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Guerre des semi-conducteurs : Pékin demande aux entreprises chinoises de ne plus se fournir chez Nvidia

Les autorités chinoises auraient recommandé aux entreprises locales de cesser d’acheter des semi-conducteurs estampillés Nvidia : un moyen de faire gagner des parts de marché aux fabricants de semi-conducteurs locaux, et de s’affranchir en partie des restrictions américaines. Mais en pratique, les sociétés chinoises continueraient d’acheter des puces américaines.

Nouvel épisode dans la guerre des semi-conducteurs qui oppose Washington à Pékin. Selon Bloomberg vendredi 27 septembre, la Chine demanderait à ses entreprises de ne plus s’approvisionner en puces avancées chez Nvidia. Le pays inciterait les sociétés chinoises à privilégier les fabricants locaux de semi-conducteurs, une mesure qui s’inscrit dans la volonté des autorités chinoises de desserrer l’étau des sanctions américaines qui ralentissent les avancées technologiques du pays.

La Chine demanderait concrètement aux entreprises locales de ne plus acheter de puces H20 de Nvidia, utilisées pour développer et entraîner les systèmes d’IA. Il s’agirait pour l’instant d’une recommandation et non d’une interdiction pure et dure, rapportent des sources de nos confrères qui n’ont pas souhaité être identifiées. L’objectif de Pékin ne serait ni de paralyser les entreprises chinoises, ni de s’opposer frontalement à Washington.

La compétition-guerre technologique avec la Chine

Mais le pays souhaiterait préparer ses entreprises à un éventuel durcissement des restrictions américaines, tout en leur donnant un coup de pouce. Ces nouvelles « préconisations » pourraient permettre aux fabricants de puces chinois comme Huawei et Cambricon de gagner des parts de marché. Cette mesure s’inscrit dans la tentative du pays de créer, de A à Z, une chaîne de production des puces électroniques locale, en réponse aux sanctions américaines.  L’administration Biden a lancé depuis octobre 2022 une série de mesures pour tenter de couper la Chine de semi-conducteurs, ces composants indispensables à la fabrication de nos smartphones et au développement de l’IA, en utilisant notamment l’arme juridique des contrôles aux exportations.

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Ces derniers mois, les autorités chinoises auraient publié des « window guidance », des recommandations n’ayant pas force de loi, afin que les entreprises locales réduisent leur recours à Nvidia, détaillent nos confrères. Mais selon les sources de Bloomberg, les autorités chinoises tolèrent encore que les entreprises locales achètent des puces Nvidia, si cela leur permet de développer les « meilleurs systèmes d’IA possibles ». Depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022, les puces du fabricant américain Nvidia sont devenues des composants indispensables au développement de systèmes d’IA générative : des éléments achetés en masse par tous les géants du secteur, y compris chinois.

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Interrogé par Bloomberg, le directeur général de Nvidia, Jensen Huang, a expliqué qu’il faisait de son mieux pour servir ses clients chinois, tout en restant dans les limites imposées par le gouvernement américain. Début janvier, Pékin avait déjà demandé aux géants locaux de l’automobile électrique de s’approvisionner en puces chinoises. Une réponse au durcissement des mesures prises par les autorités américaines, qui, quelques mois plus tôt, exigeaient que Nvidia ne vende plus aucun semi-conducteur avancé aux entreprises chinoises. Le fabricant américain avait alors modifié certaines de ses puces pour pouvoir continuer à les vendre à ses clients chinois, tout en respectant les restrictions de Washington. De leur côté, plusieurs géants locaux de la technologie comme ByteDance et Tencent ont stocké massivement des puces Nvidia avant l’entrée en vigueur des contrôles aux exportations.

Le double jeu de certaines entreprises chinoises

Autre mesure prise par Pékin pour contrer les restrictions américaines, le pays investit massivement dans ses entreprises pour qu’émerge une filière des semi-conducteurs « autosuffisante ». Et si, pour l’instant, les puces locales restent bien en deçà des puces de Nvidia, la Chine dispose désormais d’un secteur de l’IA en plein essor, notent nos confrères.

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Selon le média anglophone South China Morning Post, Huawei aurait ainsi commencé à tester un nouveau semi-conducteur haut de gamme (destiné à l’IA). Début septembre, la Chine annonçait que sa dernière machine de lithographie par immersion pouvait atteindre une résolution de 65 nanomètres, rapportait CNBC. De quoi constituer un progrès, puisqu’en 2022, le pays expliquait avoir fabriqué une machine permettant de graver des semi-conducteurs de 90 nanomètres, contre 10 nanomètres pour les machines d’ASML, le leader mondial des machines de fabrication de puces.

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Selon l’une des sources de Bloomberg, certaines entreprises chinoises joueraient un double jeu. D’un côté, elles chercheraient à s’approvisionner en puces Nvidia avant un possible durcissement des restrictions américaines. Mais officiellement, elles achèteraient aussi des puces Huawei, pour répondre aux demandes de Pékin.

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