En Rhône-Alpes, l’innovation en informatique et télécoms est fortement déséquilibrée. D’un côté, il y a Lyon, qui fédère les éditeurs de jeux vidéo ?” Infogrames, Electronic Arts, Eden Studios, etc. ?”, regroupés autour de Lyon Game, et les éditeurs de logiciels autour de l’association Lyon Infocité (cent sociétés). De l’autre, Grenoble, l’énorme capitale française de la microélectronique, des nanotechnologies, des télécoms et des logiciels embarqués. Un constat d’autant plus avéré depuis l’annonce de la construction de la nouvelle usine prototype de Crolles. Laquelle bénéficie d’un fabuleux investissement de 1,59 milliard d’euros d’ici à 2005, consenti conjointement par Motorola (30 %), Philips (30 %) et TSMC (10 %), sous la houlette de STMicroelectronics (30 %). Objectif de ce projet : “Mutualiser nos ressources scientifiques en technologies SOI ?” silicium sur isolant ?”, CMOS, et en technologies de production pour concevoir ensemble la prochaine génération des puces nanométriques sur des wafers (tranches de silicium) de 300 mm de diamètre, explique Denis Griot, directeur général de Motorola SPS pour l’Europe. Avec cette nouvelle taille de wafers, nous fabriquerons de deux à deux fois et demie plus de puces sur une même tranche.” Selon Hervé Mingam, directeur de programme au Centre de recherche de STMicroelectronics, le numéro trois mondial du secteur, “il va s’agir de SOC (System on Chip), de systèmes électroniques complets, à la fois numériques et analogiques, sur une seule puce pour les applications grand public très porteuses, comme les téléphones portables ou les DVD…”
Synergies entre la recherche et les entreprises
Le choix de Grenoble ne doit rien au hasard. “La ville marie micro et nanotechnologies avec le logiciel pour les applications embarquées, souligne Bernard Espiau, directeur de l’Inria Rhône-Alpes à Montbonnot, près de Grenoble. Le pôle de recherche s’appuie notamment sur le réseau Minatec (micro et nanotechnologies ; 150 millions d’euros de financement public) et le Léti (Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information du CEA), l’un des trois plus importants d’Europe pour la microélectronique. Et aussi sur l’Inria et l’Imag (Institut de mathématique avancée de Grenoble) pour le logiciel.” Le transfert de technologie est, quant à lui, assuré via l’essaimage de start up comme Acticm, Alditech, Nanolase, Opsitech, Soisic ou Temento Simulog à partir du CEA-Léti, Asterop ou Simulog à partir de l’Inria, ou encore comme Memscap et PHS Mems à partir de l’INPG-Tima.Autre projet structurant, l’IdeasLab, hébergé par le CEA : un laboratoire à idées ?” on y retrouve France Télécom R&D, HP et STMicroelectronics ?”, qui planche sur de nouveaux concepts de produits ?” lunettes de réalité virtuelle, téléphonie sans fil, etc. ?” et de services. “L’idée est de réussir l’UMTS là où le WAP a échoué “, précise Benoît Meyronin, chargé de mission à l’Agence régionale du numérique.Malgré ce dynamisme, la plupart des acteurs estiment qu’il n’y a pas pour autant de rivalité exacerbée avec le pôle lyonnais. “Ce qui profite à l’un profite à l’autre. Les acteurs locaux travaillent de plus en plus en réseau. En témoignent les deux rencontres entre porteurs de projets et capital-risqueurs, baptisées 4i à Grenoble ?” tous les ans en mai ?” et Capital Link en octobre à Lyon. Cela multiplie les chances de succès “, affirme Pierre Carde, directeur de Lyon Infocité.
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