GTS, qui avait été l’un des nouveaux entrants les plus boulimiques du marché, n’aura donc pas survécu au retournement de la conjoncture. Déjà, il lui avait fallu se séparer de ses activités en Russie, regroupées sous la marque Golden Telecom. Il avait également dû céder sa participation dans le câble optique transatlantique Flag à son exploitant Flag Telecom. Il s’était aussi séparé de ses activités Business Services, qui regroupaient les services téléphoniques longue distance et d’accès Internet pour les petites et moyennes entreprises.Ces activités lui avaient été apportées, comme on sait, par l’acquisition du français Omnicom, du britannique Esprit Télécom et de plusieurs autres jeunes pousses allemande, néerlandaise et scandinave. Elles se continuent aujourd’hui dans dix pays européens avec plus de 100 000 clients, dont 25 000 en France, sous le nouveau nom de Ventelo, qui, par clin d’?”il, entend exprimer le vent de changement qui souffle aujourd’hui sur les télécommunications.Restaient les activités de GTS en Europe centrale (République tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie et Roumanie) ainsi que le réseau dorsal paneuropéen 10 Gbit/s de plus de 25 000 km, issu du rachat de l’ancien réseau de la recherche Ebone. Ce double reliquat avait été regroupé début 2001 dans GTS Europe Holdings BV, sous la direction de Duncan Lewis, auparavant directeur du développement chez Equant BV.GTS Central Europe avait des résultats satisfaisants avec un chiffre d’affaires de 25,1 millions d’euros au premier trimestre 2001, en progression de 135 % en un an. Il n’en était pas de même hélas pour Ebone et ses services large bande pour les grandes entreprises et les opérateurs. Au premier trimestre 2001, leur chiffre d’affaires avait été de 100,3 millions d’euros, en progression de 2 % seulement en un an, et en recul de 3 % par rapport au quatrième trimestre 2000.Mais surtout, GTS Europe Holdings continuait d’être endetté d’environ 435 millions d’euros. Une recapitalisation s’imposait d’urgence.
Racheté pour 645 millions d’euros
Deutsche Bank, Dresdner Bank et Bank of America ont bien voulu lui accorder un crédit relais de 300 millions d’euros, mais seulement jusqu’en mars 2002. Parallèlement, la division Central Europe a été mise en vente, mais sans trouver de repreneur.Finalement, c’est la solution du rachat par KPNQwest, pour 645 millions d’euros, qui a prévalu. Rachat qui devrait prendre effet d’ici le début du mois de mars prochain, comme par hasard.GTS Ebone apporte à son repreneur un portefeuille clients de quelque 4 000 entreprises et de près de 150 opérateurs télécoms et fournisseurs de services. Il lui apporte également des points de présence dans dix villes et trois pays supplémentaires. L’entreprise fusionnée totalisera donc plus de 48 000 clients en Europe et une capacité d’hébergement de 55 000 m2 dans 24 villes.GTS apporte aussi à KPNQwest quatre réseaux métropolitains, sans compter bien sûr une présence dans les marchés à fort potentiel que représentent les pays d’Europe centrale et orientale. “Ce rachat est une excellente nouvelle pour les deux sociétés, a commenté Christophe Lahaye, directeur des ventes Europe du Sud d’Ebone. Nous pourrons jouer les premiers rôles dans la révolution Internet en Europe.”Le retournement de la conjoncture n’avait cependant pas empêché Ebone de remporter récemment plusieurs très beaux contrats. Il s’est ainsi vu confier le VPN IP européen de Real Media, en remplacement d’une solution Frame Relay beaucoup trop rigide. Ce VPN interconnecte ses neuf sites du Vieux Continent (Lausanne, Genève, Londres, Madrid, Paris, Hambourg, Munich, Zurich et Stockholm). En réalité, Ebone a fourni à Real Media une solution intranet, extranet et Internet complète, incluant la gestion des pare-feu, le secours RNIS, la prioritarisation du trafic et l’accès Internet.Real Media prévoit en outre de centraliser toutes ses applications métiers dans le data centre d’Ebone à Genève, mettant ainsi fin à l’ancienne réplication de ses serveurs dans ses différents sites d’implantation. Précisons que les services de réseaux privés virtuels IPsec d’Ebone sont fournis par des commutateurs de traitement de services IPSX 9000, de Cosine Communications.Ebone a également été retenu par Lycos Europe, leader des portails Internet en Europe, pour interconnecter en large bande ses trois sites de Paris, Essen et Stockholm, et leur fournir une connectivité IP vers certains de ses clients. Ce contrat de plusieurs millions d’euros a été signé pour trois ans. Il inclut la gestion des performances réseaux en temps réel. Lycos Europe, qui prévoit de fournir une solution de portail clés en main pour les entreprises, a retenu Ebone pour sa couverture européenne et ses capacités streaming media.Pour sa part, KPNQwest avait réalisé au 2e trimestre 2001 un chiffre d’affaires de 229,9 millions d’euros, en croissance de 117,5 % en un an. 117,9 millions provenaient des services de communication (+ 87,3 % en un an), et 52 millions des ventes d’infrastructures, contre 10,7 millions un an plus tôt. Grâce au boom de ces ventes, l’Ebitda était donc positif pour la première fois (15,1 millions d’euros). Son réseau 15 300 km dessert 41 villes et trois Mega Cybercentres (Munich, Londres et Paris). (www.ebone.com) (www.lycos-europe.com) (www.cosinecom.com) (www.kpnqwest.com) (www.realmedia.com) (www.gts.com).
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