On se croirait revenu cinq ans en arrière. Souvenez-vous. A l’époque, les industriels livraient bataille pour être à la pointe de ce que chacun pensait être le standard universel des années à venir : le CD-ROM. Les prix des lecteurs étaient exorbitants et les vitesses dérisoires par rapport à ce que nous connaissons actuellement.Mais les standards évoluent. Aujourd’hui, c’est sur le terrain du DVD que le combat a lieu. En première ligne : Panasonic. Le fabricant a annoncé, en début de semaine, l’arrivée, courant septembre aux Etats-Unis, du DMR-E10, un graveur de DVD de salon. Branché à un téléviseur, ce produit enregistre, sur un DVD-RAM, de la vidéo (films, émissions de télé ou autres) en qualité numérique. Et, comme il y a cinq ans, les prix atteignent des sommets. L’appareil est vendu 3 999 dollars, soit 30 000 francs environ. Et quand un CD-R vierge coûte dix francs à peine dans le commerce, le prix d’une galette de DVD est fixée à 34,99 dollars par Panasonic, soit 250 francs environ.
Entre une et quatre heures de vidéo au format numérique
Selon le constructeur nippon, le développement d’un lecteur-enregistreur de DVD coûte cher, mais prend surtout beaucoup de temps. En effet, l’enregistrement de données sur un DVD-RAM nécessite un encodeur-décodeur MPEG-2 capable de graver sur un disque optique en temps réel. Une technologie longue à développer, mais prometteuse. Car, à terme, le DVD a pour vocation de supplanter certes le CD-ROM, mais également la cassette vidéo. Autant dire que le marché potentiel justifie pleinement la guerre qui se prépare.Le graveur de Panasonic, dont la fonction originelle est d’être branché à une télévision, peut également être connecté à PC pour y transférer des données vidéo. Une fonction intéressante pour faire, notamment, de la retouche d’images. A l”inverse, de la vidéo enregistrée sur un PC puis copiée sur un DVD peut être lue sur le DMR-E10.En fonction du taux de compression, le DMR-E10 peut enregistrer entre une et quatre heures de vidéo sur un DVD-RAM. Concrètement, plus le temps d’enregistrement est court, plus le taux de données est élevé, meilleure est la qualité. Il existe en fait trois modes d’enregistrement. Le mode XP enregistre 60 minutes de vidéo, le mode SP 120 minutes et le mode LP 240 minutes. Pour autant, Panasonic indique que la définition d’une vidéo de quatre heures reste supérieure à celle d’une cassette utilisée dans les magnétoscopes. L’honneur est sauf !
Enregistrer à l’infini sur un même DVD, sans perte de qualité
Le DMR-E10 dispose, en sus, de tous les avantages des lecteur de DVD ” classique “, comme la sélection d’un moment du film, le choix d’une langue, des sous-titres, et surtout une garantie de la pérennité du support en terme de qualité, contrairement à une cassette vidéo. Il devient donc possible d’enregistrer et de réenregistrer un film, une émission ou quelque séquence vidéo que ce soit provenant d’une chaîne classique, du câble ou du satellite, sans perte de qualité.En ce qui concerne l’enregistrement du son, le DMR-E10 enregistre uniquement en Dolby Digital 2.0, un format identique à celui du VHS. Autrement dit, il n’y a pas de différence sonore avec les cassettes vidéo achetées en grande surface. Mais vous pourrez vous adonner à la joie du numérique en ce qui concerne la lecture du DVD-RAM. Ainsi, un film sur DVD, acheté ou loué, et regardé sur l’appareil Panasonic, délivre un son Dolby Digital et Surround, identique à celui des salles de cinéma. Pour ce faire, vous devrez être muni d’un ampli ainsi que de plusieurs enceintes. Enfin, le DMR-E10 fait aussi office de lecteur de Video-CD (VCD) et de CD-audios.Quant aux pirates, ils n’auront pas la partie facile. En effet, cet appareil reconnaît la protection de copie Macrovision et enregistre uniquement les supports dotés de cette norme.
Une croissance exponentielle pour un marché extraordinaire
Comment se profile le marché des enregistreurs de DVD ?
Le DMR-E10, présenté comme un produit grand public, est vendu 30 000 francs. La question est de savoir si les courbes des ventes vont se comporter de la même manière que celles des lecteurs-enregistreurs de CD.En clair, à quand la démocratisation des graveurs de DVD ? A quand un graveur de salon vendu 5 000 francs ? Aux dires des industriels, la croissance des ventes de lecteurs de DVD semble être exponentielle, plus encore que celle connue avec les lecteurs-graveurs de CD. Des prévisions qui devraient permettre aux fabricants, en toute logique, de lancer une production en série et d’effectuer, de fait, des économies d’échelle. Au final, le consommateur devrait donc trouver assez rapidement chez les revendeurs des enregistreurs de DVD bon marché.Parallèlement à ces questions de coût, une bataille de format se livre en coulisse.
D’un côté, Toshiba, Hitachi et Panasonic militent pour le DVD-RAM, une galette réinscriptible à l’infini. De l’autre côté, Philips et Sony souhaitent imposer leur DVD+RW. Inconvénient, ce format n’est réinscriptible qu’une seule fois. Au milieu, Pioneer et Sharp développent le DVD RW, un format similaire DVD+RW.L’avenir semble donc appartenir au DVD. Car qui, aujourd’hui, est en mesure de le concurrencer, qu’il soit RAM ou RW ?
Ironie du sort, notre bonne vielle technologie du disque dur pourrait bien lui donner du fil à retordre. De nombreux projets, pour certains finalisés comme la LuxStation, permettent d’enregistrer plus de 30 heures de vidéo sur un disque de 40 Go. Et ce pour 3 000 francs. La partie nest donc peut-être pas tout à fait gagnée.
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