Passer au contenu

La guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine va coûter très cher à Apple

Jusqu’où peut-on taxer des importations de produits ? Les États-Unis et la Chine veulent en avoir le cœur net, en se lançant dans une course effrénée aux tarifs douaniers déclenchée par Donald Trump. Et Apple est parmi les entreprises qui va en faire les frais.

Les tarifs douanier imposés par Donald Trump aux importations de produits sur le sol américain sont pleinement entrés en vigueur aujourd’hui. Les produits européens sont désormais taxés à hauteur de 20 %, ceux du Vietnam de 46 %, ceux provenant de Taïwan de 32 %… Certains produits sont exclus comme les semi-conducteurs, mais le président américain fait planer la menace.

Un iPhone « made in USA » est-il possible ?

Plusieurs pays sont allés frapper à la porte de la Maison Blanche pour entamer des négociations, d’autres envisagent des mesures de rétorsion contre les produits américains importés sur leur territoire. La réponse européenne est d’ailleurs attendue dans les prochaines heures. Pékin, de son côté, n’a pas tardé à riposter en imposant des droits de douane équivalents (34 %) sur les produits américains, en miroir de ceux décrétés par Washington sur les biens chinois.

Cette réplique a provoqué la fureur de Donald Trump qui, en retour, a ajouté 50 % de tarifs douaniers supplémentaires, soit un total de 104 % (sachant que les produits chinois étaient déjà taxés à hauteur de 20 %). La Chine ne s’est pas démontée, en annonçant aujourd’hui une surtaxe de 50 % sur les importations de biens américains, qui s’appliquera demain, jeudi 10 avril. Soit un total de 84 %.

« La pratique des États-Unis consistant à augmenter les droits de douane contre la Chine est une erreur qui s’ajoute à une autre erreur, portant gravement atteinte aux droits et intérêts légitimes de la Chine et portant un sérieux préjudice au système commercial multilatéral fondé sur des règles », a déclaré la Commission des tarifs douaniers du pays dans un communiqué.

La guerre commerciale est donc bien partie et elle ne fera que des perdants. Apple pourrait bien être le dindon de cette farce sinistre. Le constructeur informatique a certes diversifié sa production en Inde et au Vietnam, mais ces pays sont aussi sujets à la taxe Trump (certes à des niveaux bien moins élevés que la Chine). Et puis la majorité des iPhone reste fabriquée en Chine.

Ce concours de celui qui aura la plus grosse (taxation) provoque une chute continue et brutale du cours de Bourse de l’entreprise, qui a vrillé de plus de 22 % depuis la semaine dernière. Pour éviter de relever trop fort et trop vite les prix de ses produits phare sur son premier marché, Apple a fait importer le plus rapidement possible le plus grand nombre possible d’appareils aux États-Unis.

Lire Un iPhone 16 Pro Max à 2 300 $ ? Le scénario du pire pour Apple avec les droits de douane Trump

Une véritable course contre la montre s’était engagée pour remplir les entrepôts de produits premium avant le 9 avril, que ce soit pour Apple ou pour d’autres constructeurs comme Dell, Microsoft et Lenovo, rapporte Nikkei. La firme à la pomme a aussi fait le plein en puisant dans ses inventaires en Inde.

Tout cela n’est qu’un cautère sur une jambe de bois : les stocks finiront par disparaitre et à moins que Donald Trump revienne à la raison, Apple et les autres devront faire face à la réalité. Autrement dit : refiler la facture aux consommateurs américains pour compenser les tarifs douaniers. C’est déjà le cas pour plusieurs entreprises. Et personne n’est à l’abri d’un coup de sang du président américain. Il a menacé ce mardi de taxer de 100 % les importations de semi-conducteurs (pour le moment exclus des tarifs douaniers) de TSMC, si le géant taïwanais ne construisait pas d’usines aux États-Unis.

Lire Taxes Trump : les prix commencent déjà à augmenter aux États-Unis

La solution, aux yeux de l’administration Trump, est simple : produire aux États-Unis pour éviter les taxes douanières. « [Donald Trump] pense que nous avons la main-d’œuvre, les compétences et les ressources pour le faire », a répondu la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt au New York Times. « Comme vous le savez, Apple a investi 500 milliards de dollars ici, aux États-Unis », a-t-elle ajouté.

Cette somme monstre annoncée en février pour acheter la paix avec Donald Trump (c’est raté) est en trompe l’œil : ces 500 milliards intègrent des engagements passés et pour une grande partie, il s’agit des investissements normaux que le constructeur aurait de toute façon fait aux États-Unis. Et il visait large en comptant aussi la production de contenus pour Apple TV+.

Donald Trump veut réindustrialiser son pays à grand coup de tarifs douaniers. Une gageure aux yeux des économistes les plus sérieux : on ne reconstruit pas un écosystème industriel en claquant des doigts, on ne reconstitue pas un savoir faire d’un coup de menton.

Tim Cook l’avait expliqué en 2017 : la raison pour laquelle Apple fait produire en Chine, ce n’est pas tellement pour le coût du travail (toujours plus bas qu’aux États-Unis), « c’est le niveau de compétence, la concentration de talents dans un même lieu, et la nature même de ces compétences. Les produits que nous fabriquons nécessitent des outils très avancés, une précision extrême, et une maîtrise technologique de pointe. En matière d’outillage, le savoir-faire disponible [en Chine] est particulièrement poussé ».

Apple dévoilera les chiffres de son 2e trimestre fiscal le 1er mai. Ce sera certainement l’occasion pour l’entreprise de donner son ressenti face à la situation économique actuelle.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Mickaël Bazoge