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Halte au spam : bloquez les mails indésirables

Vous êtes assailli de mails publicitaires, de messages vous renvoyant à des sites pornos ? Les spammeurs ont parfois des techniques très agressives pour s’introduire dans votre boîte aux lettres électronique. Mais vous pouvez vous défendre !

“Salut Christophe, comme on en parlait l’autre jour au match de foot, je t’ai retrouvé le site coquin dont voici l’adresse “. Le message d’un proche ? Non, d’autant que vous ne vous appelez pas Christophe et que vous n’aimez pas le foot. Ce message précis, que l’un de nos lecteurs a reçu dans sa boîte aux lettres, est un exemple parmi d’autres de ” spam “, parfois traduit en français par ” pourriel “, contraction entre ” poubelle ” et ” courriel “.Autrement dit, des messages publicitaires, déguisés ou non, qui vous parviennent sans votre accord. Qu’ils vantent les mérites d’un site boursier ou des tarifs imbattables sur des DVD, ces messages indésirables inondent de plus en plus souvent les boîtes aux lettres. C’est d’autant plus agaçant qu’il faut alors trier son courrier, sans compter le temps de téléchargement et le coût de la communication.

Chez Noos, des liens pour adultes

Selon une étude de la Commission européenne, à l’échelle du globe, le spam coûte chaque année aux internautes 10 milliards d’euros en frais de connexion ! Les responsables ? Des sociétés commerciales qui prospectent des clients potentiels, parfois de façon agressive, sans leur demander leur accord.En février dernier, le câblo-opérateur Noos a semé le trouble en envoyant à ses abonnés une lettre d’information déplacée. Dans ce message, le premier lien publicitaire permettait, à partir d’un service de location de vidéos par Internet, de télécharger indirectement des extraits de films pornos gratuits.Certes, il fallait remplir un petit formulaire pour recevoir ces vidéos, mais la démarche a choqué certains parents.“Mes deux enfants de 12 et 14 ans ont reçu ce spam alors que j’avais scrupuleusement renvoyé, le mois auparavant, un formulaire de désinscription, s’agace Alain Bouchon, abonné de la banlieue d’Annecy (Haute-Savoie). J’ai aussi été très irrité par de la pub à peine déguisée pour Disney, incitant les enfants à utiliser un numéro de téléphone à 0,38 e (2,49 F) la minute.”Remplir un éventuel formulaire de désinscription pour ne plus recevoir de publicité ne suffit pas toujours. Les internautes peuvent s’inscrire gratuitement dans le fichier d’opposition du site E-Robinson.com, mis en place par la Fédération des entreprises de vente à distance (FEVAD). Cette base de données, encore en construction, sera accessible aux marchands en ligne désireux de vérifier que le destinataire n’est pas opposé à la publicité.

Votre adresse reste secrète ? Insuffisant !

De façon générale, les professionnels du marketing assurent vouloir respecter l’internaute. Par exemple, le Syndicat national de la communication directe (SNCD) propose une charte de bonne conduite. Ce texte recommande aux marchands en ligne d’envoyer des mails de moins de 30 Ko, sans fichier joint pour éviter les risques de transmission de virus. De plus, l’internaute doit pouvoir supprimer son nom de la liste d’envoi, en cliquant une seule fois sur un lien hypertexte en bas ou en haut du message.Mais le spam reste très rentable. Lorsque les entreprises exploitent leur serveur de messagerie et leur connexion Internet, l’envoi est peu coûteux. Même en passant par des sociétés spécialisées dans l’envoi en masse, comme Xpedite et Imedia, le mailing électronique coûte bien moins cher qu’une campagne par voie postale. Les adresses des internautes sont louées ou achetées à un prix allant de quelques centimes à un euro, en fonction de leur origine.Pour ne rien payer, il est possible d’aspirer les adresses publiées sur Internet grâce à des logiciels particuliers, que n’importe qui peut se procurer. Un autre filon consiste à acheter par correspondance, pour une centaine d’euros, un CD-ROM rempli d’adresses. Très bon marché, l’e-mail abusif touche immédiatement les internautes et fournit des résultats. Avec un envoi de 100 000 mails vantant un site inconnu, il suffit de toucher 1 internaute sur 10 pour faire grimper l’audience.Des spammeurs utilisent aussi des logiciels capables de générer des milliers d’adresses existantes ou non. Ce qui explique que l’on puisse vous contacter même si vous n’avez pas donné votre adresse ! Si le compte est erroné, l’expéditeur reçoit simplement un message d’erreur en retour. Si l’adresse est la vôtre, une réponse de votre part confirmera qu’elle existe.

Le tarif : 2000 euros d’amende

Fort heureusement, une directive européenne est en préparation pour réglementer l’exploitation des adresses. Elle obligera les diffuseurs de messages publicitaires sur le Web à obtenir l’accord préalable de l’internaute avant de le solliciter.
C’est ce que l’on désigne par le principe d’opt-in. Concrètement, l’internaute coche une option du type [je souhaite recevoir des offres promotionnelles de la part de sociétés partenaires] lors d’une inscription en ligne. L’autre solution, appelée opt-out, oblige l’internaute à signaler son refus de tout envoi publicitaire. Elle est soutenue par une majorité de sociétés de marketing.L’opt-in a cependant reçu le soutien des ministres européens. Et déjà, des pratiques déloyales ont été condamnées. Le 15 janvier dernier, le tribunal de grande instance de Paris a infligé une amende de 2 286 euros (14 995 F) à un spammeur. Ses deux fournisseurs d’accès, Free et Liberty Surf, avaient décidé de clore sa connexion Internet suite à des plaintes d’internautes. Estimant son activité légale, le spammeur avait saisi la justice pour obtenir un dédommagement et le rétablissement de sa connexion. Il s’est retrouvé au banc des accusés.

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Didier Castelnau