Faut-il encore le signaler : les gamers ont toujours été une communauté bien à part dans les technologies. Pour en savoir plus sur leur comportement, la Hadopi a décidé d’enquêter sur cette population dont les plus fervents se retrouvent actuellement à la Porte de Versailles pour la Paris Games Week.
Le premier constat de l’étude porte sur une activité qui rassemble désormais 79% des Français de 10 à 65 ans. Au vu de ce groupe, il est nécessaire, non pas d’évoquer une communauté, mais de plusieurs groupes aux goûts différents. L’étude en a dénombré plusieurs : les hardcore gamers, les joueurs réguliers et les occasionnels.
Ces groupes sont très différents. Pour les uns, le jeu est une addiction, pour d’autres un loisir ou un passe-temps. Quant aux méthodes de jeux, selon les âges ou la passion, ils jouent sur PC, sur console ou sur appareils mobiles (tablettes ou smartphones).
Reste que, malgré ces différences, ils ont une attitude commune et très majoritairement acceptée : la consommation est très largement licite. Pour l’Hadopi, c’est une bonne surprise au vu des attitudes portant sur les autres bien culturels (musique, films, série TV). Le jeu est donc, pour l’Hadopi, un « bien culturel à part ».
Le « respect du travail » incite à payer
Cette attitude ne provient d’une sorte de soumission à une puissante industrie. Elle se base plus sur la raison et la logique. Pour 48%, c’est le « respect du travail des créateurs » qui incite à l’honnêteté. La garantie d’obtenir un jeu au fonctionnement parfait représente 45%, puis suivent la peur des virus (35%) et la peur d’endommager son PC ou sa console (28%).
Seuls 10% du panel interrogé reconnaissent qu’ils « n’assimilent pas le jeu à une œuvre » et indiquent « ne pas respecter le travail des créateurs. » Pour les autres, les jeux vidéo « impliquent un vrai travail de création » (94%) et 86% des joueurs ont « le sentiment de participer à ce travail en achetant des jeux. »
Et pour éviter ces problèmes, les gamers n’hésitent pas à mettre la main à la poche. La dépense mensuelle des « hardcore gamers » flirte avec les 50 euros et les joueurs réguliers payent 37 euros. Même les joueurs occasionnels ont un budget mensuel à faire pâlir de jalousie les plateformes légales de musique et de cinéma avec plus de 32 euros.
Quant aux systèmes de protection (MTP/DRM) qui protègent les jeux, ils ne sont pas perçus comme un flicage. Au contraire, ils sont acceptés, car compris des utilisateurs qui apprécient leur « discrétion ». C’est en tout cas ce qu’affirme le panel interrogé par l’Hadopi.
La crainte d’être « bannis des réseaux »
Néanmoins, les résultats de l’étude évoquent peu les systèmes de piratage (puce, crack, et téléchargement) qui sont entrés dans les usages des gamers, même s’ils concernent plus particulièrement certains appareils. Mais la crainte d’être « bannis des réseaux » est plus forte que la tentation de resquiller.
Par ailleurs, au vu de la population concernée par cette étude, on ne peut oublier qu’une importante partie des personnes qui disent respecter le droit pour les jeux ne le respectent ni pour la musique, ni pour les séries TV, ni pour les films. Pourtant, les biens culturels sont soumis aux mêmes règles. Peut-être que les labels et majors n’ont pas autant su imposer le respect de leur travail. À l’époque, ils ont soutenu la riposte graduée et son ultime sanction : la coupure de l’Internet.
En la remplaçant par une amende, comme le propose le rapport Lescure, le public deviendra-t-il plus respectueux du travail des créateurs comme c’est le cas dans le jeu ? On peut en douter.
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