Auparavant responsable de la mobilité chez eBay, Henri Moissinac a rejoint Facebook pour prendre la tête des services mobiles il y a un an et demi. Le Français, ancien directeur technique et cofondateur du site iBazar, nous explique les enjeux du mobile pour le réseau social.
01net. : Combien revendiquez-vous d’utilisateurs sur mobile ?
Henri Moissinac : En août dernier, nous comptions plus de 65 millions d’utilisateurs uniques sur téléphone mobile [Facebook comptabilise au total plus de 300 millions de membres, NDLR]. Nous sommes aujourd’hui au-delà de ces chiffres et désirons être présents sur la presque totalité du globe, que ce soit sur le Web ou sur mobile. Sur ce canal, nous sommes limités là où les terminaux et les marchés data sont peu développés.
Où les services mobiles sont-ils le mieux implantés ?
Les pays émergents sont les plus actifs sur le mobile. En Indonésie, nous n’avions pas d’utilisateurs en 2008. C’est aujourd’hui le deuxième pays en nombre d’utilisateurs connectés à nos services mobiles. 60 % de nos membres indonésiens se connectent aussi bien sur Internet que grâce à leur mobile. En France, où le Web est très déployé, il n’y a à l’inverse que 30 à 40 % de nos membres qui se connectent par l’intermédiaire de ces deux canaux. Facebook est désormais l’une des premiers sources de trafic pour les opérateurs télécoms, ainsi que pour la souscription de forfaits data.
Que font les membres de Facebook depuis leur téléphone mobile ?
Ils mettent à jour le statut, uploadent leur photos, mais d’une manière différente. Sur mobile, les utilisateurs font de l’instantané. On est dans le partage avec des amis. Alors que sur Internet, les membres prennent le temps de retoucher des images avant de les intégrer dans leur album en ligne.
Facebook compte 15 millions de membres actifs depuis l’iPhone. A quand une application sur toute les plates-formes mobiles ?
Facebook for iPhone est certainement l’application la plus aboutie. Il nous est matériellement impossible de développer conjointement des produits équivalents pour tous les terminaux. Nous sommes présents sur les OS mobiles de deux manières : soit en développant une application propre, soit en intégrant en natif des fonctions. Les appareils les plus récents permettent d’exporter dans le répertoire du téléphone les dates d’anniversaire et les derniers statuts en ligne des contacts, qui sont aussi bien dans l’annuaire du mobile que dans le réseau Facebook de l’utilisateur.
Comment se découpe votre offre ?
Sur Android, nous disposons d’un widget sur l’écran d’accueil et d’une application. Sur Symbian, l’application de base est à télécharger depuis la place de marché Ovi. Nous avons aussi créé un widget pour les Nokia « touchscreen », N97 et 5 800. Nous ne sommes pas encore présents sur les Palm. Mais d’ici Noël, nous lancerons notre application sur Palm OS.
Facebook doit en partie son succès aux applications ludiques que l’on peut intégrer à son mur. Pourquoi les versions mobiles ne les proposent-elles pas ?
Techniquement c’est très compliqué à réaliser parce que les applications sont en Flash. Leur développement prend du temps. L’équipe de Facebook mobile est encore une start-up. Nous sommes obligés de nous concentrer sur des services qui soient utiles pour tous nos utilisateurs dans le monde entier. Nous avons fait le choix de développer Facebook Connect for mobile qui permet à n’importe quel éditeur d’intégrer notre service dans ses jeux ou sur son site Web.
Il n’y a pas de publicité sur Facebook mobile. Comment comptez-vous monétiser votre plate-forme ?
A ce stade notre objectif est que l’utilisateur puisse se connecter depuis son mobile. La monétisation se concentre sur le Web pour lequel nous créons des produits publicitaires innovants. Quant au marché de la publicité mobile, il se développe essentiellement en Europe et aux Etats-Unis. Il n’a pas d’intérêt à ce stade puisque nous avons une approche de développement global.
Quelles mesures prenez-vous pour sécuriser les données de vos membres sur mobiles ?
A chaque fois que vous vous connectez à nos applications, on vous demande votre identifiant et votre mot de passe. En natif, sur le carnet d’adresses social, nous intégrons les données en fonction du niveau de sécurité des appareils. Toutes les données ne peuvent être exportées. Sur Blackberry par exemple, vous n’aurez que le profil Facebook de vos contacts, alors que sur Motorola vous pourrez exporter en plus des données sur vos contacts, leurs statuts, etc. La sécurité est importante, mais la chose essentielle pour nous est la rapidité. La lenteur du réseau sans fil peut parfois exaspérer nos utilisateurs.
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