Le numérique est à l’origine d’un curieux paradoxe. A l’heure où l’entreprise a acquis la conviction que la maîtrise de l’information était un facteur de compétitivité, des questions de droit freinent l’essor de nouveaux services liés à ce fabuleux gisement de potentialités. De fait, les éditeurs de journaux doivent se positionner face à des prestataires de services spécialisés dans le traitement et la diffusion de l’information, activités que le développement d’internet a bouleversées. Certains éditeurs se sont regroupés afin de rédiger une charte précisant les conditions juridiques d’utilisation électronique de leurs contenus. En jeu, la réutilisation de l’information publiée dans leurs médias et la rémunération des ayants droits. Les questions portant sur les informations concernées, les modalités de paiement d’une redevance aux ayants droit, l’organisation de cette collecte, le rôle exact des prestataires de services sont loin d’être tranchées. Mais toutes soulignent une évidence qu’une grande part de notre société de l’information s’obstine à ignorer : l’information gratuite est un leurre ! Les informations accessibles à tout un chacun sur internet sont-elles gratuites pour autant ? Connaît-on, par exemple, le coût des heures passées par les salariés des entreprises à rechercher études ou articles ? Si les entreprises ont déjà pris conscience de la valeur de l’information, elles doivent maintenant considérer cette information comme un investissement. Depuis trois ans, certaines d’entre elles mettent en place sur leur intranet des panoramas de presse pour que leurs collaborateurs reçoivent au moment adéquat des informations indispensables.Ce nouveau marché de l’information constitue un enjeu de taille pour les éditeurs, notamment français, confrontés à une double logique. D’un côté, le potentiel formidable du marché de l’information professionnelle. De l’autre, la concurrence des éditeurs, notamment anglo-saxons, plus avancés en termes d’offre électronique ou celle de services de compilations transversales qui revendront demain une information retraitée. Un accord équitable pour les entreprises, les éditeurs et les prestataires de service doit être trouvé pour mettre en place un nouveau modèle économique de partage de la valeur. Ce système devra garantir la visibilité des sources, la crédibilité, la sélection de l’information, à un coût acceptable pour les entreprises. Trop coûteux ou trop lourd, il risque de ne pas être viable : le manque d’information pousserait les utilisateurs à se tourner de façon autonome vers des outils hétérogènes et à se couper des systèmes d’information internes à l’entreprise.Par conséquent, les ” infomédiaires ” – prestataires de services qui développent des applications de gestion et de diffusion de l’information issue de l’ensemble des médias selon des cahiers des charges précis – doivent jouer leur rôle aux côtés des clients, en s’engageant, si nécessaire et en leur nom, auprès des éditeurs. Des règles claires et acceptées par le plus grand nombre permettront aux prestataires de services d’accompagner les entreprises pour les aider à comprendre, à maîtriser et à exploiter les nouvelles ressources informationnelles.
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