Politique et technologie font décidément mauvais ménage. Il suffit d’avoir suivi les différents débats sur la loi antitéléchargement au Parlement et au Sénat pour s’apercevoir que nos chers élus ne sont pas très à l’aise avec le high-tech. S’ils pensent qu’en verrouillant les réseaux de peer-to-peer (P2P) ils vont supprimer le piratage en France, je crois qu’ils font fausse route. En premier lieu, cette loi Hadopi – qui sera votée quoi qu’il advienne – est inapplicable juridiquement, techniquement et financièrement. Nous vous l’expliquons d’ailleurs avec le plus d’objectivité possible dans ce numéro. En deuxième lieu, il existe aujourd’hui une multitude d’autres solutions pour échanger rapidement et efficacement des fichiers. Partage de fichiers rapide, newsgroups, réseaux privés… Les vrais pirates ont déjà quitté les simples réseaux de P2P pour des solutions plus efficaces, plus sûres et moins en vue du grand public. En troisième lieu, cette loi changera difficilement le comportement de ceux qui téléchargent illégalement. Nous sommes désormais dans l’ère de la surconsommation et de l’immédiat. Musique, films, jeux vidéo, Internet, livres, logiciels, mobiles, BD, journaux… L’offre augmente sans cesse d’année en année, l’envie suit, mais pas toujours le portefeuille. Le téléchargement est entré dans les moeurs comme un crédit illégal à la consommation. Alors, quelle solution pour endiguer simplement et efficacement ce soi-disant mal du XXIe siècle? Avec un peu de bon sens, l’État pourrait par exemple se mettre d’accord avec la communauté internationale pour éradiquer le piratage à l’échelle planétaire et fermer ces serveurs hébergés dans des pays qui sont aussi – comme par hasard – sur la liste des paradis fiscaux. Pour lutter contre le piratage sur Internet, il faut d’abord penser grand, et pas franco-français. Ensuite, il ne serait pas inutile de faire de la pédagogie à tous les niveaux de la société en rappelant le principe de la propriété intellectuelle et de l’oeuvre protégée. Bref, sensibilisons les internautes au lieu de les stigmatiser! Enfin, dernier point et non des moindres: trouvons un juste milieu entre le gratuit «illégal» et le payant «trop cher» en abaissant considérablement le prix de l’offre légale – qu’elle soit à l’unité ou sous forme d’abonnement – pour qu’elle attire le plus grand nombre de consommateurs et leur fasse oublier cette alternative si facile qu’est devenu le piratage.
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