener à bien le dégroupage.LDCOM insiste également sur le fait que l’affaire du dégroupage est une bataille de retardement menée par France Télécom, car, “chaque mois qui passe, c’est cinquante mille clients qui optent pour l’offre DSL de France Télécom et non pour celles des nouveaux entrants, extrêmement pénalisés”. Courant janvier, l’ART examinera les obligations des détenteurs de licences de boucle locale radio (BLR). Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que tous ne passeront pas l’examen. Et, quand on pose la question à Jean-Michel Hubert, président de l’Autorité, son mouvement d’esquive laisse effectivement penser que ce secteur va connaître une nouvelle restructuration.
Des fréquences à récupérer
Parmi les opérateurs, Broadnet et Landtel vont très probablement être en ligne de mire, car ils sont loin d’avoir effectué les déploiements requis par leur licence. D’ailleurs, l’un d’entre eux pourrait bien se retrouver sous la coupe du Petit Poucet normand, Altitude Telecom.“Nous voulons obtenir une licence d’ici à juin, en Île-de-France”, déclare Jean-Paul Rivière, directeur général d’Altitude Telecom, cité par notre confrère de 01 Informatique. S’il ne rachetait pas l’un de ces deux concurrents, le Petit Poucet demanderait à récupérer les fréquences que l’ART ne manquera pas de retirer aux opérateurs ayant failli.Outre les deux opérateurs régionaux, Squadran (filiale de LDCOM) ne devrait pas être en mesure de remplir ses obligations, ayant récupéré la licence et les engagements de Fortel il y a seulement six mois.FirstMark, de son côté, ne devrait pas avoir de souci pour passer l’épreuve, et son directeur général, Thierry Miléo, avoue qu’il compte même demander à l’ART des fréquences supplémentaires pour certaines zones, qui approcheront certainement la saturation d’ici le milieu de l’année, notamment dans les grandes zones urbaines de Paris, de Lyon et de Marseille.
Les premiers services DSL font leur apparition
Par ailleurs, l’opérateur s’est lancé dans le dégroupage, estimant qu’il “n’y a plus de point de blocage avec France Télécom pour proposer des services sur ligne dégroupée aux PME”. Pour l’heure, les premiers services DSL font aussi leur apparition chez les opérateurs comme Colt, Kaptech ou Siris, mais de manière encore confidentielle. Pendant ce temps, France Télécom annonce qu’il a équipé la moitié de son parc en technologie DSL, soit environ quinze millions de lignes. L’opérateur historique estimait avoir, à la fin 2001, quelque cinq cent mille abonnés DSL.
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