La caractéristique initiale d’internet était sa gratuité et la liberté totale qu’il offrait pour y faire circuler l’information. C’est du moins ainsi que le conçoivent Jeremy Blampain et Liliane Palut. Selon leur thèse développée dans Résistance sur internet, ces éléments sont menacés. Un certain nombre de firmes cherchent à faire payer l’accès au net et des instances de contrôle du contenu se mettent en place.Le livre appelle les utilisateurs à soutenir les opposants à cette évolution, comme les célèbres ” hackers “, même si leurs intentions sont parfois criminelles. Si le livre décrit bien les considérants techniques de la situation, son parti pris idéologique est, en revanche, réducteur. Les auteurs opposent les ” gentils universitaires “, qui mettent gratuitement le savoir à disposition du peuple, aux ” méchants capitalistes ” qui ne rêvent que de profit et d’abêtissement des masses, sans voir que les ” gentils universitaires ” sont financés par le contribuable.De même, le problème de la liberté d’expression dépasse le cas du web et le contrôle annoncé ne signifie pas forcément oppression mais souvent protection contre la calomnie, le mensonge ou la dépravation. En revanche, si la toile représente une révolution dans la diffusion de l’information, de la même ampleur que celle que représenta en son temps l’imprimerie, il comporte une capacité répressive que n’avait pas l’imprimerie. Or les auteurs ne l’évoquent pas, oubliant le pouvoir de dénonciation de la machine : l’important n’est plus le quoi mais le qui. Avec le net, on peut connaître les centres d’intérêts de tous les internautes et, mieux, les ficher. C’est probablement là le véritable enjeu que le livre ignore, obnubilés que sont les auteurs à vouloir dénoncer une fois encore le Kapitalisme (avec un grand K).
*Professeur à l’ESCP
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