« Des mesures de contrôle les plus strictes jamais adoptées par les États-Unis » contre la Chine ? Ce lundi 2 décembre, Washington a durci pour la troisième fois depuis octobre 2022 ses règles en matière d’exportations de semi-conducteurs à destination de Pékin. Selon Reuters, l’administration américaine va ajouter à sa « liste des entités » – une liste noire – 140 entreprises chinoises, dont Huawei et Semiconductor Manufacturing International Corporation. Ces dernières ne pourront plus exporter certains semi-conducteurs et certains équipements de fabrication de ces composants en Chine.
Pour la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, ces nouveaux contrôles, annoncés depuis des mois, sont « révolutionnaires et radicaux » :
« il s’agit des mesures de contrôle les plus strictes jamais adoptées par les États-Unis pour réduire la capacité de la République populaire de Chine à fabriquer les puces les plus avancées qu’elle utilise dans le cadre de sa modernisation militaire », a-t-elle souligné ce lundi, citée par le Financial Times.
Concrètement, les nouvelles restrictions viseront, outre les 140 sociétés chinoises directement désignées par l’administration américaine, les entreprises qui, dans le pays, souhaitent exporter :
- des puces à mémoire à large bande passante (HBM), indispensables à l’entraînement d’outils d’intelligence artificielle,
- 24 outils de fabrication de puces et trois logiciels de conception de semi-conducteurs,
- des équipements de fabrication de puces fabriqués à Singapour, en Malaisie, en Israël, en Corée du Sud et à Taïwan.
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Les sociétés étrangères aussi concernées… sauf ASML et Tokyo Electron
Ce durcissement des règles devrait impacter les entreprises américaines de semi-conducteurs, mais aussi celles situées dans certains pays alliés des États-Unis. À chaque fois qu’une technologie américaine est utilisée dans un processus de fabrication d’un semi-conducteur, aussi infime soit elle, les restrictions américaines imposent aux sociétés américaines et aux entreprises étrangères localisées dans des pays alliés de Washington, de passer par un système d’autorisation d’exportation (une licence) de l’administration américaine.
Cette procédure est systématiquement refusée lorsqu’il sera question d’une société chinoise ou d’un produit visé par les restrictions aux exportations américaines.
À noter que selon Reuters, les nouvelles restrictions qui concernent les fabricants d’équipements de semi-conducteurs ne s’appliqueraient pas au Japon et aux Pays-Bas, qui en seraient exemptés. Les deux pays, qui abritent le néerlandais ASML et le japonais Tokyo Electron, auraient déjà intégré dans leur législation respective des restrictions similaires, après des négociations qui ont duré des mois.
Un épisode qui intervient avant le retour de Donald Trump
En octobre 2022 puis en octobre 2023, le pays a utilisé ses règles aux exportations pour entraver le développement technologique de la Chine. Il s’agit donc d’un troisième durcissement, qui intervient quelques semaines avant le retour au pouvoir de Donald Trump. Le futur président américain devrait poursuivre la politique de restriction de Joe Biden en la matière.
Depuis deux ans, Washington cherche en effet à couper l’approvisionnement de semi-conducteurs dans le pays, officiellement pour éviter que Pékin ne développe des applications miliaires ou qu’il menace la sécurité nationale des États-Unis, sur fond de compétition technologique. De son côté, la Chine cherche à d’affranchir de sa dépendance aux technologies étrangères, en développant sa propre industrie de puces électroniques.
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Réagissant à ce nouveau durcissement, Lin Jian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré, cité par Reuters, qu’un tel comportement portait atteinte à l’ordre économique international. Il a ajouté qu’il allait perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales.
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