La guerre, ça coûte cher. C’est l’expérience qu’est en train de faire le PDG de SpaceX, Elon Musk. Mis en cause dans un article du Financial Times pour des coupures de service sur le champ de guerre ukrainiens, M. Musk a réagi sur Twitter en expliquant que très peu de terminaux Starlink ont été payés, et que « cette opération a coûté à SpaceX 80 millions de dollars et cette somme devrait atteindre 100 millions d’ici à la fin de l’année ».
En marge de son activité de lanceurs spatiaux réutilisables, SpaceX a commencé à déployer une constellation de satellites de télécommunication. Appelé Starlink, ce service qui permet de se connecter à Internet depuis quasiment n’importe quel point de la terre a eu une influence majeure sur les actions des défenseurs ukrainiens face aux envahisseurs russes. Alors que les Russes ont détruit pour des milliards de dollars d’infrastructures, dont celles dédiées aux communications, les Ukrainiens ont pu déployer soldats et centres de commande ultra rapidement et de manière ultra connectée. Quand les Russes, eux, s’appuient sur des modes de communications obsolètes ou non protégés.
La réaction du patron de SpaceX est corroborée par des documents que M. Musk a envoyé au Pentagone le mois dernier dans lequel il explique qu’il ne peut continuer à investir dans l’usage militaire de Starlink dont profite le gouvernent ukrainien. Elon Musk demande d’urgence que le Pentagone prenne le relai financier d’un service qu’il estime alors à 120 millions de dollars pour 2022 et 400 millions de dollars pour les 12 prochains moins.
Starlink change le temps de bataille
Afin d’étayer ses propos, l’entreprise SpaceX fait détailler par un consultant extérieur les coûts engendrés par l’opération ukrainienne au réseau Starlink. Des rapports comptables étayant le nombre de terminaux, ainsi que les coûts unitaires pour l’entreprise ou encore l’intensité de l’usage du réseau satellitaire.
Au crédit de SpaceX et M. Musk, il n’y aucun doute que l’arrivée de Starlink sur le champ de bataille ukrainien va rester dans les annales de l’histoire de la guerre. Le transit de l’information étant en effet, tout comme la logistique ou le moral des troupes, une pièce maîtresse de l’art de la guerre, devant la puissance de feu brute ou le niveau de telle ou telle troupe. La rapidité et le débit de transfert des informations a notamment permis le pilotage vidéo de troupes, aidant les officiers à mieux guider – et protéger – leurs troupes.
Outre les avancées fulgurantes récentes, qui ont notamment été permises par la grande mobilité des troupes ukrainiennes – mobilité exacerbée par leur possibilité de s’appuyer sur un réseau de communication aussi nomade –, la seconde preuve est les difficultés qu’elles rencontrent quand Starlink est en panne. Selon une source de CNN, les coupures récentes de Starlink « ont affecté tous les efforts ukrainiens de repousser la ligne de front. […] Starlink est le principal outil de communication qu’ont les unités sur champ de bataille ». Et quand le principal outil de communication en temps de guerre se révèle un service non souverain et non maîtrisé, toute coupure devient un cauchemar – nul doute qu’on suit ça de près à l’École de Guerre française.
Musk is Musk
Ukraine-Russia Peace:
– Redo elections of annexed regions under UN supervision. Russia leaves if that is will of the people.
– Crimea formally part of Russia, as it has been since 1783 (until Khrushchev’s mistake).
– Water supply to Crimea assured.
– Ukraine remains neutral.
— Elon Musk (@elonmusk) October 3, 2022
Le souci pour M. Musk dans ces coupures et ce « réveil » quant aux coûts associés tient, encore une fois, dans des propos qu’il a tenu sur Twitter (qu’il n’a toujours pas racheté !). À contre-pied de son attitude clairement pro-ukrainienne, M. Musk a surpris le monde en publiant un sondage proposant de nouvelles élections dans les zones contestées ainsi qu’un rattachement définitif de la Crimée à la Russie.
De plus, si SpaceX paye bien une partie de la facture des transmissions, les chiffres communiqués de 500 dollars/mois concernent un service de type professionnel alors que les terminaux pourraient se satisfaire de débits grand public à 60 dollars/mois. Finalement, SpaceX n’a pas payé pour la totalité des 25 000 terminaux déployés en Ukraine : très loin de là. Selon les chiffres de CNN, 85% des terminaux ont été payés, en tout ou partie, par des pays amis de l’Ukraine. Le principal soutien de ce pays dans ce domaine étant la Pologne qui a acheté pas moins de 9 000 terminaux.
Peut-être que, à l’instar du deal avec Twitter, M. Musk essaye de se désengager de sa position initiale de défenseur de la liberté. Cela lui a bien réussi avec la Chine : après son « référendum » Twitter sur l’Ukraine, M. Musk a pris position dans une interview pour la « réunification » de la Chine avec Taïwan – alors que Taïwan est un État souverain. Cela lui a valu une explosion des ventes en Chine, comme rapporté par le Financial Times. Business is business ?
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Source : CNN
“Taïwan est un État souverain”
Non 01net je suis désolée Taïwan n’a jamais été un état souverain , c’est la République de Chine pas Taiwan 🐸
Eh bien si Taïwan est un état souverain tout comme la Chine. N’en déplaise aux chinois qui souhaitent l’absorber et y détruire la démocratie