Au cœur de l’affaire qui oppose la communauté des hackers et Sony Computer Entertainment America (SCEA), on trouve George Hotz, dit aussi GeoHot, qui est le premier à avoir jailbreaké l’iPhone et à avoir livré la master key de la PS3.
Les derniers rebondissements de l’affaire sont toutefois particulièrement stupéfiants. Alors que la version 3.56 du firmware de la PS3, exclusivement consacrée à la détection des firmwares contrefaits, a été déchiffrée quelques heures seulement après sa sortie par KaKaRoToKs (alias Youness Alaoui), un hacker de la Wii bien connu, et qu’une version custom de ce firmware a été diffusée un peu plus tard, Sony se lance dans une chasse aux sorcières préoccupante.
Certains membres éminents de la team Fail0verflow avaient présenté à visage découvert leur exploit sur la PS3 lors d’une conférence en Allemagne. Mais SCEA va plus loin et se met en tête de poursuivre toutes les personnes associées de près ou de loin à ce hack.
Chasse aux sorcières
Pour ce faire, ses avocats réclament une « procédure accélérée » afin de contraindre GitHub (un site de codage collaboratif utilisé par la team), YouTube, Twitter et PayPal à livrer une foule d’informations sur une liste de personnes dont la firme a relevé les pseudonymes. Parmi les membres de la team Fail0verflow identifiés par Sony, on trouve notamment Waninkoko, KaKaRoToKS, Hermes, Kmeaw ou encore Graf_Chokolo (qui venait d’annoncer avoir rétabli toutes les fonctions Linux, et plus encore, sur PS3). Mais les avocats ne s’arrêtent pas en si bon chemin : SCEA voudrait notamment obtenir l’adresse IP (c’est-à dire à peu de chose près l’identité) de toutes les personnes ayant commenté, ou tout simplement regardé, la vidéo du jailbreak sur YouTube !
Des exigences si disproportionnées que la juge Susan Illston, chargée de l’affaire, déboute totalement SCEA de ses demandes à l’encontre de YouTube, Twitter et PayPal. Les plus curieux peuvent consulter la plupart des documents relatifs à la procédure sur ce site.
SCEA fait une belle bourde
Comme si l’affaire n’était pas déjà assez cocasse, SCEA commet alors une énorme bourde par le biais de Kevin Butler, son porte-parole « virtuel » sur Twitter. Nargué dans un tweet moqueur qui contenait la master key, ce dernier retweete sur-le-champ la clé complète, assortie d’un commentaire qui se veut narquois. Face à l’hilarité générale, « Kevin Butler » finit par effacer le message. La défense de GeoHot osera-t-elle souligner que Sony a lui-même transmis la master key à une partie non négligeable de ses clients les plus fidèles (plus de 72 000 abonnés) ?
GeoHot, un martyr qui a le flow
Qu’ils soient ou non favorables aux actions de GeoHot et de la team Fail0verflow, la plupart des analystes s’accordent à reconnaître que SCEA a commis dans cette affaire une série d’erreurs stratégiques. En faisant de GeoHot un martyr potentiel, et en tentant des manœuvres d’intimidation à l’encontre d’un nombre beaucoup plus grand d’internautes, SCEA risque de pousser ce genre de manœuvre dans les souterrains du net. Cela mettrait alors certes un terme au hacker star system dont GeoHot est le symbole. Mais la communauté des hackers veille, et ses membres sont compétents et familiarisés avec les techniques les plus avancées d’anonymisation sur Internet.
Pour sa part, alors qu’il s’apprête à comparaître devant la justice, GeoHot vient de se fendre d’une nouvelle bravade : une vidéo postée sur YouTube, dans laquelle il montre une facette encore inconnue de son talent. GeoHot provoque ses adversaires par un rap ravageur – usant contre Sony d’une ribambelle de termes fleuris – où il fait preuve d’un sens remarquable de la provocation, mais également de la rime et du flow. En l’espace de deux jours, la vidéo a déjà été vue près de 500 000 fois. GeoHot se reconvertira-t-il dans le hip hop pour payer son amende ? La suite au prochain épisode…
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