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Guillaume de Charry (Brokers on line): ” Les courtiers ont amorcé le virage de l’épargne de long terme “

Président de Brokers on line, une association qui regroupe 22 sociétes d’e-courtage, Guillaume de Charry évoque le recentrage du secteur sur l’épargne de long terme. Cette dernière, moins spéculative, représente l’avenir des courtiers en quête d’une nouvelle clientèle.


01net. : Effondrement en Bourse des courtiers en ligne, pertes d’exploitation décuplées pour Consors France : quel jugement portez-vous sur la situation actuelle de votre secteur ?
Guillaume de Charry : Sur la question des déficits, je m’étonne qu’on s’étonne. Cela a toujours été annoncé dans la mesure où les uns et les autres se trouvaient dans une phase d’investissement : conquête de clients, mise en place de plates-formes technologiques, développement de nouveaux produits, et pour certains expansion à l’international.Les analystes évoquent la présence d’un trop grand nombre d’acteurs dans le secteur du courtage en ligne français ?Nous dénombrons une quarantaine de courtiers en ligne. Cette arrivée en masse s’explique entre autres par la facilité avec laquelle les structures traditionnelles ont mis en place des outils qu’ils leur permettent de déployer facilement Internet dans leur système de relation client. Au total, c’est beaucoup mais les six premiers détiennent une part de marché très significative.Une concentration des acteurs est-elle prévisible ?Certainement, même s’il l’on ne connaît pas le modèle précis. Un courtier peut avoir envie de s’associer, à condition de vérifier la solidité du fonds de commerce et de pouvoir gérer la convergence technologique.Une autre alternative est la croissance organique, c’est-à-dire l’adossement à des structures plus lourdes : c’est le cas des trois allemands présents en France [Self Trade, Consors, Comdirect, NDLR], ou des courtiers adossés aux grandes banques françaises [Cortal-BNP Paribas, Fimatex-Société générale, CPR Online-Crédit agricole Indosuez, LineBourse-Banques Populaires, NDLR].Inversement, certains courtiers étrangers pourraient aussi privilégier un repli sur leur base et se retirer du marché français.A qui profitera de cette consolidation ?Les brick and mortar sont en position de force pour l’heure, leur stratégie plutôt défensive pourraient profiter aux acteurs intermédiaires. Mais ces derniers ont toutefois des difficultés à lever des capitaux, et doivent donc avoir des critères de rentabilité plus importants.L’effondrement boursier se traduit-il par une baisse du recrutement de nouveaux clients ?Les membres de l’association Brokers on line affichait un taux de croissance de 4,5 % en février 2001, soit la moitié de la croissance précédente. En revanche, la clientèle captée est de meilleure qualité et le taux de fermeture des comptes n’est pas très élevé.La tendance actuelle nous amène sur une croissance pour l’année 2001 de 50 à 60 % du nombre de compte. A la fin de l’année, nous devrions donc atteindre 800 000 comptes au total.D’où provient cette nouvelle clientèle ?On observe un léger vieillissement de la clientèle. Clairement, nous avons fait le plein de la clientèle demandeuse, et nous devons déployer une offre de services et de produits adaptés à un consommateur plus préoccupé par la préparation de sa retraite et l’épargne de long terme. Pour attirer ces derniers, l’adossement à un grand groupe est un avantage non négligeable, même si tous les courtiers en ligne ont déjà amorcé ce virage.Globalement, quels rôles vont jouer les courtiers en ligne dans la création de portail financier ?Si cela se passe comme aux Etats-Unis, les portails financiers seront dominés par les CityBank, les Wells Fargo, les Chase Manathan français. L’information financière côtoiera la météo, des informations locales… Cette réflexion est en cours pour les courtiers en ligne français.Le CMF (Conseil des marchés financiers) a émis des recommandations sur les pratiques des courtiers en ligne. Quelles conséquences en avez-vous tirées ?La clientèle qui est venue à la Bourse, était peut-être plus attirée par le côté ludique que par l’aspect épargne. Conséquence : nous avons changé nos efforts de communication, en proposant par exemple des systèmes de formation.Le modèle économique des courtiers en ligne repose également sur le nombre d’ordres exécutés. Moins de spéculation n’entraîne-t-il pas un manque à gagner pour vous ?Nous avons mis un terme au modèle économique basé sur les comptes en actions. L’épargne traditionnelle forme un mix revenu plus indépendant de la Bourse.Promouvoir des produits d’épargne traditionnelle nécessite de nouveaux investissements en communication. Cela va t-il accélérer la consolidation ?Comme pour le déploiement international des courtiers, cela risque d’être plus difficile pour certains et donc de favoriser la concentration du secteur. Il s’agit toutefois dun effort nécessaire ; tous les grands courtiers américains ont commencé par proposer des Sicav.

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Gérald Bouchez