Décidément, personne ne veut être qualifié de web agency. Le terme est considéré comme trop réducteur aux yeux des sociétés de services Internet. Ainsi, Orange Art affirme être à la fois une web agency et plus que cela. Il est vrai que l’histoire de cette jeune entreprise diffère à plus d’un titre de celle des sociétés qui ont fait florès sur le créneau de la création numérique et interactive.
Tout a commencé en 1995, lorsque Gilles Reale et Grégory Quignon-Fleuret, alors âgés de 23 ans et amis depuis la maternelle, décident de mettre en commun leurs compétences. Gilles Reale, fou de voile, est aussi un ” génie de l’organisation, un maniaque des process “, aux dires de Grégory qui se qualifie, lui, plutôt de ” créatif “.
Une entreprise différente, humaine et créative
Ils rencontrent un ” surdoué de l’informatique “, Jérémie Engel, âgé de 22 ans. Ce dernier avait réalisé un CD-ROM pour Coca-Cola, mais ne savait pas le vendre. Il leur propose donc de le commercialiser en échange de la moitié de la vente. Le CD-ROM n’a jamais été vendu… mais ce premier pas donne naissance à la société !” Notre idée était de créer une société qui allierait la créativité d’une agence de publicité à la maîtrise des nouvelles technologies, raconte Grégory Quignon-Fleuret. Nous voulions surtout créer une entreprise différente, humaine et créative “.Gilles Reale vend alors sa voiture, Grégory et Jérémie empruntent chacun 20 000 francs. Les trois larrons installent leur bureau dans une pièce d’appartement et créent leur société. Nous sommes en janvier 1996. Ils choisissent un nom ” trop ringard pour être répété “, mais qui ne pourra être conservé en raison de l’existence d’une société homonyme.Il faut pourtant baptiser la société… L’idée d’un nom de fruit les séduit, non seulement en référence à Apple, mais encore parce que le concept est facile à représenter graphiquement. Ils choisissent donc Orange. Et, pour éviter une consonnance un peu trop ” pub “, ils y ajoutent Art. La société est enfin née et baptisée.
Une stratégie qui privilégie le long terme
Ils feront un chiffre d’affaires de 1 million de francs pour leur premier exercice, ” mais sans pouvoir se payer “, précise Grégory Quignon-Fleuret. Par l’intermédiaire d’agences de communication, ils développent des sites pour des clients tels que la SBF, Cap Gemini, EDF, le Crédit Lyonnais… Ils conçoivent les sites, leur ergonomie, et vont jusqu’à leur mise en ligne. L’équipe s’étoffe progressivement d’experts multimédia, aussi jeunes et motivés que les fondateurs.” A ce stade, nous ne voulions pas rester des sous-traitants des agences, mais avoir nos clients en propre “, poursuit Gregory Quignon-Fleuret. Sitôt dit, sitôt fait. Lexmark et Cegetel figurent parmi les premiers ” vrais ” clients. Pour accompagner la multiplication des projets et ne pas perdre son âme, Orange Art choisit d’avoir peu de clients, mais de privilégier le long terme. Choix qui s’avère aujourd’hui payant.En 2000, le groupe Orange Art devrait réaliser un chiffre d’affaires de 50 millions de francs, contre 15 millions en 1999. A la fin de l’année, l’effectif atteindra 150 personnes. En 1999, deux levées de fonds ont rapporté 15 millions de francs. La start-up a fait des petits, avec sept enfants aux noms aussi évocateurs que Mandarine, Pulp Solutions… (voir encadré ci-dessous).
Ambition : 350 millions de francs de CA en 2002
La société prévoit de s’introduire en Bourse, sur le Nouveau Marché, à l’automne prochain et a réservé 10 % de son capital en stock-options pour le personnel. Déjà implantée à New York, elle prévoit de poursuivre son internationalisation en 2001 : Amsterdam, Londres, Munich et Madrid.Les investissements consentis ont grevé les bénéfices de 1999 et 2000, mais la société a été bénéficiaire en 1997 et 1998, et prévoit de le redevenir en 2001. Son objectif est ambitieux : atteindre 350 millions de francs de chiffre d’affaires en 2002 avec un effectif de 650 personnes.A cette échelle, Orange Art saura-t-elle garder son âme ?
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