Présenté à la Biennale d’art contemporain de Montréal à l’automne 2000, le site Revenances ( www.revenances.net) est la dernière création de Grégory Chatonsky. A 29 ans, de sites en CD-ROM, cet artiste donne au support multimédia ses lettres de noblesse. Il travaille avec l’artiste Reynald Drouhine, grâce au soutien financier du CICV (Centre international de création vidéo).Revenances raconte une histoire de fantômes : une femme accompagne dans l’au-delà un homme qu’elle a aimé et lui parle… Vous êtes invité à vous promener en leur compagnie dans un espace en 3D : cinquante chambres, modélisées d’après des pièces réelles, toutes meublées d’un lit et d’une chaise. Pour naviguer dans ce site, pas besoin de cliquer ! Vous vous rapprochez des objets et entrez en contact avec eux en faisant simplement glisser la souris. Le principe : une zone d’interactivité est insérée dans une image et il suffit de passer dessus pour déclencher une action. Cette technique, courante dans les jeux vidéo, exprime ici une métaphore amoureuse : le glissement de la souris se fait caresse, permettant d’aller dans l’au-delà à la rencontre de l’être aimé. Le site joue également avec les règles classiques de l’ergonomie sur Internet. Dans un site portail, la priorité est à la rapidité et à l’information. Dans Revenances, les liens sont cachés, les chambres se ressemblent : l’internaute est donc obligé de prendre son temps, en quête d’une émotion artistique.Se rêvant d’abord peintre, Grégory se tourne, à 18 ans, vers l’installation vidéo et découvre l’informatique : “Avec un Amiga 2000, à l’époque, on pouvait déjà faire du son et de la vidéo pour peu d’argent !” Ce n’est pas un fanatique des gadgets numériques : il dissèque la technique pour la mettre au service de son imaginaire. En sept ans, il a conçu une dizaine de sites (dont ceux de la Villa Médicis et du Centre Beaubourg). En 1999, il remporte le prix Möebius pour un CD-ROM consacré à la Shoah, réalisé avec d’anciens déportés : durant trois ans, il intègre séquences vidéo, photos, images de synthèse, musique… en travaillant selon une méthode documentaire : “Je récolte plein de matériaux bruts, que je classe par thèmes sur des CD numérotés et dûment catalogués, grâce à un logiciel. Au début, c’est le chaos, et puis tout ça s’affine et finit par devenir plastiquement cohérent !” En véritable artiste, explorant un nouveau support, Grégory Chatonsky travaille le virtuel au corps, comme une matière.
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